Kitenge Yezu

La disparition inopinée du Haut Conseiller Kitenge Yezu ouvre une large brèche dans le dispositif politique du Président de la République Félix Tshisekedi.

Vu d’ailleurs, Kitenge Yezu était comme le Mazarin, ou encore mieux, ce que le Cardinal de Richelieu était auprès du Roi Soleil Louis XIV. Pour faire plus lisible, on pourrait dire qu’auprès du Chef de l’Etat congolais en exercice, il était comme feu Katumba Mwanke auprès de Joseph Kabila, les affaires en moins.

Le président Félix Tshisekedi et Kitenge Yezu

Formé à la dure école de Mobutu Sese Seko, Kitenge Yezu était un vétéran de la politique, telle que conçue et pratiquée sous les tropiques, donc dans le style « malheur aux vaincus ». Sous Félix Tshisekedi, novice en matière des « combinazione » tropicales, il a eu tout le loisir de mettre son expérience accumulée durant de longues années.

L’aggiornamento sur la Cour constitutionnelle et les principales instances judiciaires, c’est lui. Le basculement inattendu de la majorité parlementaire et la décapitation de ses têtes FCC, c’est encore lui. Tout comme les secousses sismiques à la tête de certaines provinces stratégiques du pays jusque-là encore arrimées à l’ancien régime.

Mazarin des tropiques

Sorti de la moule mobutiste, sans atomes crochus avec la « talibanie » traditionnelle de l’UDPS, feu Kitenge Yezu avait aussi très peu de choses à avoir avec les écuries des anciens amis de bistrots de Bruxelles ou de Londres, qui hantent aujourd’hui les couloirs du Palais de la Nation. A l’instar de son pendant sécuritaire François Beya dans le cercle hétéroclite présidentiel, Kitenge Yezu était un des rares à ne pas se laisser attirer par la frénésie affairiste qui caractérise certains, si pas la plupart des proches collaborateurs du Chef de l’Etat.

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Dans la construction et la mise en forme de l’union sacrée, c’est encore lui qui a apporté les matériaux lourds, des hommes et des femmes qui pèsent leur poids en politique, et dont la défection de leur famille initiale du FCC, a causé le plus de dégâts. Un chantier que sa mort laisse inachevé, puisqu’il s’apprêtait à doter sa propre création d’une charte politique.

A tout prendre, il sera difficile pour Félix Tshisekedi, de se trouver un autre architecte de son envergure, pour parachever son écosystème politique, lui qui rêve de deuxième mandat. Lire aussi: Kitenge Yezu tire sa révérence