La barbarie dont la police nationale congolaise, sous les ordres du général Sylvano Kasongo, chef de la police de la ville de Kinshasa, a fait montre, samedi 20 mai, lors de la marche pacifique de l’opposition, a révulsé plus d’une conscience.
Ces images immondes, d’une police qui s’acharne sur des civils sans armes, dont des enfants mineurs, vite devenues virales, ont fait le tour du monde, et les médias internationaux, dont la chaine française TV5 Monde les ont aussitôt diffusées dans leurs tranches d’information.
Ainsi, une fois de plus, l’amateurisme dans le chef de ceux à qui le pouvoir congolais confie des responsabilités publiques contribue à ternir l’image d’un pays qui navigue à vue, avec un leadership exécrable…
Dans les lignes qui suivent, nous reprenons la lettre ouverte d’un citoyen congolais indigné, adressée au Général Sylvano Kasongo.
Lettre ouverte au Divisionnaire Adjoint Sylvano Kasongo, Chef de la Police de la ville-province de Kinshasa
Monsieur le Divisionnaire Adjoint,
« Chassez le naturel, il revient au galop », dit un adage. Lors des marches récentes, la police de la ville-province de Kinshasa que vous dirigez depuis des années avait, pour une première, fait preuve d’un professionnalisme sans précédent et c’est tout le monde qui vous en avait félicité, sachant que vous avez souvent brillé, via les éléments de la police sous votre commandement, par des actes peu humains et injustifiés au regard de la violence que dégage cette police dont la vocation première devait être celle de protéger les citoyens.
Monsieur le Divisionnaire Adjoint, je vais vous rappeler que rien, alors rien ne vous donne le privilège de bastonner gratuitement de paisibles citoyens qui revendiquent leurs droits leur garantis par la Constitution. Pour votre gouverne, vous en êtes conscient mais vous faites volontairement semblant, la constitution de la République Démocratique du Congo ne consacre pas le régime d’autorisation.
Nous sommes plutôt dans une logique d’information. Malgré cela, pourquoi trouvez-vous du plaisir à maltraiter vos compatriotes, à humilier les leaders politiques en qui des millions des Congolais se reconnaissent ? Hier, vous avez servi un régime qui prenait du plaisir à tuer ses propres citoyens parce que ces derniers n’étaient plus d’accord avec les velléités dictatoriales de leurs dirigeants. Pendant ce temps, vous serviez le même régime en tant que numéro un de la police dans la ville-province de Kinshasa. Les personnes tuées durant toutes les manifestations contre le régime Kabila sont bien connues et leur sang continue à crier.
Le prix de la mégalomanie
Connaissez-vous la policière Carine Lokeso? Sa mégalomanie l’avait amenée jusqu’à tuer Rossi Mukendi Tshimanga afin de faire plaisir à sa hiérarchie. Aujourd’hui, elle est en prison et ceux qui l’envoyaient dans cette sale besogne continuent d’occuper des postes avec le nouveau régime. Cet exemple devra vous faire comprendre ceci, comme le dit Héraclite, « tout coule, tout change ». C’est comme qui dirait également : « les forts d’aujourd’hui sont les faibles de demain ». Et je ne pense pas que vous dérogerez à cette règle.
Monsieur le Divisionnaire Adjoint, avez-vous vu comment vos éléments ont maltraité le député provincial Mukebay ? C’est comme s’il avait volé ou tué quelqu’un. Avez-vous vu les images où vos policiers sont entrain de traîner à même le sol, entrain de ballotter un enfant, de le frapper avec un gros bâton, sans remords aucun et dont l’âge pourrait varier entre douze et treize ans ? Avez-vous regardé la vidéo où vos policiers sont en pleine bastonnade d’un jeune homme partisan de l’opposition alors qu’il tentait de se sauver ? Son seul péché, c’est d’avoir pacifiquement marché pour revendiquer ce qui est son droit le plus légitime.
En agissant ainsi, c’est comme si ce pays n’appartenait qu’à vous et à ceux qui vous envoient, et que les autres habitants dudit pays n’ont aucun mot à dire sur leurs vies. Quelle attitude honteuse et opprobre ! Ces moyens colossaux sortis par votre régime pour empêcher cette marche pouvaient servir pour sécuriser les inoffensifs congolais dans les provinces du Maï-Ndombe, du Kwango et du Kwilu qui sont actuellement terrorisés par la milice Mobondo. C’est malheureusement contre la population que vous utilisez toutes les munitions achetées grâce au contribuable congolais.
Les Kulunas, problème de société à Kinshasa, toujours actifs
Ceci dit, parce que vous avez opté pour une amnésie volontaire, je vais ici vous remémorer les cervelles en déclarant qu’après autant d’années passées à la tête de la police de Kinshasa, vous n’êtes pas parvenu à mettre fin au phénomène Kuluna qui est devenu un véritable problème de société. Mais vous êtes le premier à envoyer vos éléments donner du fil à retordre aux paisibles citoyens congolais qui ont pris conscience de la profondeur du mal qui ronge le pays. Retenez ceci : « Vox Populi, Vox Dei » (la voix du peuple est la voix de Dieu).
En effet, je sais qu’après avoir pris connaissance du contenu de cette correspondance, vous aurez un seul sentiment, c’est celui de chercher à me tuer. Si vous pensez que c’est vous qui m’avez donné ce souffle de vie à la place du créateur, faites-le, car je ne me tairai point pour l’intérêt supérieur de mon pays. Et je suis convaincu que Dieu vous punira un jour pour tous les torts que vous avez causés à son peuple depuis l’époque de Kabila jusqu’à l’heure qu’il est.
Qui sème le vent…
Vous avez trouvé bon de satisfaire les hommes et d’irriter Dieu en maltraitant l’homme qu’il a créé à son image. Toutes les larmes des familles que vous avez attristées et continuez d’angoisser ne tariront pas complètement sans que le Seigneur ne vous frappe. Quand vous confesserez, ce sera tard car celui qui a créé le ciel et la terre est aussi celui qui a créé et institué la loi de la semaille et de la moisson. Comme vous semez le vent, Monsieur le Divisionnaire Adjoint, vous récolterez la tempête. Lire aussi: RDC : La marche ensanglantée de l’opposition – Infocongo
Bref, c’est avec un cœur meurtri que j’ai pris ma plume pour vous adresser cette correspondance à travers laquelle je vous exprime ma tristesse de constater amèrement que le régime de Kabila n’a rien de différent avec le régime actuel. Votre présence à la tête de la police kinoise en est une illustration parfaite.
Je termine cette lettre en vous disant que le Seigneur Dieu des armées vous rendra la monnaie de la pièce avant que vous ne répondiez de vos bavures devant la justice des hommes ce, tôt ou tard.
Fait à Kinshasa, le 21 mai 2023
Ekofomonsengwo wa Mulumba Le Patriote