Ilume Tembele René : « La diplomatie se retrouve bien dans la dimension politique de la foi en Jésus-Christ »

Interview accordée par S.E Mr René Ilume Tembele, Ambassadeur de la RDC auprès du Soudan du Sud, en mission officielle à Kinshasa –RDC), décembre 2019.

Q : Peut-on savoir la raison de votre séjour à Kinshasa ?

Ma présence ici à Kinshasa se justifie par le fait qu’en ma qualité d’Ambassadeur de la RDC au Soudans du Sud, je me devais d’accompagner une délégation Sud soudanaise conduite par SE Mme Awut Deng Acuil, la ministre des Affaires Etrangère et de la Coopération Internationale de la République du Soudan du Sud, qui avait un message spécial à transmettre à S.E. Félix Antoine Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo, notre respecté et distingué Chef de l’Etat.

La ministre Awut Deng Acuil reçue par le Président F. Tshisekedi à Kinshasa

A l’heure d’aujourd’hui, quelles sont les relations entre la RDC et le Soudan du Sud et sont-elles bonnes ?

Je dirai même très bonnes, les relations sont au beau fixe, dans la mesure où depuis l’ouverture officielle de l’Ambassade de la RDC à Juba,  le 10 janvier 2012, le premier diplomate congolais au Soudan du Sud que je suis, je suis témoin du renforcement continu des relations entre notre pays la RDC et le Soudan du Sud. Le dernier exemple est cette visite de S.E Mme Deng à Kinshasa.

En fait, les deux pays ont toujours la chance d’avoir à leurs têtes des Chefs d’Etat qui sont animés de la volonté de cimenter davantage les liens historique longtemps tissés par nos ancêtres qui vivaient toujours en harmonie les uns à côté des autres, malgré cette séparation politique imposée par la  Conférence de Berlin en 1885. Nous n’avons donc pas à nous plaindre de ce côté-la.

Ce qui me réconforte davantage, c’est le résultat du mécanisme de coopération à deux niveaux, national et provincial, que j’ai initié et proposé à la hiérarchie, dès ma prise de fonction en qualité de Chargé d’Affaires à l’époque (2012). La démarche a été sanctionnée par la signature, au niveau national, de l’Accord-cadre de coopération en la RDC et le Soudan du Sud le 21 avril 2013 à Kinshasa, et au niveau provincial, de l’Accord de Kisangani, le 23 juin 2013, qui d’ailleurs nécessite une adaptation, vu les développements intervenus dans les deux pays en terme de découpage territorial.

A l’époque, la province Orientale partageait la frontière avec deux provinces sud-soudanaises, à savoir Central Equatoria State et western Equatoria State. A l’heure actuelle, ce sont les provinces de Haut-Uélé et de l’Ituri côté RDC, qui partagent la frontière avec quatre provinces sud-soudanaises, à savoir Yei River State, MAridi State, Gbudwe State et Tumbura State.

Ce mécanisme de coopération à deux  niveaux me facilite énormément la tâche. Il nous a permis de :

  1. Mettre  fin à l’existence de l’ALPC (Armée de libération du peuple congolais), une rébellion qui sévisait à Imgbokolo en Ituri et qui a été neutralisée grâce à la combinaison des efforts des FARDC et de l’Ambassade congolaise à Juba avdec le Gouverneur de Cenytral Equatoria State pour refuser tout soutien à cette rébellion
  2. Dissuader les groupes des militaires sud-soudanais qui avaient l’intention de recourir à l’usage de la force à Ezo, frontière triangulaire entre RDC-RCA-Soudan du Sud, pour obtenir la restitution de leurs éléments arrêtés à Dungu (juillet 2012) et le retrait du drapeau national congolais implanté par les FARDC à la frontière à Sita en Ituri avec Morobo (mars 2016), pour ne citer que cela.
  3. Gérer et rapatrier en RDC plusieurs enfants, filles et garçons, récupérés de la LRA
  4. Acquérir des concessions pour la construction des écoles consulaires au programme congolais à Yei, à Yambio et à Juba.
  5. Signer un Protocole d’Accord entre les deux pays dans  le domaine de l’Education qui prévoit le déploiement de 3.000 enseignants congolais sur toute l’étendue du territoire du Soudan du Sud pour des enseignements en français.
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Peut-on dire que ces deux mécanismes traitent aussi la question des Mbororo qui peuvent créent quelques problèmes dans le Haut-Uélé?

