Femmes déplacées internes en RDC

Les femmes enceintes déplacées du site de l’Institut supérieur pédagogique (ISP) de Bunia, dans la province de l’Ituri, ont exprimé leur souhait de voir la nouvelle Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, s’impliquer activement pour améliorer leur accès aux soins de santé. La nomination d’une femme au poste de Premier ministre par le Président de la République pourrait contribuer à résoudre les multiples difficultés humanitaires qu’elles rencontrent.

Judith Suminwa Tuluka premier ministre RDC
Judith Suminwa Tuluka Premier ministre de la RDC

Lors d’un entretien accordé à nos confrères de Radio Okapi, la présidente des femmes déplacées, Aimerance Madasi, a souligné les défis auxquels elles font face : le manque de vivres, d’installations sanitaires, de kits d’hygiène et d’abris, dont la plupart sont dégradés. La vie des femmes sur le site est devenue extrêmement difficile, avec une augmentation des cas de malnutrition. Cependant, elles gardent espoir et sont déterminées à agir.

Aimerance Madasi a également constaté que le nombre de femmes enceintes sur le site ne cesse d’augmenter. Certaines d’entre elles accouchent même dans des conditions précaires faute de moyens financiers pour se rendre à l’hôpital. Ces femmes appellent également à une amélioration de la sécurité, afin de pouvoir retourner dans leurs milieux d’origine.

La province de l’Ituri compte actuellement plus d’1,9 million de déplacés, majoritairement des femmes, répartis dans 64 sites, selon les rapports des humanitaires.

Quelles sont les autres priorités pour ces femmes déplacées ?

Les femmes déplacées en Ituri font face à de multiples défis humanitaires. Outre l’accès aux soins de santé, voici quelques-unes de leurs autres priorités :

Justice et guérison pour les victimes de violences sexuelles : Le conflit interethnique en Ituri a entraîné des centaines de décès, des abus graves des droits de l’homme, notamment des actes brutaux de violence sexuelle, et le déplacement de plus d’un demi-million de personnes dans toute la région d’Ituri et les provinces voisines.

Distribution de vivres aux déplacés de Goma
Distribution de vivres aux déplacés de Goma

L’ONG Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI) gère le centre médical Karibuni Wa Mama à Bunia, où les survivantes de violences sexuelles reçoivent des soins physiques et psychologiques.

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SOFEPADI, fondée il y a 20 ans par 24 femmes à Bunia, s’engage pour la paix, l’autonomisation des femmes et les droits de l’homme. Elle a également pris en charge les soins médicaux des victimes de violences sexuelles et sexistes, une activité précédemment menée dans la région par Médecins sans frontières.

Conditions de vie décentes : Les femmes vivent souvent dans des sites de déplacement surpeuplés et des abris précaires, ce qui accroît le risque de violence sexiste, de grossesses non désirées, de complications obstétriques non traitées et de décès maternels.

Par exemple, le camp de déplacement de Kigonze s’étend sur des kilomètres dans la province d’Ituri2.

Sécurité et retour dans leurs milieux d’origine : Les femmes déplacées souhaitent une amélioration de la sécurité pour pouvoir retourner dans leurs communautés d’origine.

La province d’Ituri compte actuellement plus d’1,9 million de déplacés, majoritairement des femmes, répartis dans 64 sites, selon les rapports des humanitaires1.

Ces priorités sont essentielles pour améliorer la vie des femmes déplacées et garantir leur dignité et leur bien-être.

Comment la première ministre peut-elle agir concrètement pour les aider ?

La Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, peut prendre des mesures concrètes pour aider les femmes déplacées en Ituri. Voici quelques suggestions : Allocation de fonds et soutien financier :

La Première ministre peut allouer des fonds spécifiques pour répondre aux besoins immédiats des femmes déplacées. Cela inclut l’accès à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation.

Elle peut collaborer avec des organisations locales et internationales pour mobiliser des ressources financières et garantir que ces fonds atteignent directement les femmes dans le besoin.

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Amélioration de l’accès aux soins de santé : Judith Suminwa Tuluka peut travailler avec le ministère de la Santé pour renforcer les infrastructures médicales dans les zones de déplacement. Elle peut également encourager la mise en place de cliniques mobiles ou temporaires pour fournir des soins prénatals, des vaccinations et des soins de santé essentiels aux femmes enceintes.

Sensibliser sur les droits des femmes

Sensibilisation et éducation : la cheffe du gouvernement congolais peut lancer des campagnes de sensibilisation sur les droits des femmes et l’importance de l’accès aux soins de santé, elle peut promouvoir l’éducation sexuelle et reproductive pour les femmes déplacées, afin qu’elles puissent prendre des décisions éclairées concernant leur santé.

Sécurité et protection : elle peut travailler avec les forces de sécurité pour garantir la sécurité des femmes déplacées, mais aussi encourager la mise en place de patrouilles de sécurité dans les camps de déplacement et les zones vulnérables.

Par ailleurs, pour la réintégration et le retour dans leurs milieux d’origine, la Première ministre peut collaborer avec d’autres ministères et organisations pour faciliter le retour des femmes déplacées dans leurs communautés d’origine.

Elle peut soutenir des programmes de réintégration qui offrent un logement, une formation professionnelle et des opportunités économiques.

En agissant sur ces fronts, la Première ministre peut apporter un changement significatif dans la vie des femmes déplacées en Ituri et ailleurs sur le territoire national. Lire aussi : RDC : Les personnes vivant avec handicap dans les camps de déplacés, oubliés de la crise – Infocongo