Sit-in à la CENI l'opposition en discussion avec la police

Trois heures viennent de s’écouler depuis que Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo sont arrivés sur le boulevard pour conduire le sit-in de l’opposition devant la CENI. Trois heures qu’ils sont en pourparlers avec la police pour accéder au site situé à quelque 300 mètres de leur position actuelle. Trois heures également que les forces de l’ordre se montrent intraitables, appliquant la consigne de l’autorité urbaine qui a interdit cette manifestation au motif que le site choisi est une zone neutre.

Un argument que l’opposition avait déjà rejeté, rappelant que sur ce site même et sur plusieurs autres ailleurs, plusieurs manifestations ont déjà été tenues aussi bien par la majorité au pouvoir que par l’opposition.

La police tente de charger les manifestants

Le camion de la police veut forcer le bloc de manifestants

Pour l’heure, l’ambiance vire petit à petit à la tension depuis que la police tente de charger les manifestations. Un camion anti-émeutes fait, en effet, semblant de rentrer dans la foule pour la repousser, alors que celle-ci continuer de faire pression pour défoncer la haie de police. Mains en l’air, les manifestants se disent, par ce geste, déterminés à éviter tout prétexte d’accusation de violence. Scandant des chansons dénonçant la dérive dictatoriale du nouveau régime, cette foule entretient de la sorte sa patience tout en essayant de tromper la vigilance du dispositif policier.

Un feu de camp est allumé à même la chaussée du boulevard, et les manifestants tournent tout autour, scandant des chansons d’animation sous un soleil plutôt clément.

Un feu allumé par les manifestant’s sur le boulevard du 30 juin

Entre-temps, quelques voix échappent du milieu de la petite mêlée où se toisent les leaders de l’opposition et le commandement de la police. Autour de cette mêlée, un bataillon de caméras immortalisant chaque instant de cette confrontation. La presse aussi a été interdite d’accéder à la zone d’exclusion.

L’opposant Martin Fayulu, président de l’ECIDE est très remonté : « Nous avons décidé de faire un sit-in devant le bureau de la CENI. Nous sommes en sit-in. Je crois qu’ils ont compris le message. Nos militants sont là, mais ils sont empêchés, mais ils sont là », a-t-il dit à la presse.

Les 4 leaders de l’opposition face à la police

“Nous n’accepterons pas une nouvelle fraude électorale” (Fayulu)

Pour lui, le message est le même : « Nous sommes là pour dire à la CENI que nous n’accepterons pas une nouvelle fraude électorale. Nous n’acceptons pas ce fichier électoral falsifié pour faire passer Félix Tshisekedi ».

L’opposition n’entend pas désarmer et promet d’intensifier la pression :

« Nous continuons à résister. S’il pense qu’il va passer par la force, s’il pense qu’il va consommer l’argent du contribuable congolais comme il l’entend et qu’il va encore faire garder à Félix Tshisekedi le poste qu’il a usurpé, nous lui disons non. C’est la vérité des urnes qui va prévaloir. ».

Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu n’est pas tendre avec le pouvoir en place. Au cours de la manifestation organisée ce jeudi dans la commune de la Gombe avec ses compères de l’opposition, il a dénoncé les conditions dans lesquelles se déroulent le processus électoral.

« La CENI n’existe pas pour elle-même. Nous dénonçons un processus chaotique. Ce pays n’appartient ni à la CENI ni à Monsieur Tshisekedi ni à ses amis. Ce pays appartient aux Congolais, c’est aux congolais de s’approprier ce processus électoral. Ce que nous avons amorcé le 20 mai et que nous poursuivons aujourd’hui va dans le sens de sensibiliser la population pour rejeter un processus qui est chaotique sur tous les plans », a-t-il dit.

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Il est également revenu sur les récents événements politiques : « Vous voyez la restriction de l’espace politique. Les candidats ne peuvent pas se mouvoir à leur guise sur l’étendue du territoire national. Un de nous a été empêché de se rendre en province ».

“Une CENI que tout le monde sait corrompue” (Sesanga)

Il a eu des mots très durs au sujet de la centrale électorale : « On n’a pas la liberté de manifester et d’exprimer nos opinions. On a une CENI que tout le monde sait totalement corrompue qui nous a pondu un fichier dans les conditions les plus opaques depuis que nous organisons des élections dans ce pays ».

Revenant sur l’audit du fichier électoral par des experts choisis par la CENI, Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu n’y est pas allé de main morte : « La CENI a elle-même audité son propre fichier. C’est la première fois qu’on voit pareille supercherie, c’est une forfaiture contre laquelle nous nous battons. L’ensemble du peuple doit se mettre debout pour se réapproprier le processus.

Processus électoral chaotique (Matata)

Quant à Augustin Matata Ponyo, il a déclaré : « Nous sommes là parce que nous sommes venus manifester contre un processus électoral chaotique. Les élections, ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas du folklore. C’est un processus équitable, transparent, équitable et juste. Lorsque ce processus ne remplit aucune de ces conditions, il est normal que nous puissions manifester au nom de la population ».

Et d’ajouter : « Nous sommes là pour un sit-in. Si aujourd’hui la police instrumentalisée par le pouvoir n’est pas à mesure de nous laisser juste pour un sit-in cela veut dire que le pouvoir se reproche quelque chose, c’est que la CENI se reproche de quelque chose. Nous n’allons pas accepter que les élections soient un théâtre de chez nous ».

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