Justement dans le Haut-Uélé, ce phénomène préoccupe au plus haut point la population. Et l’Accord-cadre que j’ai évoqué plus haut prévoit des mécanismes de gestion et résolution des conflits, notamment à travers les Forces  de Défense et de Sécurité que je félicite au passage pour leur professionnalisme et leur engagement patriotique.

A ce niveau, nous sommes heureux de voir les deux pays collaborer étroitement pour mettre  fin à toutes menaces contre la paix, la sécurité et la stabilité le long de leurs frontières communes et dans le région. Comme vous le savez, les Mbororo sont des peuples nomades, qui quittent leurs milieux naturels en Afrique de l’Ouest pour chercher des pâturages à leurs bétails. Ils traversent pour ainsi dire plusieurs pays sans tenir compte malheureusement des législations nationales en matière d’immigration.

Des éleveurs Mbororo. Photo Teseum

C’est un problème qui tient réellement à cœur et qui préoccupe les deux Gouvernements et l’Afrique tout entière, car l’Union africaine est déjà saisie par la RDC à ce sujet. Et je pense que les autorité ont conscience de l’impact négatif de tels phénomènes et s’emploient à y apporter des réponses satisfaisantes allant dans le sens des intérêts de la population sur terrain.

Et je félicite les autorités compétentes congolaises, du sommet à la base, pour les dispositions prises pour que la paix et la sécurité règnent sur toute l’étendue de la République.

Vous-êtes diplomate congolais au Soudan du Sud qui est un pays qui n’est pas très connu. Pouvez-vous nous faire une brève présentation de vous-même ?

Répondant au nom de René Ilume Tembele, Jesuis Congolais, de la tribu Lokele, de la Province de la Tshopo, donc la grande Orientale.

René Ilume Tembele, Ambassadeur de la RDC au Soudan du Sud

Né à Kisangani, où j’ai grandi et fait toutes mes études primaires, secondaires et universitaires. J’ai terminé mes études secondaires comme séminariste-collégien. Séminariste de Mandombe ayant passé suivant les exigences de l’époque, la 5è et la 6è années au collège Sacré-Cœur (Maele) à Kisangani.  

J’ai ensuite passé cinq ans à l’Université de Kisangani où j’ai fait les Sciences politiques et Administratives jusqu’en 1988, avant de m’engager définitivement dans la diplomatie à, la centrale d’abord, ensuite dans notre Représentation permanente auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, et enfin à Juba, au Soudan du Sud.

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Je remercie Dieu et les autorités de notre pays pour avoir fait de moi le tout premier diplomate congolais au Soudan du Sud, celui donc qui a ouvert l’Ambassade de la RDC à Juba, au Soudand du Sud, en tant que Chargé d’Affaires avec rang de Ministre-Conseiller de 2012 jusqu’à mon élévation au rang d’Ambassadeur en juillet 2015.

A l’heure actuelle, je suis Vice-Doyen du Corps Diplomatique accrédité à Juba, ce qui est un honneur pour notre pays, étant donné que cette position me permet d’accéder encore davantage aux milieux politiques et diplomatiques du pays hôte.

Pour clôturer, je suis chercheur en Sciences Politiques à l’Université de Kinshasa, et je fais également des recherches en Théologie.

Par ailleurs, je rends gloire à dieu pour avoir fait de moi aussi son Apôtre et le Père de la Christocratie dans le monde, tout cela à partir de Juba, où j’exerçais déjà comme diplomate congolais. En effet, en octobre 2012, à Juba, dieu m’a demandé de partager avec le monde une  vision pour laquelle il m’a formé pendant 30 ans, de 1982 à 2012 et dont la mission consiste à revenir à son alliance que le monde a abandonnée.

Il s’agit d’un retour à la saine ou sainte doctrine que ses saints prophètes et apôtres ont transmise une fois pour toutes pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Depuis je m’efforce à  remplir cette tâche concomitamment avec la diplomatie. Et je trouve qu’il existe une réelle compatibilité, voire une complémentarité entre les deux fonctions.

Raison pour  laquelle dans mon ouvrage intitulé « Vision-La Christocratie », publié aux Editions M.E.S de l’Université de Kinshasa, j’ai placé la diplomatie dans la dimension politico-administrative, sécuritaire et diplomatique de la Foi en Jésus-Christ. Il s’agit de l’impératif de « la cherche de la paix avec tous (ses voisins immédiats et lointains) », d’un partenariat pacifique mutuellement avantageux.

Une telle spiritualité peut véritablement conduire l’humanité vers des perspectives d’un développement intégral, c’est-à-dire spirituel, politique, social, économique, environnemental et humanitaire. Même ce changement climatique dont on parle actuellement, c’est un phénomène spirituel qui nécessite une réponse spirituelle, tout simplement.

