Claude Mashala : « Nous avons tous intérêt à aider Félix Tshisekedi, puisque sa réussite c’est notre fierté ! »

Défenseur farouche du pouvoir issu de l’AFDL, aujourd’hui incarné par l’autorité morale du FCC, le sénateur à vie Joseph Kabila, l’ancien président du conseil d’administration de la société nationale de loterie, SONAL, Claude Marshala a bien voulu nous accorder une attention particulière en livrant sa lecture des faits en tant que politicien avéré sur la coalition entre le FCC-CASH et d’autres questions brûlantes de l’heure.  

Parlez-nous de votre passé politique ?

Je suis un cadre de l’ancienne Jeunesse du Mouvement Populaire de la révolution, JMPR d’heureuse mémoire où j’avais prêté un serment de fidélité au guide de la nation, feu le maréchal Mobutu, devant l’ancien ministre Tshimbombo Mukuna, au stade du 20 Mai, aujourd’hui rebaptisé Tata Raphael. Je suis un kabiliste de première heure sous M’zee Laurent Désiré Kabila jusqu’à ce jour, où je soutiens son idéologie à travers le parti du peuple pour la reconstruction et le développement, PPRD.

Que dites-vous du rapprochement entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, des ennemis politiques il y a si peu ?

J’apprécie à sa juste valeur l’effort qu’à fait l’actuel chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, en comprenant qu’il y avait moyen entre congolais, malgré que l’on était opposé vis-à-vis de l’autre, on avait des discours très virils voire injurieux.

Le président a compris qu’il y a moyen de se dépasser et de puiser dans les démarches Kabiliste que ne cessait de répéter Joseph Kabila que ce n’est qu’ensemble qu’on pouvait reconstruire le Congo. C’est l’encre qui a manqué aux congolais à l’époque de Lumumba pour commencer à écrire notre histoire. La plume était là mais il n’y avait pas encre.

L’ancien chef de l’Etat a joué un rôle important dans cette passation civilisée du pouvoir. La promulgation du nouveau code minier est un signal fort pour l’auto prise en charge prônée par M’zee Laurent Désiré Kabila et concrétisée par son fils Joseph Kabila. C’est l’un des symboles de cette auto prise en charge pour espérer un avenir meilleur. C’est l’arrêt des gros bénéfices à tirés par les occidentaux qui choquent et ce ne sont pas des philanthropes. Quand on exige la sous-traitance à 100% congolais, ça dérange.

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Souvenez-vous que les recettes des dérivés du cuivre comme l’or, le cobalt et autres ne profitaient qu’aux seuls belges pendant des décennies. Il ne faut pas perdre de vue que 2030, année fixée pour l’émergence, c’est dans dix et ce n’est pas loin. Si ce n’est pas l’émergence en 2030, mais que ça soit au moins le début de l’émergence. Nous devons tous nous impliquer pour pérenniser cette passation pacifique du pouvoir au sommet de l’Etat pour que ça soit une culture.

Une passation sous pression ?

Que l’on cesse de croire que le nègre est tellement noir qu’il ne voit que du noir partout où il va. On n’est pas si bête que ça. A l’occasion du 14è sommet de la Francophonie qui s’est tenu chez nous, le président français de l’époque, François Hollande avait admis que l’Afrique est la jeunesse du monde, et c’est pour dire que l’Afrique est l’avenir du monde. L’Afrique est l’enfance du monde. C’est en l’Afrique qu’il y a encore des réserves stratégiques énormes, c’est en Afrique qu’il y a une certaine explosion démographique hors normes, les grands espaces demeurent comme au Congo Kinshasa encore non exploités. Joseph Kabila est un officier militaire qui a respecté sa parole d’officier en respectant la loi.

Dommage que l’on a comme impression que l’ambition politique a été privilégiée même au détriment de la constitution. La preuve est que ceux qu’hier étaient sous embargo à cause de leur mauvaise relation avec l’article 10 de la constitution sont en train de faire la politique.

C’est pour dire qu’il n’y a pas eu pression. Kabila n’était qu’à son premier mandat. Il n’a jamais voulu d’un second mandat parce qu’il y avait un certain calcul politique du chef de certains vendus et autres servants des impérialistes. Il n’y a pas eu pression, c’est le bon sens qui a primé et il a privilégié l’intérêt général de la nation.

