Machette

Moins de deux semaines après leur arrivée au centre de Kaniama Kasese dans la province du Haut-Lomami, des tentatives de fuite sont déjà enregistrées parmi les jeunes délinquants de Kinshasa, communément appelés « Kulunas », ont indiqué des sources locales jeudi 12 novembre. Lire aussi: Arrivée des « kulunas » à Mbuji-Mayi, en transit pour Kanyama Kasese

Kuluna rassemblés à Kinshasa avant leur transfèrement à Kaniama KAsese

D’après le journaliste d’une radio à Kaniama Kasese, Pascal Mpiana, les Kulunas qui se sont exfiltrés se dirigeaient vers la province du Kasaï-Oriental. Il précise que ces derniers ont été rattrapés après dénonciation de la population :

Kaniama breack

« Les Kulunas ont commencé à fuir leur site de cantonnement, qui est situé au village Mambuwa à 20 kilomètres de la cité de Kaniama. Cinq Kulunas déjà en fuite vers le Kasaï-Oriental ont été retrouvés par les encadreurs, grâce à l’alerte de la population 24 heures après leur disparition du centre de formation. Les Kulunas, que les encadreurs ont retrouvés en fuite, dénoncent le manque d’encadrement. Ils parlent du mauvais traitement dont ils sont victimes depuis leur arrivée. »

Il cite par ailleurs la société civile locale, qui pense que ces jeunes doivent être bien encadrés pour éviter de plonger la cité de Kaniama dans l’insécurité :

« La société civile du territoire de Kaniama et ses composantes déplorent la fuite de ces Kulunas qui plongerait la cité de Kaniama dans l’insécurité. Il faut aussi rappeler que le dernier fuyard, gardé à l’état-major de la police, a été remis ce mercredi 11 novembre 2020 matin aux encadreurs du service national en présence de l’administrateur de territoire intérimaire. Signalons déjà que 600 Kulunas sur les 2000 sont déjà arrivés à Kaniama. »

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L’administrateur du territoire intérimaire de Kaniama, Florent Mwamba Kabeya, qui s’inquiète de cette situation, indique que ses services ont aussi mis la main sur un des fuyards.

L’Assemblée provinciale du Haut-Lomani opposée à la présence des Kulunas à Kaniama Kasese

Rappelons que dès leur arrivée à Kaniama Kasese, plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer le transfert de ces délinquants dans la province du Haut-Lomami. Dans un communiqué de presse publié mercredi 4 novembre, l’Assemblée provinciale du Haut-Lomami avait exprimé sa surprise de voir arriver ces jeunes criminels à Kaniama Kasese sans que les autorités provinciales ne soient officiellement informées.

Pour la société civile locale, ces jeunes, qui n’ont pas une bonne réputation, risquent d’être sources d’insécurité pour les habitants de ce territoire. Elle se demande pourquoi le gouvernement ne recrute pas les jeunes localement pour qu’ils apprennent aussi un métier.

Les députés provinciaux quant à eux, évoquaient aussi la mauvaise expérience qu’a le Haut-Lomami après le passage dans ce site d’autres jeunes délinquants. Ils citent le cas des membres de la milice Kamuena Nsapu, qui avaient fini par faire subir à la population locale des exactions de toutes sortes.

Pour cela, l’assemblée provinciale recommande entre autres : « d’envisager la possibilité d’orienter ces bandits vers les centres d’éducation les mieux appropriés en vue de prévenir la sécurité de la pauvre population.  La province du Haut-Lomami est prête à disponibiliser de la main d’œuvre nécessaire pour le renforcement de la production agricole au service national de Kanyama Kasese ».

Réprobation aussi de la province du Lualaba

Également préoccupée par l’arrivée des Kuluna à Kaniama Kasese,  la province du Lualaba demande leur prise en charge systématique par le gouvernement central. Dans un entretien accordé à Radio Okapi dimanche 7 novembre, le ministre provincial de l’Intérieur, Déodat Kapenda, affirmait que cela éviterait que ce centre ne se vide et que ces jeunes ne se dirigent vers d’autres provinces, dont le Lualaba qui est voisin à la province qui les accueille, pour y semer de l’insécurité.

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« On pouvait ne fût-ce qu’avant de les déplacer de Kinshasa vers quelque part, les réunir les former, les réinsérer mentalement qu’ils soient socialement prêts à œuvrer comme tous les autres citoyens. Mais, les prendre leur arracher la houe qu’ils utilisaient pour tuer et leur donner une houe pour cultiver. Je crois qu’ils peuvent facilement se tromper, au lieu de cultiver, à continuer leur sale besogne », a-t-il estimé.

Réprobation aussi de la province du Lualaba

« Les (Kulunas) déplacer de Kinshasa vers Kaniama Kasese, il faut assurer leur prise en charge c’est-à-dire leur manger au quotidien, leur toilette et tout ce que vous pouvez vous imaginer. Ça aussi ce n’est pas facilement lorsqu’on regarde ce qui s’est passé avec les recrues à Kamina. (…) Lorsqu’ils vont cultiver au mois de novembre maintenant la récolte, c’est au mois d’avril. Donc, il faut s’assurer que la période avant la récolte serait une prise en charge systématique par le gouvernement central. Sinon, alors ils vont fuir vers le Haut-Lomami et vers le Lualaba et nous ne voulons pas que la courbe de l’insécurité puisse remonter. S’il y a des signes que Kaniama commence à se vider vers les autres provinces, nous allons allumer les projecteurs pour surveiller les frontières. »

Déplacer les Kuluna de Kinshasa, vers Kaniama Kasese sans aucune mesure d’encadrement est une bêtise, comme déshabiller Saint-pierre pour habiller Saint-Paul. Maintenant qu’ils ont commencé à s’évader, ils vont finir par mettre un point des plans mieux élaborés pour se soustraire à la surveillance de leurs gardes et de la population, pour s’égailler dans la nature et aller soit gonfler les rangs des groupes armés, ou regagner Kinshasa et…rebonjour les dégâts !