Les membres de l'ONG Le Congo n'est pas à vendre

La coalition « Le Congo n’est pas à Vendre » (CNPAV) s’inquiète du processus d’appel d’offres lancé par le gouvernement congolais pour les blocs pétroliers et gaziers. Dans un rapport publié ce mercredi, elle craint que ce processus n’entraîne la RDC dans un nouvel endettement au lieu de lui apporter les recettes escomptées.

Des failles majeures dans le processus

La CNPAV pointe plusieurs faiblesses dans le processus d’appel d’offres, similaires à celles qui ont déjà coûté cher au pays par le passé. Elle dénonce notamment le manque de transparence et d’informations sur les blocs mis en vente, l’insuffisance de données géologiques pour attirer les investisseurs et le contexte global défavorable aux énergies fossiles.

« Dans le cadre de Dig Oil, la RDC a été condamnée à payer 619 millions USD seulement par le fait que la RDC n’avait pas approuvé le contrat de Dig Oil et à cette phase là rien n’est encore exploité, rien n’est encore fait on est en train de payer Dig Oil pour rien par notre faute et nous sommes déjà endettés à ce niveau-là et aussi dans le cadre de bloc pétrolier 1 et 2 du Graben Albertine où le permis avait expiré autant que le permis de Total dans le bloc 3, mais pour ce bloc déjà le permis expiré, le gouvernement accepte de donner à la société Ventora de Dan Gertler la somme de 240 millions USD; ça signifie déjà que aujourd’hui pendant que les choses n’ont même pas encore commencé, nous sommes autour de dettes de plus de 900 millions USD. Tel que ce processus a commencé maintenant, sans doute que nous allons vers un endettement », a expliqué Maître Jimmy Munguriek Ufoy, membre de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre ».

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Des pertes colossales déjà subies

La coalition rappelle que la RDC a déjà perdu plus de 910 millions USD à cause de l’opacité et des irrégularités dans l’attribution des blocs pétroliers. Elle cite notamment le cas de Dig Oil, pour lequel le pays a été condamné à payer 619 millions USD sans même avoir exploité le moindre gisement.

Signature du contrat de production des blocs gaziers et pétroliers par le gouvernement de la RDC
Image d’illustration : Signature du contrat de production des blocs gaziers et pétroliers par le gouvernement de la RDC

Un risque d’endettement accru

La CNPAV redoute que le processus actuel n’aboutisse au même type de scénario. Elle craint que les investisseurs sérieux ne se manifestent pas et que le pays se retrouve à négocier avec des spéculateurs prêts à lui faire miroiter des promesses illusoires.

« Parce que les sociétés majors ne vont pas venir pour exploiter le pétrole, ceux qui vont venir seront des spéculateurs qui vont chercher à acheter à moins cher pour revendre à plus cher ou encore pour garder ça comme on l’a fait avec Dig Oil ou avec Dan Gertler. Ils les gardent et puis ils demandent au gouvernement, remboursez-moi le temps que j’ai passé ici avec des investissements qu’on ne sait pas évaluer et on cherche à récupérer ça. Ce sont des problèmes sérieux que nous avons relevés dans cette analyse. Nous avons voulu attirer l’attention du gouvernement et des opérateurs pétroliers, de la société civile et de la population congolaise pour qu’ils sachent qu’il y a un risque sur lequel le gouvernement est censé réellement travailler avant de prendre la décision d’exploiter ou non les hydrocarbures en RDC », a poursuivi Maître Jimmy Munguriek Ufoy.

Appel à la prudence et à la renégociation

La coalition appelle le gouvernement à suspendre le processus d’appel d’offres en cours et à le renégocier en profondeur. Elle exige notamment une plus grande transparence, des études géologiques approfondies et une prise en compte des enjeux de la transition énergétique.

Présentation des appels d’offres de blovcs pétroliers et gaziers du Lac Kivu (archives infocongo.net)

Un contexte global défavorable aux énergies fossiles

La CNPAV souligne que le monde se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables et que les énergies fossiles perdent de leur attractivité. Elle estime que la RDC risque de se retrouver avec des blocs pétroliers invendus sur les bras si elle ne s’adapte pas à cette nouvelle donne.

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Le rapport de la CNPAV met en lumière les risques importants que la RDC encourt en poursuivant l’exploitation de ses hydrocarbures. Il appelle à une réflexion approfondie sur la stratégie énergétique du pays et à une gestion responsable de ses ressources naturelles. Lire aussi : Le gouvernement congolais signe le contrat de « partage de production » de deux blocs gaziers du lac Kivu – Infocongo

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