Antoinette Nsamba Kalambayi ministre des Mines

La ministre des Mines de la République Démocratique du Congo (RDC), Antoinette N’Samba Kalambayi, monte au créneau pour dénoncer l’exploitation minière illégale persistante dans l’est du pays et pointe du doigt le Rwanda comme acteur majeur dans ce trafic.

Exploitation illicite et contournement du système de traçabilité

Malgré le retrait du Permis d’Exploitation 4731 par les autorités congolaises en juin 2023, l’exploitation minière artisanale illicite se poursuit sur ces périmètres, désormais considérés comme domaine de l’État. Les minerais extraits illégalement ne peuvent être vendus sur le marché officiel congolais car ils ne sont pas tagués par le système de traçabilité. Pour contourner cette difficulté, les trafiquants empruntent une route alternative passant par le Rwanda ou l’Ouganda, où les minerais sont blanchis et exportés. Lire aussi : Rutshuru : Préoccupations concernant l’exploitation illégale de la mine de pyrochlore de Lueshe par le M23 – Infocongo

Route de pillage des minerais congolais par le M23/RDF
Route de pillage des minerais congolais par le M23/RDF (ph. Daniel Michombero)

Coopérative minière pour rétablir la traçabilité

Face à cette situation, la ministre a autorisé l’installation d’une coopérative minière sur les sites exploités illégalement. Cette coopérative a pour mission de fédérer les exploitants artisanaux et de rétablir la traçabilité des minerais afin de les canaliser vers le circuit officiel de commercialisation.

Le M23 et le Rwanda accusés d’intensifier l’exploitation et d’imposer des taxes illégales

Selon la ministre, le Rwanda, par l’intermédiaire du groupe rebelle M23, a intensifié les attaques contre Rubaya, désormais sous son contrôle, et a autorisé la poursuite de l’exploitation artisanale en imposant des taxes illégales aux exploitants. Le M23 aurait également saisi des minerais destinés aux comptoirs congolais et les a redirigés vers le Rwanda. De plus, la ministre accuse le Rwanda d’exploiter des mineurs, y compris des femmes enceintes et des enfants, pour extraire les minerais.

Signature d'un accord sur les minerais par l'UE et le Rwanda
Signature d’un accord sur les minerais par l’UE et le Rwanda

Demande d’embargo contre le Rwanda et actions en justice

Pour mettre fin à ce commerce illégal et aux violations des droits humains, Antoinette N’Samba Kalambayi demande un embargo contre le Rwanda. Elle estime que cette mesure est nécessaire pour freiner le financement des conflits par les minerais, restaurer la confiance des parties prenantes, protéger les intérêts économiques de la RDC, atténuer les violations des droits de l’homme et rétablir la paix et la sécurité internationales.

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En parallèle, des actions en justice ont été engagées. Le 22 avril 2024, les cabinets d’avocats Amsterdam & Partners LLP et Bourdon & Associé, mandatés par le gouvernement congolais, ont publié un rapport accablant intitulé « Minerais de sang – Le blanchiment des 3T de la RDC par le Rwanda et des entités privées ».

exploitation artisanale du cobalt en RDC
Exploitation artisanale du cobalt par des enfants en RDC

Ce rapport dénonce les graves violations des droits humains liées à l’exploitation illégale des minerais en RDC et pointe la complicité du Rwanda. Sur base de ce rapport, les avocats Robert Amsterdam et William Bourdon ont également mis en demeure Apple, exigeant des réponses claires concernant l’utilisation par la société de minerais provenant de zones de conflit en RDC.

Un problème persistant qui exige une solution durable

Le contrôle et le trafic illicite des minerais demeurent des problèmes persistants au Nord-Kivu, alimentant les conflits armés et les violations des droits humains. La situation à Rubaya illustre la complexité du défi et la nécessité d’une action concertée de la part des autorités congolaises, de la communauté internationale et des entreprises qui s’approvisionnent en minerais de la région. Un embargo contre le Rwanda pourrait constituer une étape importante pour briser le cycle de l’exploitation illégale et contribuer à la paix et à la stabilité dans l’est de la RDC.

Identifier les responsables renforcer la traçabilité des minerais

Il est important de souligner la nécessité d’une enquête indépendante pour identifier les responsables des violations des droits humains liées à l’exploitation minière illégale en RDC, et l’importance de renforcer les mécanismes de traçabilité des minerais pour garantir une provenance éthique et responsable.

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En plus il faut relever le rôle crucial que doivent jouer les entreprises multinationales dans la lutte contre le commerce illégal des minerais en s’assurant de la provenance légitime des matières premières qu’elles utilisent.

Par ailleurs, il y a nécessité d’un engagement continu de la communauté internationale pour soutenir les efforts de la RDC visant à promouvoir une exploitation minière responsable et durable.