Kabund et Kabuya

Bilan macabre et lourd pour la journée de jeudi 09 juillet 2020 en RDC. Des morts et des blessés pour une manifestation voulue pacifique en période de confinement.

L’UDPS, parti au pouvoir, a marché pacifiquement, jeudi 9 juillet 2020, à Kinshasa et dans d’autres villes des provinces, notamment à Lubumbashi, Mbuji Mayi, Kisangani, Béni… pour protester contre l’entérinement de Ronsard Malonda comme président de la CENI, en remplacement de Corneille Nangaa.

Marcher envers et contre tout!

Combattants de l’UDPS dans les rues de Kinshasa, le 09 juillet 2020

Malgré la décision du gouvernement central, interdisant toute manifestation sur toute l’étendue de la RDC, les combattants de l’UDPS, soutenus par LAMUKA, étaient dans la rue. On a remarqué la présence de MS de Pierre Lumbi, de MLP de Franck Diongo, du MLC de Jean-Pierre Bemba et tant d’autres. Ils ont défié la décision issue de la rencontre, autour du Premier Ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, du VMP, ministre de l’Intérieur, du Ministre de la Décentralisation, du Ministre de la Défense et Anciens combattants, du Gouverneur de la ville, Gentiny Ngobila et des responsables des services de Sécurité.

Après l’annonce de ladite décision par le ministre de l’Intérieur, plusieurs voix se sont levées pour défier les autorités. L’UDPS, parti au pouvoir, s’est basée sur la Constitution qui donne droit de manifestation, dans son article 26.

« Le parti présidentiel a soutenu qu’il avait rempli les conditions exigées par la Constitution en informant l’autorité pour l’encadrement de la marche », a fait savoir Franck Kilolo.

« Souvenez-vous de l’Afrique du Sud ?  Mandela en prison, son parti ANC au pouvoir descendait dans la rue pour manifester, à chaque fois que les choses allaient mal en faveur de la population », a ajouté le Secrétaire général de L’UDPS, Augustin Kabuya.

Le président a.i., Jean-Marc Kabund, a ajouté que son parti va marcher sans cesse et la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la CENI est classée dans les oubliettes.

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Plusieurs autres organisations de la Société civile sont montées au créneau pour soutenir le parti au pouvoir en le rejoignant à la marche pacifique, tant dans la capitale qu’en  provinces.

Un dispositif policier important pour créer la peur

Malgré ce grand dispositif policier déployé dans des artères de la ville, l’UDPS avait promis qu’il n’y aura aucun coup de balle tiré sur les manifestants. Celui qui oserait, donnerait l’occasion au pouvoir de livrer à la CPI, les officiers militaires et policiers sous sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Comme il y a eu de balles tirées en l’air  et à bout portant,  nous osons croire que les officiers de la police sous sanctions du Conseil de Sécurité seront livrés à la CPI par les autorités de Kinshasa.

UDPS et PPRD, à chacun sa majorité

Les bérets rouges du PPRD

Ce test de popularité dont l’UDPS réclame la majorité populaire et le PPRD la majorité au Parlement a  enregistré plusieurs dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Le parti de la 10ème rue Limete a mis en déroute son adversaire de l’avenue Pumbu à Gombe, qui a osé choisir la même date du jeudi 9 juillet pour organiser aussi une marche pacifique soutenant la candidature de Ronsard Malonda.

Pour défier son partenaire, le PPRD a choisi le même itinéraire que l’UDPS. Mais aucun camarade du parti de Shadari n’a été visible sur le terrain.

Selon un proche du PPRD, ce n’était qu’une stratégie bien organisée pour permettre au Gouverneur Gentiny Ngobila d’annuler les deux marches.

