Le Parlement en congrès

Deux faits qui risquent de provoquer des conséquences politiques majeures se sont produits ce mardi 15 juin dans le microcosme congolais.

Tard dans la soirée, une majorité de sénateurs, 49 pour être plus précis, ont mis à l’eau le projet du Procureur général près la Cour constitutionnelle et ses mandants tapis dans l’ombre, de faire lever les immunités du sénateur Augustin Matata Ponyo, accusé à tort ou à raison, d’être à la base de la débâcle du Projet Bukanga-Lonzo.

Matata Ponyo
Matata Ponyo en conférence de presse

Au Sénat, l’union sacrée se flatte, aux dires de son Président Modeste Bahati Lukwebo, de disposer d’une confortable majorité de 98 sénateurs sur un total de 108. Aujourd’hui dans la salle, il y en avait 96. 49 d’entre-eux ont voté pour Matata Ponyo et contre le désir du Procureur, contre 46 qui se sont alignés derrière la volonté de l’homme de loi. Le plus curieux dans ce score, est que la veille lundi 14 juin au soir, le Président Modeste Bahati, avait réuni ses ouailles au Fleuve Hôtel Congo, pour leur faire la morale sur la manière dont ils devaient voter et livrer corps et biens le sieur Matata Ponyo à l’échafaud.

Bahati Lukwebo
Modeste Bahati Lukwebo

Le même jour, toujours dans la soirée, c’était autour de l’assemblée nationale, autre bastion de l’union sacrée avec 380 députés revendiqués, de connaître sa propre éruption. A une large majorité, ces élus nationaux ont rejeté la proposition de loi portant habilitation du Gouvernement en matière d’état de siège, pourtant votée avec un score à la soviétique au Sénat quelques heures plus tôt. Là aussi, le Président des céans Christophe Mboso Nkodia Mpuanga, n’avait pas épargné sa peine, en décrétant même un huis-clos pour sermonner les députés sur l’importance de ce texte, très attendu par l’Autorité morale de l’union sacrée, qui de la lointaine Goma où il se trouve, avait déjà annoncé que l’état de siège serait automatiquement reconduit jusqu’à la fin de l’insécurité dans les provinces concernées.

Christophe Mboso Nkodia
Christophe Mboso Nkodia président Assemblée nationale

Et voilà que sur un coup de tête, c’est le programme tout entier qui est remis en question par quelques troublions. Des troublions qui s’ils persistent dans cette indiscipline en bandes organisées, pourraient s’enhardir, et mettre à mal à l’avenir, tout l’échafaudage de la nouvelle majorité.

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Pendant la plénière de ce mardi, il s’est même trouvé des députés pourtant floqués USN, pour demander à leur Président, les raisons profondes qui l’ont poussé à prolonger l’actuelle session, sans au préalable, requérir leur avis. Il n’y parait peut-être pas, mais certaines révolutions commencent ainsi. Lire aussi: L’ Assemblée nationale rejette le projet de loi d’habilitation sollicité par le Gouvernement