Bukavu

La population du Sud-Kivu a largement respecté l’appel à la ville morte décrété par la société civile, ce mardi 28 décembre, pour s’opposer aux éventuels accords autorisant l’entrée de la police rwandaise à Goma.

La quasi-totalité des boutiques et magasins étaient fermés, tandis que plusieurs écoles ont renvoyé les enfants à la maison, la plupart d’enseignants étant absents.

Aux marchés de Kadutu, Nyawera et Feu-rouge, seuls quelques étalages étaient achalandés, les dépôts étaient fermés. « Nous vivons au taux du jour, voilà pourquoi nous avons étalé nos marchandises malgré le mot d’ordre », a déclaré un vendeur à la place Feu-rouge.

Le Sud-Kivu paralysé après l’appel à une journée ville morte

La société civile du Sud-Kivu a évoqué plusieurs raisons pour cette journée ville morte :

« Nous avons organisé cette journée ville morte pour exprimer notre désaccord par rapport aux éventuels accords qui ramèneraient les polices étrangères et les armées étrangères pour soi-disant sécuriser la population congolaise. Nous disons qu’il est important d’entretenir notre police, d’entretenir notre armée, parce qu’elles sont capables de nous sécuriser. Nous avons organisé aussi cette ville morte parce que nous sommes contre la balkanisation de notre pays », a déclaré Adrien Zawadi, président du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu.

Ainsi, dans plusieurs villes du Sud-Kivu, la population a suivi l’appel à la journée ville mort pour s’opposer à un projet de déploiement de policiers rwandais.

Pour rappel, mi-décembre, un mémorandum d’entente signé à Kigali par les chefs des polices du Rwanda et de la RDC a désigné Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, comme lieu de déploiement des policiers étrangers notamment rwandais, pour une meilleure coopération transfrontalière afin de lutter contre divers trafics.

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Manifestations meurtrières

Le 20 décembre, une manifestation contre la criminalité et contre la supposée présence des policiers rwandais à Goma, démentie par les autorités, a causé la mort de 4 personnes

Ce mardi 28 décembre, la manifestation a été largement saluée et bon nombre la qualifient de réussite.

« Le mot d’ordre a été respecté, ici tous les magasins ont été fermés. Il n’y avait pas d’activité », témoigne Hippocrate Marume, président de la société civile de la commune de Kadutu.

« J’ai répondu au mot d’ordre de la société civile. On nous a dit que c’est pour dire non à l’entrée de la police rwandaise à Goma », explique Bisimwa Flavien, un commerçant au marché de Nyawera.

Mot d’ordre respecté aussi par les institutions bancaires et leurs agences qui n’ont pas fonctionné.

Néanmoins, le trafic était presque normal, bus, taxis et motos ont circulé librement dans la ville. « La ville morte a eu lieu mais ça ne me concerne pas », dit un conducteur de moto à Bukavu. En dehors de Bukavu, les activités commerciales ont été paralysées dans le territoire d’Uvira mais également à Fizi, où la population est restée enfermée dans la maison pour dire non à la balkanisation. Lire aussi: Goma : la journée ville morte s’est transformée en manifestations meurtrières