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Que dire finalement du mariage entre FCC et CASH ?

C’est un contrat et comme dans un mariage entre deux personnes, chacun des partenaires est venu avec son caractère, son idée. Il faut privilégier l’intérêt de la famille, l’intérêt commun, l’intérêt du pays, la cohésion.

Que pensez- vous du renouvellement et du nombre pléthorique des membres du gouvernement Ilunkamba ?

Ça rime à avoir de nouveaux visages, des personnes expérimentées qui n’ont jamais eu la chance de s’exprimer, de travailler pour qu’eux aussi puissent apporter leur pierre à l’édifice. Renouveler la classe politique ne veut pas dire qu’il faille prendre des jeunes numériques. La jeunesse n’est pas une affaire de chiffre, d’âge sinon, on risque de se retrouver devant un jeune de 38 ans qui vous donne l’impression d’être un vieux de 83 ans, il suffit de renverser le chiffre. Il y a des jeunes qui sont arrivés en politique à 30 ans et qui fait la lutte pendant 30 ans et à 60 ans vous voulez les écarter parce qu’ils sont vieux ? Non, dans l’engrainage politique de notre pays il en a pas mal et c’est le cas dans l’UDPS, comme au Palu et au PPRD et pourquoi les écarter car ce qui compte c’est le résultat, ce qu’ils pourront apporter.

Quant à la problématique du nombre des membres du gouvernement, je dirai que par rapport aux ambitions de notre pays, avoir 66 personnes dans le gouvernement n’est rien. Le cas du Rwanda qui est un petit pays avec plus de 36 membres est éloquent. Il faut travailler. Le président Félix Tshisekedi a déjà fait un effort de chercher à rassembler tout le monde et Kabila a fait le même effort quand ils ne cessent de nous rappeler que le chef de votre chef c’est notre chef à nous tous. Nous avons tout intérêt à aider Félix, puisque sa réussite c’est notre fierté. C’est un fils du pays qui est à la tête du pays. C’est ça notre ambition.

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Pourquoi pas vous au gouvernement ?

Le fait d’être citoyen, c’est déjà une fonction et pas la moindre, ne fut-ce que par la pensée. Un citoyen Romain n’était pas n’importe qui à l’époque de Pierre et Paul. Avoir un rôle à jouer dans la cité, ce n’est pas de n’importe quoi. Si un jour la reconnaissance de la communauté venait à orienter notre ambition vers des fonctions publiques, pourquoi pas, on sera preneur. L’avenir c’est un domaine de Dieu. « Asalaka na ngonga na ye », pour dire que le panier circule encore et qui sait. De toutes les façons, on ne peut pas servir l’état que dans le gouvernement, il y a aussi les entreprises et portefeuilles de l’état.

L’Union Européenne est de retour, ça vous dit quoi ?

Nous sommes à l’époque de Thomas, pendant laquelle les réactions viennent de partout pour la dislocation de la coalition FCC-CASH. Nous n’avons rien à envier aux belges, lesquels, ça fait quand même longtemps qu’ils ont eu un gouvernement responsable et pourtant ils passent pour des maîtres en remarques vis-à-vis de notre pays. En Italie c’est pratiquement tous les six ou trois mois que le gouvernement change.

Un mot sur le gouvernement Ilunga Ilunkamba ?

Ce sont des hommes et des femmes qui viennent des familles congolaises et qui connaissent nos difficultés. Ce ne sont pas des magiciens, mais des gens qui ont leurs qualités et leurs défauts. Il ne faut pas pour 80 millions que nous sommes, que nous puissions avoir 50 millions de ministres. Il ya aussi d’autres secteurs de la vie qui ont besoin de l’expertise. Il faut donner la chance aux autres d’être acteurs actifs dans ce combat d’équipe pour qu’à l’horizon 2030, que notre pays puisse être compté parmi les pays émergeants.

Que n’avez-vous pas encore fait que vous aimeriez faire ?

Ce que j’aimerai faire que je n’ai jamais fait, c’est aimer davantage mon pays.

Propos recueillis par Jacques Kalokola