La journée mondiale de la langue maternelle célébrée sous le thème « Kin aux littéraires »

Trois écrivains africains ont échangé avec le public sur  l’écriture dans la langue maternelle ce vendredi 21 février au Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa.

Il s’agit de l’auteure camerounaise et militante féministe Jihali Amadou Amal, auteure du livre « Munyal » : les larmes de la patience ; Jocelyn Danga, auteur du livre « Le Large » et Tata N’Longi, auteur de la pièce de théâtre «  Bateki Mboka ».

Ces auteurs ont essayé de réfléchir  avec les participants  sur le concept « langue maternelle »  à l’occasion de la journée mondiale de la langue maternelle.

Si pour certains la langue maternelle est la première langue que l’on apprend de la mère, pour d’autres, par contre, elle est la première que l’on apprend avant de fréquenter l’école initiale.

Jihali Amadou Amal, auteure

C’est ce que soutient madame Jihali, dont la maman qu’elle n’a pas connue, d’origine égyptienne, et parle la langue peule, apprise de son père : « on parlerait alors aussi de la langue paternelle dans ce cas »,  lâcha t- elle avec un sens de l’humour très particulier. Le point d’intersection est que c’est la langue du village grâce à laquelle on s’exprime et l’on se reconnait.

La valeur de la langue maternelle réside dans ce qu’elle est toute notre identité, et c’est pourquoi il faut nécessairement la conserver et la véhiculer.

Plaidoyer pour une littérature en langue maternelle

Il ressort un constat amer que la majorité d’auteurs africains n’écrivent pas en langue maternelle et préfère les langues étrangères, comme le français ou l’anglais.

L’auteure camerounaise soutient qu’à la base, l’écriture a une vocation universelle et non le contraire : «  Il est primordial de s’ouvrir. Il n’est pas toujours vrai que c’est quand on écrit en langue maternelle que l’on est lu. La littérature est une grande chance de survie pour une communauté ».

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Pour le jeune auteur congolais, Joyce Danga, écrire exclusivement en lingala peut avoir de l’effet sur la nationalité, mais si c’est pour écrire pour un large public, c’est compliqué : «  Il faut écrire dans des langues qui ont une portée », a-t-il fait déclaré.

De son côté, l’auteur de « Bateki Mboka »,  Tata N’Longi, la langue est une affaire politique, la direction que l’on veut donner à sa population : « On ne peut pas empêcher un auteur d’écrire dans une quelconque langue. Au niveau communautaire, s’il n’y a pas des auteurs qui écrivent dans la langue locale, il y a un problème ».

Des remèdes

Tous les intervenants ont reconnu qu’écrire est une discipline scientifique qui a des règles à suivre. Nos langues n’ont pas ces règles. D’où la nécessité, à cet effet, une décision politique à prendre qui passe par l’éducation. Ceci va créer des écrivains en langue locale et les lecteurs. Il convient ainsi de mettre la création avant la politique. Il faut aussi un travail sur les mots. La diversification devient ainsi une nécessité. En somme, cette démarche doit être plus pensive que militante.

Et  Jihali Amadou Amal de conclure : « les langues maternelles sont une richesse et il faut qu’elles existent. Il n’y a pas un problème de langues au Cameroun, tout ce repli identitaire est lié à la politique. Nos langues maternelles sont très belles et nous devons les conserver et les véhiculer ».

Jacques Kalokola