Furieuse, l’Intersyndicale de la Rva met à nu la gestion opaque de Bilenge

L’Intersyndicale de la Régie des voies aériennes, Rva, revient à la charge sur la gestion opaque de cette entreprise publique.

En effet, dans une lettre adressée au Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en charge de la sécurité, François Beya, le mardi 12 mai dernier, ce regroupement des syndicats ayant pour mission la défense des intérêts des employés de la Rva, a décrit en 9 points la situation dans laquelle fonctionne la Régie des voies aériennes.

Tout en citant le comité de gestion, l’Intersyndicale charge personnellement le responsable numéro un de la Rva en la personne du Directeur Général Abdallah Bilenge.

Dans ce mémorandum de trois pages, les représentants des travailleurs  signifient que cette dénonciation fait suite au mauvais climat socioprofessionnel observé au sein de cette institution, lequel peut dégénérer à tout moment et entraîner des conséquences néfastes pour la paix sociale.

Dialogue social inexistant

L’Intersyndicale révèle que les réunions paritaires telles que prévu par l’article 263 du code du travail sont inexistantes ou fantaisistes souvent et/ou initiées par l’employeur uniquement lorsque l’objet des discussions n’embarrassent pas ou lorsque l’employeur vise à manipuler les organisations syndicales, notamment celles acquises à sa cause :

« Nous avons été sidérés et ahuris de voir l’employeur soutenir dans une note adressée tout récemment à son excellence le Ministre du Portefeuille que les effectifs de la Rva étaient pléthoriques ! Vérification faite, nonobstant ses effectifs actuels, la société serait toujours en sous-effectifs dans la plupart de ses grands aéroports. Si non, comment justifie -t- elle qu’en sureffectif, elle continue à recourir de manière surabondante à la main d’œuvre temporaire ainsi qu’aux contrats à durée déterminée ? Ne serait- ce pas du clientélisme ? »

Du dilatoire dans la mobilisation et affectation des recettes

L’Intersyndicale de la Rva dénonce aussi le manque de transparence dans la mobilisation et affectation des recettes.

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Il notifie qu’en dehors des financements extérieurs pouvant provenir du gouvernement de la République ou des partenaires extérieurs notamment la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, cette régie vit des redevances qu’elle produit par les services qu’elle rend essentiellement aux compagnies aériennes et autres exploitant de ses différents aspects dont voici :

A. Redevances aéronautiques

– Survol – Route – Atterrissage – Stationnement – Pax (passagers)

– Frets (cargo) – Handling – Sûreté et sécurité – Cute (enregistrement passagers)

B. Redevances extra aéronautiques

– Domanial – Parking – Publicité

Il soutient ensuite que les quelques réunions paritaires tenues avec l’employeur n’ont jamais abordé de façon claire et responsable  les questions liées à cette préoccupation.

Gestion financière opaque

L’Intersyndicale fait surtout mention d’une gestion financière opaque de la part de l’employeur :

« Tel que repris supra, il est difficile à la partie syndicale d’avancer une quelconque opinion sur la gestion opaque de la société tant tout est tabou et opaque. A part la hauteur de l’enveloppe salariale qui envoisinerait les 3,5 millions de dollars américains par mois. Seul environ 1/3 de cette enveloppe est régulièrement et efficacement payée au bénéfice des seuls travailleurs des aéroports de N’djili, Ndolo, Loano, l’administration centrale et incidemment Goma, auquel on pourrait ajouter Bukavu, dont les travailleurs sont payés par intermittence.

En dehors de ces entités, la quasi-totalité des 54 aéroports que gère la Rva croupit dans la misère à la suite des impaiements dont certains mois d’arriérés de salaires ! En sus, n’étant pas disposés à désintéresser les anciens employés retraités et décédés sous 48 heures, ainsi que le prévoit la loi, la régie entretient irrationnellement, malgré l’opposition du banc syndical qui a encouragé plus d’une fois et recommandé plus d’une fois l’engagement avec une banque de la place, soit le gouvernement de la République, de contracter un prêt pour régler définitivement cette question liée au passif social, au lieu de continuer à payer gratuitement des salaires d’attente au personnel inactif, juste parce que l’on retient indument et irrationnellement sa créance relative au décompte final.

Cela assainirait de façon très significative les finances de la société en épargnant à terme un peu plus d’un demi- million de dollars américains que l’on jette par la fenêtre chaque mois ».

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Passation des marchés de gré à gré

Bilenge Abdallah est accusé par le même Intersyndicale de procéder de manière opaque une fois de plus à la passation de certains marchés de gré à gré, sans appel d’offre conséquent avec comme conséquence la mauvaise qualité des travaux réalisés par des sociétés fantoches. Cette situation a souvent occasionné des quolibets entre le Dg de la Rva et son adjoint.

Surfacturation dans la gestion et contrôle des approvisionnements

Les défenseurs des intérêts des travailleurs de la Rva affirment que certaines commandes fictives passées auprès des sociétés douteuses quant à leur existence ont été parfois passées moyennant surfacturation et entièrement payées, dont plusieurs jamais livrées, sans que la régie n’initie aucune moindre procédure de remboursement des frais engagés, ni une quelconque plainte visant à la rétablir dans ses droits. Le contrôle (qualité/prix, expéditive) n’est pas rigoureux dans l’émission, la réception et le suivi des commandes passées.

Une régie insolvable

L’intersyndicale enfonce le clou en dénonçant que nonobstant sa production mensuelle estimée à environ 11,5 millions de dollars américains par mois et dont la masse salariale comprendrait 3,5 millions de dollars américains de prévision et non de liquidité, seul 1/3 étant effectivement payé, il est curieux de constater qu’à ce jour, même déduction faite des frais de fonctionnement des 11,5 millions de dollars américains, avec des arriérées de salaire presque partout au pays, la société soit dans l’incapacité d’épargner et de ne vivre que des découverts bancaires  dont la hauteur manifestement inquiétante est totalement inconnue des employés.

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Certaines provinces sacrifiées dans la paie des salaires

Selon l’Intersyndicale de la Régie des voies aérienne, les salaires ne sont garantis de façon constante qu’à Kinshasa, Lubumbashi et Goma. Le reste des provinces accuse plusieurs mois d’arriérées dont une trentaine pour Bukavu et 52 pour Kisangani : 

« Bien plus, l’employeur procède à des retenues sociales sur les salaires des agents mais qu’il ne reverse pas aux institutions bénéficiaires en l’occurrence la Cnss, la Dgi (Ipr), les syndicats (cotisations syndicales), l’Onem, etc. ».

Politisation dans la nomination des mandataires

Le Directeur général de cette entreprise nomme des personnes issues des partis politiques du Fcc, ce qui préjudicie la bonne marche de la société ainsi que son développement :

« Chacun sait de quelle manière et dans quelle condition l’actuelle direction générale avait été désignée et nommée, et au service de qui elle travaille. Nous encourageons les autorités du pays à nommer des technocrates, fils maisons de préférence, sans égard à leur appartenance politique. Cela accorderait une certaine indépendance dans leur prestation tout en leur imposant le devoir de résultat ».

Devant ce tableau sombre mettant à nu toute cette injustice à ciel ouvert dans une entreprise porteuse d’espoirs de plusieurs familles congolaises, la justice devrait se saisir du dossier en bonne et due forme pour mettre fin à cette impasse qui a beaucoup duré. Ce serait un signal fort vers un Etat de droit, promu par le Chef de l’Etat, Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo.

Jacques Kalokola

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