Immondices et dépotoirs à Kinshasa

A Beni dans le grand nord, 1300 détenus de la prison de Kangbayi se sont fait la malle dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 octobre, à la suite d’une attaque de la maison carcérale par un commando des présumés islamistes de l’Adf, muni de groupes électrogènes et de chalumeaux.         Lire: Évasion spectaculaire à la prison centrale de Beni (Nord-Kivu)             

Cette attaque-surprise s’est déroulée dans une ville que l’on dit hautement militarisée par les Fardc, appuyées par des troupes de la Monusco supposées défendre les populations civiles. Cerise sur le gâteau, on apprend qu’un contingent militaire se trouve à quelques mètres de la prison qui a été visitée.                                   

Prison centrale de Beni, porte béante aptrès l’évasion des détenus

Beni, c’est aussi la deuxième ville de la province du Nord-Kivu après Goma son chef-lieu, où venait de séjourner il y a à peine deux semaines le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, protégé à l’occasion, par un impressionnant dispositif militaire fait de blindés, hélicoptères d’attaque, et des commandos avec armes d’assaut et habillés de pied en cape comme des hommes débarqués de la planète Mars.

Commando en guenilles

Mais voilà qu’un groupe de combattants Adf, certainement dotés d’armes hétéroclites et en guenilles est parvenu sans coup férir en prendre la prison, à libérer les prisonniers, parmi lesquels des égorgeurs de la pire espèce, des coupeurs de route, des demandeurs de rançon. Évidemment, d’ici quelques heures, un communiqué officiel nous apprendra que les agresseurs lourdement armés, étaient supérieurs en nombre, et ont eu recours à des méthodes de guerre asymétrique.

N’empêche qu’avec cette évasion massive des prisonniers dangereux et rompus au terrorisme, tout est de nouveau à refaire dans cette partie du pays, où de nombreuses années de sacrifices de nos forces armées, semblait avoir ramené un semblant de calme. Avec ce renfort de plus de 1300 de ses éléments, tout indique que les rebelles ougandais de l’Adf et leurs supplétifs congolais auront de nouveau des beaux jours devant eux.                          

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Un pays qui part en lambeaux  

Le drame qui vient de se dérouler à Beni, peut être considéré comme une nouvelle illustration de la déliquescence de l’Etat et de l’incurie de ses dirigeants passés et actuels.                                

L’impression dominante est que les dirigeants du pays à l’échelle national sont plus focalisés sur la préservation de leurs intérêts personnels que sur l’intérêt général.         

Alors qu’à Kinshasa, les parieurs politiques sont occupés à miser sur le ticket gagnant dans la guerre de la Cour constitutionnelle, des pans entiers du pays se désintègrent de manière continue.

La classe dirigeante congolaise, le malheur de tout un peuple

A travers les territoires du pays, la rentrée scolaire a du mal à démarrer, faute d’une gratuité précipitée et mal pensée, l’insécurité qui semble avoir acquis droit de cité dans des villes comme Lubumbashi, où les voleurs ne se contentent plus de voler, mais trouvent plus sympathique d’exterminer leurs victimes, des enquêtes de police ou de justice annoncées avec fanfare mais qui n’aboutissent pas, et ailleurs, des Gouverneurs de provinces, certains en conflits avec les lois de la République, mais qui continuent à s’afficher auprès des autorités officielles.                         

Pendant ce temps à Kinshasa, les dignitaires politiques de la coalition au pouvoir s’échangent des quolibets, se choisissent chacun ses propres juges, voire ses officiers généraux, et passent le gros de leur temps à se donner des coups sous la ceinture.