Kalev Mutond

L’interpellation de l’ex-patron de l’Anr pour « usage abusif » d’un passeport diplomatique est une affaire d’Etat  et non un fait divers comme certains le croiraient.

Tenez, lors de son entretien avec le sérieux magazine Jeune Afrique, Kalev Mutond a déclaré haut et fort qu’il travaille comme « Conseiller politique à la Primature.

S’il s’avère vrai, cette affaire semble se tourner contre le chef de l’Exécutif, Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Pourquoi le choix de Kalev à la primature ?

Les critiques formulées contre cette barbouze du régime Kabila tournent autour de ses voyages avec un passeport diplomatique qu’il utilisait en qualité de « conseiller » du Premier ministre, Ilunga Ilunkamba. Est-ce comme cadre du Fcc que Ilunkamba l’aurait pris à ses côtés ou par calcul stratégique ?

Par contre, ce dernier, après vérification, n’est, nullement, au cabinet Ilunkamba et, par conséquent, ne jouit point de ce privilège.

Un ordre de mission signé par le directeur de cabinet du Premier ministre en faveur de Kalev Mutond, en qualité de Conseiller politique

Soupçon d’espionnage

Pour les services de sécurité de la Présidence, Kalev passe pour un espion. Le doute s’installe quand on remonte les faits lui reprochés : ses multiples voyages à l’étranger surtout dans les pays voisins, dont l’Ouganda.

C’est pourquoi, on lui reproche d’avoir des accointances avec les ex-rebelles du M23 dans le but de déstabiliser le régime Tshisekedi. Cette situation vient soulever des soupçons.

Un élément à surveiller

La Direction Générale des Migrations, DGM, confirme à son tour que Kalev s’est plusieurs fois présenté comme conseiller politique du Premier ministre. Certains agents le traitent même de récidiviste qui a effectué plusieurs voyages avec un passeport diplomatique.

Le numéro un de cette institution, Roland Kashwantale, estime que ce dernier peut se déplacer comme il veut, comme tout citoyen ordinaire, pourvu qu’il ait un bon document.

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Toutefois, Kalev reste aux yeux de ce dernier un danger pour la sécurité de la République vu les fonctions qu’il vient d’occuper il y a peu.

Crise de confiance entre la Présidence et la Primature

L’épisode Kalev relance le climat de méfiance observé depuis quelques temps entre les membres du Fcc et du Cash et cette fois-ci, c’est au sommet de l’Etat.

La Primature recruterait un espion très actif pour suivre de près les faits et gestes du chef de l’Etat.

Du coup, la tension monte et l’atmosphère sent la puanteur entre le Président de la République et son Premier ministre.

S’il s’avère que «  l’ennemi de l’homme se trouve dans sa propre maison », Ilunga Ilunkamba pécherait par « faute professionnelle » grave qui porte préjudice à la sureté de l’Etat avec comme conséquence la démission, sa démission.

Au vu de ces éléments qui polluent l’environnement politique, fait de méfiance, et où la désinformation et la manipulation refont surface, on ne peut pas exclure des velléités qui pourront aboutir à une vraie déstabilisation du régime en place.

Que veut le peuple ?

Comme le dit un adage, quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent, les conflits d’intérêts entre les deux familles politiques Fcc-Cach ne font qu’accentuer la misère du peuple qui ne jure que par son bien-être.

C’est depuis le mois de janvier qu’une flambée vertigineuse des prix des denrées de première nécessité a surpris les congolais et la situation ne fait qu’empirer. Cette situation vient encore gêner la bonne marche du pays.

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La population reste ébahie sur la quiétude des personnes citées dans plusieurs scandales dont le dossier 100 jours.

Sous d’autres cieux, on assisterait à des démissions en cascade.

In fine, une rencontre rapide entre les deux autorités morales des deux familles politiques, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, est de mise, afin de tirer au clair tous les éléments en compétition : les vrais auteurs devraient être sanctionnés. Ce qui serait un signal fort pour l’avènement d’un Etat de droit.

Jacques Kalokola