José des Chartes Menga

La presse congolaise est en deuil avec la disparition de José des Chartes Menga, décédé lundi 8 février, à la clinique St Gaspard de Kisangani. Selon ses proches, il est mort des suites d’une maladie dont il a souffert pendant quelques mois.

José des Chartes Menga Mbula est l’un de meilleurs journalistes que la ville de Kisangani ait connu, témoignent quelques journalistes de Bunia en Ituri, ou de la Tshopo, et de la RDC en général.

Né le 3 mai 1974 à Kisangani, après ses études primaires, il a décroché son diplôme d’Etat au Collège Maele en section littéraire, avant d’entreprendre ses études universitaires en sciences politiques à l’université de Kisangani.

Fort de ses connaissances littéraires, il a combiné ses études avec le journalisme.  Dans les années 93, il a fait ses premiers pas à la RTNC, avant de rejoindre la Radiotélévision Amani de l’Archidiocèse de Kisangani à sa création en 1995. Alors qu’il y assumait les fonctions de rédacteur en chef, il a également presté comme correspondant de la BBC.

Journaliste talentueux

Journaliste talentueux, il sera l’un des deux premiers journalistes recrutés par la Radio Okapi en février 2001 à Kisangani, peu avant le lancement de son signal le 25 février 2002.

José Menga a travaillé dans plusieurs rédactions de la Radio Okapi à travers le pays. A Kinshasa, à Goma et tout dernièrement à Bunia où il assumait les fonctions de secrétaire de rédaction, poste qu’il a occupé durant plusieurs années avant la fin de son contrat en juin 2019. 

En reporter chevronné, il a réalisé plusieurs reportages pendant les moments difficiles, notamment à Bunia dans l’Ituri au plus fort de la guerre interethnique dans les années 2003.

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Il a été également au front médiatique de Goma lors de la guerre du M23 de Laurent Nkunda, en 2009.

La Radio Okapi se souviendra encore longtemps de lui. Jose des Chartes Menga laisse derrière lui une grande famille.

Voici dans les lignes qui suivent le témoignage de Léonard Mulamba, journaliste chevronné et un des patrons de la rédaction de Radio Okapi, sur José des Chartres Menga :

José des Chartes Menga range sa plume

Il était et demeure l’un des meilleurs reporters de Radio Okapi au temps de la splendeur de la radio onusienne. José des Chartes Menga Mbula est décédé des suites d’une maladie le matin de ce lundi 8 février 2021 à Kisangani. Il a signé certains des reportages les plus osés et les plus mémorables de Radio Okapi.

A commencer par août 2002, en pleine guerre civile de l’Ituri, José était déjà dans la braise. Parti de sa rédaction à Kisangani,  il débarque à Bunia. Sa seule arme, son téléphone satellitaire de la MONUC. Pas encore de contingent onusien à Bunia. Juste quelques 5 observateurs militaires, sans armes. Pas de studio de Radio Okapi qui ne commencera à fonctionner qu’en août 2003.

Les massacres de l’Ituri, entre principalement Hema et Lendu, ont été annoncés au monde par ce journaliste, José des Chartes Menga qui signera des reportages pathétiques sur les horreurs qui se commettaient en Ituri. ONG et institutions internationales sont ainsi alertées de l’étendue de la tragédie qui se déroulait sans témoins dans cette partie de la RDC.

Autre fait, le professeur Ntumba Luaba est pris en otage par le Chef Kawa à Mandro en août 2002.  José Menga qui est sur place alerte sur Radio Okapi le monde sur la prise en otage du ministre congolais des Droits humains. C’est encore par José que Ntumba Luaba, revenu à Bunia,  lance des appels pathétiques pour les négociations de paix pendant que la guerre fait rage dans Bunia. Radio Okapi avait dû interrompre à cet effet le cours de ses émissions pour passer en direct le ministre Ntumba Luaba. Et à la manœuvre, l’intrépide José.

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Au front pour informer ses auditeurs

Plus tard, alors que les combats de différentes milices rivales se déroulaient autour du petit Quartier Général de la MONUC-Bunia et les détonations déchiraient mes casques à la Rédaction centrale à Kinshasa où je me trouvais, j’ai dit, par responsabilité professionnelle, à José des Chartes Menga qui passait en live sur notre antenne : « Arrête et mets-toi à l’abri ». Il se mit juste en dessous de la table…

Par ailleurs, parti de Mbandaka un mois plus tôt, à bord d’un convoi de 8 bateaux commerciaux venant de Kinshasa, José signe, tout au long du voyage, des reportages sur les mille facettes de la RDC, avec des tracasseries de toutes sortes.

Quand le convoi jette l’ancre dans le port de Kisangani le 2 août 2003 en présence de William Lady Swing, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MONUC, signant ainsi le rêve onusien de réunifier ce pays, José me dit au téléphone :

« Léonard, faire 1000 kms de Mbandaka à Kisangani pendant un mois, avec mille barrières et contrôles, c’était dur. J’ai même pris du poids. Mais j’avais joué mon rôle, rôle de journaliste, celui d’informer, d’être la Voix de tous ces Congolais en lambeaux de ces villages riverains, enclavés et pris en otages par la guerre et dépouillés par toutes les armées et milices passant par là... »

Un journaliste congolais, un vrai, comme j’en connais peu en RDC s’en est allé. Il part avec son sourire, sa joie de vivre, sa belle voix radiophonique ainsi que sa maîtrise des règles du métier et de la langue française qui rendaient ses papiers crédibles et beaux à écouter…Va en paix, cher ami. Tu auras tout prouvé.

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Léonard Mulamba