Dans le même camp, le coordinateur du FCC, Nehemie Mwilanya, rejette l’hypothèse d’avoir soutenu Ronsard Malonda qui, selon lui, est le candidat des confessions religieuses. Mais, la population congolaise le sait que c’est le FCC qui est derrière la candidature de celui qui est, jusque-là, Secrétaire exécutif national de la CENI. L’imposition par Jeanine Mabunda de la candidature de Malonda est pour permettre au PPRD et ses alliés de contrôler la Commission électorale nationale indépendante lors des élections de 2023, qu’ils comptent remporter à tous les niveaux avec le même système lors des trois dernières législatures.

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Les Kimbanguistes ne connaissent pas Malonda

L’église Kimbanguiste dont on attribuait la charge de présenter Malonda comme son candidat, a clairement déclaré qu’elle ne le connaît pas. « Ronsard Malonda n’est ni membre de l’église Kimbanguiste, ni son candidat. Donc sa candidature est nulle et sans effet. Nous nous préparons pour donner le nom de notre candidat », a écrit le responsable de l’église, Simon Kimbangu Kiangani, dans sa lettre adressée à Jeanine Mabunda.

Les affrontements entre combattants de L’UDPS et la police

La Police aux prises avec les combattants de l’UDPS à Beni, le 09 juillet 2020

Le jeudi 9 juillet 2020 dans la capitale congolaise, l’UDPS s’est affrontée à la police qu’elle même gère. La police parle de 2 morts tandis que L’UDPS parle de 3 morts dans le rang de ses combattants. Les deux camps donnent presque le même nombre de blessés qui sont de 23 à 24.

Quand aux dégâts matériels, ils sont considérables : le siège du PPRD 6eme rue Limete a été saccagé, celui de Sendwe semblait être visité, bien que protégé par des hommes armés de machettes ;  l’église Armée de l’éternel de Sony Kafuta sur Sendwe a été vandalisée ; le Sous-Ciat de l’avenue Lodja à Kasa-vubu, mis à sac et, selon le porte-parole de la police, deux armes à feu ont été emportées ; quelques pare-brises de véhicules étaient aussi brisés.

Au niveau de la place de la Victoire, la police semblait être débordée par la population qui ne faisait que s’accroître toutes les minutes. Il a fallu un renfort de jeeps des policiers et véhicule citerne lanceur d’eau chaude pour maîtriser la situation.

Des gaz lacrymogènes pleuvaient pour disperser les manifestants qui venaient de partout.

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Aux croisements de l’avenue Kasa-vubu et Lokolama, Oshwe et Masi-Manimba, les combattants de l’UDPS, appuyés par d’autres mouvements de la Société civile et partis politiques de l’opposition, ont barricadé la route avec moellons, tôles et tout corps solide qui tombaient sous leurs mains. Et à chaque barricade, il y avait de pneus  brûlés. Au niveau du stade des Martyrs, une fille gisait par terre. Vers l’avenue Gambela, un policier était victime de lapidation.

Des réactions, de part et d’autre

Le président des églises de réveil,  Sony Kafuta, accuse les Églises Catholique et Protestante d’être derrière les manifestants et soutient que Ronsard Malonda aurait gagné les élections devant les candidats d’autres confessions religieuses. Pour l’attaque de son siège, il promet une riposte à l’avenir.

Déclaration balayée d’un revers de main par les deux accusées. Selon le Secrétaire général de la CENCO, Abbé Donation N’Shole, qui a d’abord condamné les actes de vandalisme dans le chef de manifestants, les Évêques sont des prophètes, ils voient plus loin et savent lire l’avenir. C’est pourquoi ils ont dit « celui qui sème le vent récolte la tempête ».

En  ce qui concerne l’élection imaginaire de Malonda soulevée par Sony, la CENCO a précisé : « Comme il n’y a pas eu consensus autour d’un candidat, il ne pouvait pas y avoir un vote. Par manque de consensus, on avait interrompu la séance pour qu’on puisse se retrouver prochainement et les autres se sont arrangés en cachette pour établir des faux procès-verbaux ».

Du côté de l’ECC, c’est le même son de cloche …

Gel Boumbe