Troupes ougandaises

Des frappes aériennes et d’artillerie ont été menées mardi depuis l’Ouganda sur des positions du groupe rebelle Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo, a annoncé sur Twitter le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya.

Ces opérations interviennent au lendemain d’une communication de la partie congolaise qui précisait qu’il n’y a pas de troupes ougandaises sur le sol congolais, mais qu’il était prévu des « actions ciblées et concertées » avec l’Ouganda contre les ADF.

« Comme annoncé, les actions ciblées et concertées avec l’armée ougandaise ont démarré aujourd’hui avec des frappes aériennes et des tirs d’artillerie à partir de l’Ouganda sur les positions des terroristes ADF en RDC », indique le tweet du porte-parole, le ministre de la Communication.

« Ce matin, nous avons lancé des frappes aériennes et d’artillerie conjointes contre des camps ADF avec nos alliés congolais », a indiqué dans un autre tweet quasi simultané le porte-parole de l’armée ougandaise (UPDF, Uganda People’s Defence Force).

Autorisation présidentielle sans consulter le Parlement

Un conseiller de la présidence de RDC avait déclaré dimanche à l’AFP que le président Félix Tshisekedi avait autorisé l’armée ougandaise à traverser la frontière pour combattre les rebelles des ADF, auteurs de massacres dans l’est de la RDC et accusés par Kampala d’être les auteurs de récents attentats dans la capitale ougandaise.

Soldats Ougandais entrant à Nobili (RDC)

En RDC, cette autorisation n’est pas vue d’un bon œil par tous les Congolais, certains pointant du doigt le rôle joué par les voisins ougandais et rwandais dans la déstabilisation de l’est du pays depuis près de 30 ans. Le mouvement citoyen Lucha (Lutte pour le changement) a ainsi commenté sur Twitter : « L’armée ougandaise effectue des frappes aériennes sur le sol congolais sans entrer dans l’espace aérien Congolais ? Le parlement a-t-il été informé (cf Constitution)? Frappes aériennes & artillerie contre des terroristes éparpillés dans la forêt ?

Lire :  Beni :13 civils massacrés par les ADF dans deux attaques différentes

De son côté l’ancien candidat à la présidentielle, Noel Tshiani, également opposé à l’entrée des forces ougandaises en RDC écrit toujours sur Twitter « Je dis NON à l’autorisation d’entrer en RDC donnée par Pdt fatshi et son Gouvernement à l’armée Ougandaise qui s’est illustrée par le pillage de nos ressources, les viols de nos femmes et des crimes horribles sur nos populations depuis 1996. Respectons nos morts. »

Communication réactionnaire du gouvernement congolais

Pour rappel, lundi 29 novembre, lors d’un briefing habituel consacré à l’état de siège instauré depuis début mai dans deux provinces de l’est de la RDC, le ministre congolais de la Communication avait assuré lundi qu’il n’y avait « pas de troupes ougandaises » en RDC, mais que des « actions ciblées et concertées » étaient « envisagées avec l’armée ougandaise pour combattre les terroristes de l’ADF, notre ennemi commun ».

A l’origine, les ADF étaient une coalition de groupes armés ougandais, dont le plus important était composé de musulmans opposés au régime du président Yoweri Museveni. Ils sont installés depuis 1995 dans l’est congolais, où ils ont fait souche.

Depuis avril 2019, certaines de leurs attaques sont revendiquées par l’organisation État islamique qui désigne le groupe comme sa « Province d’Afrique centrale ». En mars dernier, les États-Unis ont placé les ADF parmi les « groupes terroristes » affiliés aux jihadistes de l’EI. Lire aussi: RDC : société civile et élus nationaux réagissent à l’autorisation d’entrée en RDC de l’armée ougandaise

AFP/ Infocongo.net