DG de l'ODEP

L’interpellation de Vital Kamhere et sa mise en détention provisoire est une victoire pour la démocratie et celle du peuple, pense Floribond Muteba Tshitenge, président de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP).

Muteba Tshitenge a soutenu, jeudi 9 avril, que cette décision de la justice est un aboutissement d’un combat que l’Observatoire de la dépense publique a mené depuis longtemps :

« Hier (mercredi) était une journée historique en RDC, parce que c’est pour la première fois, dans l’histoire de notre pays, qu’une personnalité de ce niveau est interpellée et on lui demande de rendre compte sur sa gestion. Pour nous, c’est la victoire de l’Etat de droit, la victoire de la démocratie, la victoire du combat que nous menons depuis des années pour améliorer la gouvernance économique et financière dans ce pays. C’est la victoire de la société civile et de la population, qui par ces contrôles citoyens, ont comblé le déficit qu’il y avait par rapport au contrôle institutionnel ».

Son de cloche différent à Beni

Pendant que l’ODEP se réjouit de cette mise en arrêt provisoire du directeur de cabinet du chef de l’Etat, à Beni, au Nord-Kivu, les militants et sympathisants de son parti exigent par contre sa libération.

Ce vendredi 10 avril, l’UNC Beni a laissé entendre que l’arrestation de son présidant national demeure plus politique que Juridique. Tout en déplorant la politisation de la justice, son interfédéral à Beni CT Kalimuli demande aux auxiliaires de justice de faire preuve de bonne  conscience et foi :

 « C’est la politique qui prime dans ce dossier, quelque chose que nous ne saluons pas malheureusement, l’objectif ce sont les élections de 2023, ils ne voudraient pas voir monsieur Kamerhe et Félix enregistrer le succès dans leur gestion », a-t-il déclaré.

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Tout en clamant l’innocence son présidant, L’UNC Beni précise que « cette déstabilisation aussi prévisible ne profite pas au chef de l’Etat, et l’appelle à la retenue car le plus visé c’est lui ».

Rétro-commission, etc.

Et pourtant, D’après les sources judiciaires évoquées par Radio France Internationale (RFI), le nom de V.K qui devait être confronté aux chefs d’entreprises, figure partout : sur des bons d’engagements, des contrats d’exécution de travaux voire même sur les ordres de paiement. De mars à septembre 2019, plus de six mois durant, Vital Kamerhe était selon les éléments du dossier, le principal ordonnateur des dépenses du programme des 100 jours.

Toutes les sources que ce soit judiciaires ou de la présidence, estiment qu’il y a eu malversations et que Vital Kamerhe doit également s’expliquer sur la vague de passation des marchés publics de gré à gré, qui se faisait « avec un avis de non objection. Si le magistrat instructeur a décidé d’écrouer le directeur de cabinet, c’est à cause notamment, des écarts entre des montants annoncés et payés dans le cadre de passation de marchés publics. Il y aurait aussi des fautes de gestion.

La justice soupçonne l’existence d’un système de « retro commission ». Dans la livraison des logements sociaux préfabriqués, par exemple, Vital Kamerhe est soupçonné d’avoir surfacturé. Sous Joseph Kabila, le prix de 900 logements était de quelque 26 millions USD. Sous la houlette du directeur de cabinet, l’administration Tshisekedi avait décidé de commander 600 logements supplémentaires pour un montant d’environ 57 Millions, à la même société Samibo Congo Sarl du libanais Jamal Sammih.

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Cet entrepreneur n’aurait pas su justifier l’utilisation de près de la moitié des sommes versées par l’État sur son compte à la RawBank. Cette somme avait pourtant été retirée par le Libanais, son paiement validé par la direction de la banque qui aurait assuré avoir reçu le feu vert de Vital Kamerhe, toujours selon RFI, qui indique que dans ce dossier précis, le patron de Samibo Congo Sarl comme celui de la Rawbank ont été interpelés et attendent d’être confrontés à Vital Kamerhe.

Seul celui de la RawBank avait été remis en liberté provisoire et avait été limogé de son poste à la banque. Ce système de rétro commissions a aussi entouré les marchés en province. Au Sud-Kivu comme au Kasaï central, où, selon une source proche du dossier, des partisans de Vital Kamerhe étaient chargés de la coordination du programme.

Azarias Mokonzi/Beni