Pour revenir à ma double mission, je dirai qu’on peut se servir d’une telle spiritualité dans tous les domaines de la vie, y compris la diplomatie, pour sauver l’humanité, intégralement.

Notre pays en ce moment traverse des moments difficiles, depuis quelques temps, sur les plans économique et social. Comment pouvez-vous explique cela sur le plan spirituel ?

Dieu a dit : « je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Si dieu est avec vous, qui peut être contre vous ? Votre constat prouve donc à suffisance que Dieu n’est pas avec nous, malgré tout le zèle déployé par la population congolaise en général, et kinoise en particulier, en matière de foi. Autrement, on serait dans un bonheur relativement parfait, avec tout ce que Dieu a mis dans notre sol et sous-sol.

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On a toujours tendance à oublier que la crise non seulement au Congo, mais partout ailleurs est d’abord et avant tout spirituelle. Et donc, la solution est d’abord et avant tout spirituelle. A ce stade, la responsabilité spirituelle est partagée entre les églises premièrement, les individus ensuite et les gouvernants enfin. Seul le retour à la foi fondée sur la saine doctrine transmise par les apôtres de Jésus-Christ peut apporter des réponses justes à votre question.

Malheureusement, il y a des églises qui s’évertuent à changer la loi, voire le calendrier de Dieu, et à enseigner et pratiquer ce qui ne doit pas être ; les individus ne lisent pas la bible pour vérifier les enseignements reçus, et les dirigeants ne donnent pas des orientations précises pour recadrer la foi en Jésus-Christ dans toutes ses sept(7) dimensions spirituelle, économique, politique, juridique, socioculturelle, environnementale et humanitaire.

C’est ce dysfonctionnement spirituel qui excite la colère de Dieu. Et explique tous les échecs des politiques appliquées dans notre pays, voire ailleurs. Car, Dieu qui est Tout-puissant, celui qui ferme et personne ne peut ouvrir, et celui qui ouvre et personne ne peut fermer, a décidé de fermer pour l’instant jusqu’à ce que nous nous reconnaitrions coupables et et prendrions la décision de revenir à Lui.

Dieu veut l’obéissance, et non les sacrifices. Or de nos jours, les églises ont tendance à privilégier les sacrifices au lieu de l’obéissance, et ce dans un système démocratique civilisationnel qui a fait son temps.

C’est pourquoi, j’invite celui ou celle qui veut, à tenter l’expérience de la Christocratie, qui est un concept qui m’a été inspiré par le Saint-Esprit, comme système  de gouvernance au niveau individuel, familial, national, continental ou international, humanitaire, etc. je suis à la disposition de mon pays pour la compréhension et la mise en œuvre pratique des saintes écritures pour le plus grand bien de chacun, de la nation et de l’humanité.

Q : Quel est votre dernier mot ?

Oui, d’abord, je rends grâce à Dieu pour m’avoir miraculeusement sauvé, le 30 octobre dernier, de l’embuscade qui nous a été tendue à 45 km de Yei, soit une quinzaine de kilomètres de la frontière avec Aba, par les rebelles sud-soudanais de National Army Salvation (NAS), de Thomas Cyrillo, alors que j’accompagnais S.E Emmanuel Adil Anthony, Gouverneur de Yei River State à Isiro pour une rencontre bilatérale avec S.E Christophe Baseane Nangaa, Gouverneur du Haut-Uélé, consacrée à la sécurité et au commerce le long de la frontière commune entre les deux provinces.

Baseane Nangaa et Adil Anthony

Ensuite, je rends grâce à Dieu pour l’alternance pacifique dans notre pays qui totalise déjà un an. C’est une première dans l’histoire politique de notre pays. Il faut féliciter nos deux héros nationaux que sont leurs Excellences Joseph Kabila Kabange et Félix Antoine Tshisekedi, auxquels je rends des hommages très déférents pour la belle leçon qu’ils viennent d’administrer à l’Afrique et au monde.

Et j’invite le peuple congolais, l’Afrique et le monde à apporter leur soutien spirituel, politique, diplomatique et financier au président Félix Antoine Tshisekedi pour lui permettre d’accomplir efficacement sa mission à la tête de notre pays pour le plus grand bien du peuple congolais tout entier.

Enfin, je présente mes vœux les meilleurs de santé, longévité, succès et prospérité pour cette année nouvelle 2020 non seulement à ma famille biologique et spirituelle, mais aussi à toute la nation congolaise, ainsi qu’à toute l’humanité. Que Dieu vous bénisse tous, au nom de Jésus-Christ !