Munitions d'armes légères

La société d’armement turque Atesci a pris d’assaut le paysage congolais en investissant des dizaines de millions d’euros dans la firme locale Afridex. Leur objectif ? La production de divers calibres de munitions, à partir du mois de juillet.

Des techniciens turcs, envoyés par Atesci, s’affairent sur le site de l’Africaine d’explosifs à Likasi (Haut-Katanga). Ils installent de nouvelles lignes de production de munitions, grâce au matériel expédié depuis la Turquie via le port tanzanien de Dar es-Salam.

En 2024, Atesci, basée à Ankara, a rejoint la joint-venture Afridex, détenue par l’État congolais et le géant chinois Norinco, en investissant près de 50 millions d’euros. Sous la direction de l’amiral à la retraite Baudoin Liwanga Nyamunyobo, ancien chef d’état-major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le consortium prévoit de produire des calibres variés : du 5,56 mm au 81 mm, ainsi que des obus de 105 à 152 mm.

Fusil mitrailleur avec munitions (ph droits tiers)

Ces munitions seront destinées aux FARDC, engagées dans des combats contre le groupe rebelle M23 et les forces de défense Rwandaise dans l’est du pays. Kinshasa cherche ainsi à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de matériel militaire.

Un nouveau chapitre en Afrique pour l’armement

L’offensive industrielle d’Atesci ne se limite pas à la RDC. Dirigée par Selçuk Özdemir, la firme turque nourrit de grandes ambitions sur le continent africain. Déjà présente au Soudan, en Namibie et en Afrique du Sud, elle a tenté sans succès de s’implanter au Nigeria avant de se tourner vers le Kenya en 2022.

Pour rappel, cette collaboration s’inscrit dans le cadre d’accords de coopération sécuritaire signés en février 2022 entre les présidents Félix Tshisekedi et Recep Tayyip Erdogan. Outre le volet formation, équipement et financement, un des accords portait sur la production commune d’armes, de munitions et de matériel militaire.

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Entre-temps, sur le terrain, cette coopération entre Kinshasa et Ankara s’est depuis traduite par de nombreux dons de matériel au profit des FARDC, notamment des armes légères, mais également par un partenariat renforcé avec la Police nationale congolaise (PNC). Lire aussi : Et si la RDC bombardait à son tour l’aéroport international de Kigali au Rwanda ? – Infocongo

Joint-venture aux implications géopolitiques

La joint-venture entre la société d’armement turque Atesci et la firme congolaise Afridex a des implications géopolitiques significatives. En effet, cette collaboration renforce les liens entre la Turquie et la RDC. Elle témoigne de l’intérêt croissant de la Turquie pour l’Afrique et de sa volonté d’étendre son influence dans la région.

Par ailleurs, l’entrée d’Atesci sur le marché congolais des munitions met en concurrence d’autres puissances étrangères déjà présentes dans la région. Cela pourrait susciter des réactions de la part d’autres pays fournisseurs d’armes.

Drone de fabrication Turque qui équipe l’armée Ukrainienne (ph droits tiers)

En revanche, la production locale de munitions permet à la RDC de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’équipements militaires. Cela renforce son autonomie et sa capacité à répondre à ses besoins de sécurité.

Notons que la joint-venture Afridex est également détenue par le géant chinois Norinco. Cette collaboration pourrait renforcer l’influence de la Chine dans la région, en particulier si elle facilite des transferts de technologie ou des échanges militaires.

En plus, la production de munitions destinées aux FARDC pourrait contribuer à la stabilité dans l’est du pays, où des groupes rebelles comme le M23 sont actifs. Une meilleure capacité de défense de la RDC pourrait entraîner des répercussions positives sur la sécurité régionale.

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En somme, cette joint-venture représente un mélange complexe d’intérêts économiques, stratégiques et sécuritaires, avec des implications qui s’étendent au-delà des frontières congolaises. Lire aussi : La Chine propose ses avions de combat à l’armée congolaise – Infocongo