Métis belgo-congolais

Une vingtaine de métis, nés de père belge et de mère congolaise, ont récemment atterri en Belgique pour un bref séjour. Leur objectif ? Renouer avec leur passé et, pour certains, se recueillir sur la tombe de leur père ou consulter les archives qui les concernent. Dix-neuf d’entre eux, principalement nés avant 1960, ont été accueillis à l’aéroport de Zaventem par la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, après leur départ de Kinshasa.

Des métis Belgo-Congolais accueillis à Bruxelles par la ministre Belge des AE, Hadja Lahbib (photo Belga)

Reconnaitre la ségégation subie par les métis

La diplomatie belge a pris des mesures concrètes à la suite d’une résolution adoptée à l’unanimité (à l’exception de la N-VA) par la Chambre le 29 mars 2018. Cette résolution visait à reconnaître la ségrégation subie par les métis pendant la période coloniale en Afrique centrale (République démocratique du Congo, Burundi et Rwanda). Une vingtième personne avait précédé ce groupe pour un séjour de quatre jours.

Ces individus sont souvent considérés comme les “enfants oubliés de la colonisation”. Les autorités estiment qu’entre 14 000 et 20 000 enfants métis, issus de l’union entre des hommes blancs en poste au Congo belge et au Ruanda-Urundi, et des mères rwandaises, burundaises ou congolaises, ont été enlevés à leur mère et ramenés de force en Belgique. Certains ont même été cachés dans des pensionnats tenus par des congrégations religieuses, où leur identité a souvent été effacée.

En avril 2019, le Premier ministre de l’époque, Charles Michel, avait présenté les excuses de la Belgique aux métis victimes de discriminations pendant la période coloniale et au-delà. La venue de ces vingt personnes, membres de deux associations (l’Association des Enfants des Belges laissés au Congo et l’Association des Métis au Congo, créée en 2009), a été prise en charge par le Service public fédéral (SPF), qui a hérité des archives concernant cette période sensible. Lire aussi : Une vingtaine de métis congolais séjournent en Belgique à la recherche de leur passé | Belgique | 7sur7.be

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Enfants Belgo-Congolais abandonnés : un héritage douloureux

Lorsque le Congo a accédé à l’indépendance en 1960, une période tumultueuse a commencé pour les enfants belgo-congolais. Ces enfants, issus de couples mixtes ou nés de relations entre des Congolais et des Belges, ont été pris au cœur d’une histoire complexe et tragique.

La Belgique, ancienne puissance coloniale, a joué un rôle crucial dans la vie de ces enfants. Après l’indépendance du Congo, certains d’entre eux ont été abandonnés, séparés de leurs familles biologiques, et emmenés en Belgique. Leur sort était souvent incertain, et ils ont été confrontés à des défis émotionnels et identitaires.

Contexte Historique

Pour rappel, la période postindépendance du Congo a été marquée par des tensions politiques, sociales et raciales. Les relations entre les Belges et les Congolais étaient complexes, et les enfants issus de ces unions mixtes étaient souvent considérés comme des symboles de cette relation compliquée.

Enfants métis Belgo-congolais (photo RTBF)

Hadja Lahbiba, la ministre belge des Affaires étrangères, a joué un rôle controversé dans cette histoire. Elle a supervisé le transfert de certains de ces enfants vers la Belgique, dans le but présumé de leur offrir de meilleures opportunités. Cependant, ce processus a été entaché de problèmes juridiques, de manque de transparence et de traumatismes pour les enfants concernés.

Conséquences pour les enfants

Les enfants belgo-congolais emmenés en Belgique ont dû faire face à des défis majeurs : ils ont grandi dans un environnement culturel différent, avec des langues, des coutumes et des traditions étrangères. Certains ont eu du mal à trouver leur place et à comprendre leur identité. En plus, la séparation d’avec leur famille biologique et leur pays d’origine a laissé des cicatrices profondes. Beaucoup ont souffert de déracinement, de perte et de solitude.

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Par ailleurs, en Belgique, ces enfants ont souvent été confrontés à la discrimination raciale et à des stéréotypes négatifs. Ils ont dû lutter pour s’intégrer et trouver leur voie.

Association des métis belges abandonnés au Congo (ph droits tiers)

Vers la réconciliation

Aujourd’hui, la Belgique reconnaît enfin ce chapitre sombre de son histoire. Des efforts sont faits pour rétablir les liens entre les enfants belgo-congolais et leurs familles biologiques. Des programmes de réconciliation et de soutien psychologique sont mis en place pour aider ces individus à guérir et à retrouver leur identité.

Il est essentiel de se souvenir de ces enfants, de leurs histoires et de leurs souffrances. Ils sont le reflet d’une époque complexe et d’un héritage douloureux. Espérons que la vérité et la réconciliation permettront de panser ces blessures et de construire un avenir plus juste pour tous.