Mbankana insécurité

La région de Mbankana, à l’est de Kinshasa, est en proie à des violences et des pillages depuis plusieurs semaines.

Des militaires non identifiés ont vandalisé la maison d’un habitant d’Ibi Village et volé ses biens, dont deux tronçonneuses, de la nourriture et des affaires personnelles. Ils ont aussi arrêté le personnel d’une propriété appartenant à Olivier Mushiete, l’ex-DG de l’ICCN.

Ces faits se sont produits la semaine dernière, dans le groupement de Mbankana, à Maluku. Ces incidents ont suscité la colère et l’inquiétude de la population. Certains jeunes Bateke se sont alliés à des militaires pour saccager des fermes dans la zone. Ils circulent en voitures surnommées « ketch » ou à moto, et arrêtent arbitrairement toute personne qu’ils croisent entre Dumi et Bankana, l’accusant d’être un milicien mobondo, et la détenant.

Le 25 janvier, une opération des FARDC à Musiabikui a entraîné des pillages et des contrôles, touchant des fermiers privés à l’ouest de la piste et une famille de charbonniers travaillant avec l’ONG GI-Agro à l’est de la piste 1. Trois personnes ont été appréhendées et relâchées après paiement de frais et vérification de leur appartenance au mouvement Mobondo. C’était la première fois que des charbonniers étaient pillés sur le site du Puits de carbone d’Ibi-Bateke.

Arrestations arbitraires et pillages

La situation sécuritaire s’est aggravée à Musiabikui du 29 au 31 janvier 2024, avec des actions des FARDC provoquant des arrestations massives de travailleurs, des pillages de maisons, et des conditions de détention difficiles. Au total, 28 personnes arrêtées à Ibi village ont été emprisonnées, avec quatre libérations signalées samedi dernier. Les autres sont toujours détenues au camp militaire appelé Sogea, ancien chantier de la construction de la RN1, section Lufimi-Kwango.

Eléments de la milice Mobondo
Eléments de la milice Mobondo qui causent l’insécurité aux abords de Kinshasa (Ph. Droits tiers)

Des cas de rançonnements et d’intimidations contre des commerçants locaux ont aussi été rapportés. Les militaires affirment que le mouvement Mobondo est terminé dans la région, mais les opérations en cours font craindre la poursuite des violences et leur impact sur la stabilité et la sécurité dans le secteur de Mbankana. La communauté locale redoute des conséquences négatives sur l’approvisionnement alimentaire et la main-d’œuvre locale, compromettant l’avenir de la région.

Lire :  Ituri : Plus de 40 civils tués par des ADF et miliciens Zaïre

Origines de la tension dans la région

La situation est tendue dans cette région à cause d’un conflit entre les communautés Teke et Yaka, qui se disputent le pouvoir coutumier et les droits fonciers. Ce conflit a dégénéré en violences meurtrières, impliquant une milice appelée « Mobondo » et les forces de sécurité congolaises. Selon Human Rights Watch, au moins 300 personnes ont été tuées et plus de 50 000 personnes déplacées depuis juin 2022. Les autorités n’ont pas réussi à protéger les civils, à faire respecter l’état de droit, ni à fournir une aide humanitaire suffisante. Lire aussi : Kwango : Les Mobondo tuent 7 personnes dans une incursion dans le secteur de Bukangalonzo – Infocongo