Banque centrale du Congo

Les finances publiques de la République démocratique du Congo (RDC) sont confrontées à un nouveau défi majeur : un déficit budgétaire croissant qui creuse l’écart entre les recettes et les dépenses publiques.

Des dépenses qui dévorent les recettes

Selon les chiffres du tableau évolutif annuel des opérations du Trésor publiés par la Banque centrale du Congo (BCC), à la date du 5 avril 2024, la RDC a mobilisé 1,73 milliard de dollars, tandis que les dépenses effectuées s’élèvent à 1,88 milliard de dollars, soit un déficit de 156,4 millions de dollars.

Dollars américains
Dollars américains, monnaie de référence en RDC

Ce déficit est principalement dû à des dépenses non conformes aux normes en matière de finances publiques, qui ne suivent pas le circuit normal des dépenses publiques. A titre d’exemple, 66% des recettes réalisées au 5 avril 2024 ont été consacrées aux frais de rémunération, dépassant largement les 45% de consommation des recettes autorisées par le Ministère du Budget et la barre de 35% du standard international. Entre 2020 et 2021, les dépenses de rémunération représentaient déjà 74% des opérations financières de l’État.

Des dépenses exceptionnelles qui explosent

Le déficit budgétaire s’explique également par l’explosion des dépenses exceptionnelles. A la période sous analyse, elles se situent à 507,8 millions de dollars, soit 29% des recettes mobilisées au 5 avril de l’exercice budgétaire en cours. Or, selon les instructions relatives à l’exécution de la loi des finances de l’année du Ministère du Budget, les dépenses « exceptionnelles » concernent les opérations militaires ou les situations d’urgence comme les catastrophes naturelles.

Un manque de transparence et de contrôle des dépenses publiques

Cette situation met en lumière l’opacité qui entoure la gestion des dépenses publiques. En février dernier, l’Inspection générale des finances (IGF) avait demandé un gel, « à dater du 22 février 2024, de paiement de toutes les dépenses du Trésor public validées ou en attente de validation dans le pipe-line » de toutes les institutions, mais la mesure n’a pas eu l’effet escompté, au vu des chiffres présentés par la BCC.

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Un problème récurrent qui menace la stabilité économique

Le phénomène du déficit budgétaire n’est pas nouveau en RDC. En mars dernier, le Centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDEL) tirait déjà la sonnette d’alarme, dénonçant un déficit de 1,2 milliard de dollars enregistré au terme de l’exercice 2023, « une première depuis les réformes de 2011 ».

La nécessité d’une réforme urgente des finances publiques

Cette situation alarmante met en évidence la nécessité d’une réforme urgente des finances publiques en RDC. Il est crucial de mettre en place des mécanismes de contrôle plus stricts des dépenses publiques, de rationaliser les frais de rémunération et de limiter les dépenses exceptionnelles à des cas dûment justifiés.

Sans une gestion rigoureuse des finances publiques, la RDC risque de s’enfoncer dans un cercle vicieux de déficit budgétaire, menaçant la stabilité économique du pays et le bien-être de sa population. Lire aussi : Parlement : Plus de 227 millions USD dépensés en 3 ans pour les salaires des députés et sénateurs (Rapport) – Infocongo