RDC/Belgique : le Roi Philippe II, presque en terrain conquis

Ils ont fidèlement respecté la consigne. « Nous aurons une séance de travail demain avec le Roi des Belges. Soyez bien habillés », avait demandé mardi dans un tweet le speaker du Sénat Modeste Bahati à ses collègues de la Chambre haute, comme un maître d’école à ses élèves pour la visite du sous-Préfet.

Ce mercredi, les élus congolais étaient tous sur leur trente et un au Palais du peuple, avec costume-cravate sur mesure, souliers vernis et cocardes assortis comme à la messe du dimanche pour écouter religieusement le discours du Souverain belge à ses anciens affidés de l’ancienne colonie.

Le Bureau de l’Assemblée nationale attend le discours du Roi des Belges

Depuis sa descente d’avion hier en début d’après-midi, le Roi des Belges et sa nombreuse suite sont l’objet d’une attention particulière de la part de l’establishment politique congolais. Le couple présidentiel congolais a fait personnellement le déplacement de l’aéroport de N’djili pour accueilli ses hôtes de marque. Il n’est pas jusqu’au Président de l’Assemblée nationale lui-même, qui a affrété des bus pour acheminer plus de 350 députés de la majorité sur le tarmac de l’aéroport pour ovationner le couple royal belge. « Le Roi tenait à saluer chacun d’entre nous », a déclaré pince-sans-rire le Président Christophe Mboso, alors que les médias proches du régime rivalisent d’ingéniosité pour trouver le vocabulaire le plus dithyrambique pour célébrer les retrouvailles belgo-congolaises.

Lundi soir sur les antennes de la chaîne française France24, un élu belge d’origine congolaise Bertin Mampaka, avait bien décrit le contexte des nouvelles noces entre Bruxelles et Kinshasa, en traitant le Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi comme « un gamin des rues de Bruxelles ». Ce qu’il avait omis de dire, est que ce gamin « de rue » a grandi depuis, et dirige un pays potentiellement riche au cœur de l’Afrique, et est devenu du coup, un solide prétendant à des acquisitions immobilières dans les riches banlieues de Bruxelles. Et donc quelqu’un à prendre au sérieux, et à cajoler dans le sens du poil.

Militants de l’UDPS, du PALU et de l’AFDC avec drapeaux au Palais du Peuple

Dans son allocution devant le Congrès ce mercredi, le Roi des Belges est déjà assuré d’un public sous le charme et tout acquis à la moindre de ses paroles. Il n’aura pas à craindre le moindre dérapage sur le passif colonial de son pays, sur le travail forcé imposé par ses ancêtres, sur les mains coupées des forçats du caoutchouc, encore moins sur la dépossession du Portefeuille de l’Etat congolais en 1960.

Lire :  Kinshasa accueille le dialogue politique UE-RDC

Toute l’attention des élus congolais étant focalisé sur le nouveau narratif de pardon, de réconciliation et de relance de la coopération.  Une coopération pour laquelle une enveloppe de 250 millions d’euros sur 5 ans à été annoncée, comme une distribution des bonbons et des biscuits à des élèves qui se sont montrés sages devant leur Préfet de discipline.

Prévue pour durer six jours, le périple royal sera certainement un long fleuve tranquille comme au temps du voyage de « Bwana kitoko » Baudouin Ier à la fin des années 50 dans sa riche colonie. La seule étape désagréable risque d’être celle de Bukavu, où le Souverain pourrait être confronté à la vraie réalité congolaise, au cours de l’entretien prévu avec le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, qui lui, n’a pas l’habitude de chanter avec les loups. Lire aussi: RDC/Belgique : Kinshasa officiel s’est coupée en quatre pour l’accueil du Roi Philippe II