Forum de réflexion sur la visibilité de la Tshopo : les participants saluent l’installation de la cimenterie de Maigo

Les originaires et ressortissants de la province de la Tshopo se sont retrouvés samedi 09 novembre, à l’espace les Béatitudes dans la commune de Lemba, afin de réfléchir sur l’avenir de leur entité.

En effet, pour l’un des organisateurs de ce « forum de réflexion sur la visibilité de la province de la Tshopo », le pasteur Willy Lumbalumba Lotika, ceci est pari d’un constat amer fait sur cette partie du pays ainsi que sa population qui ne sortent pas d’une misère noire, alors que cette province a profité du patrimoine issu du démembrement, contrairement aux provinces comme Ituri, qui n’a bénéficié d’aucun bâtiment administratif, mais qui avance à un pas de géant.

Le but principal de créer une plateforme de réflexion, afin d’assainir le climat des affaires dans la jeune province de la Tshopo, pour baliser le chemin pour tous ceux qui porteront leur choix à venir investir dans cette partie du pays avec un accent particulier sur sa capitale Kisangani, comme élément instigateur pour son décollage, et qui constitue une garantie économique pour ceux qui fouleront pour la première fois le sol boyomais, surtout qu’il est la porte d’entrée dans cette province.

Ceci passe prioritairement par un toilettage pour un certain confort pour donner à ceux-ci le goût d’y rester. Il importe, ainsi, de rénover des bâtiments se trouvant sur les artères principales, ainsi que les ouvrages à caractère public : stades, moyens de transports en commun, hôtels, etc.

Plaidoyer pour le déficit de la modernisation et des moyens de transport

Les organisateurs envisagent un projet de rafraichissement en peinture sur un ton unique des principaux bâtiments de la ville de Kisangani qui a été élaboré. Un plaidoyer doit être aussi fait par les élus de la Tshopo en vue de l’exonération pendant une période de 6 à 12 mois des taxes douanières pour tout véhicule destiné à rouler dans la province, surtout pour le transport des personnes et de leurs biens, afin de combler le déficit criant des engins roulant dans cette ville, à savoir : taxis, taxis-bus et bus.

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Ceci, pour compenser cette province plusieurs fois victimes des plusieurs rebellions sans oublier l’entretien et la construction de nouvelles routes, afin de permettre la fluidité de la circulation dans la troisième ville de RDC.

Mise en place d’une cellule de communication et presse

Les organisateurs de ce forum ont aussi remarqué l’absence de cette province sur toutes les plateformes de communication et c’est à cet effet qu’une cellule de communication et presse est mise en place, afin de pouvoir parler de la Tshopo et la vendre à l’extérieur, ce qui assurera sa visibilité à partir de Kinshasa, présenter les opportunités qu’offre cette province dans différents secteurs de la vie.

Plaidoyer pour la création d’emplois

Un constat amer a été fait sur le soutien à la société SOTEXKI qui du reste ne produit plus assez faute de la faible demande, alors qu’elle a tous les moyens de produire des pagnes pour la consommation locale. Ainsi, les organisateurs demandent l’exclusivité de la production des pagnes à la SOTEXKI à l’occasion des festivités de 60 ans d’indépendance de la République Démocratique du Congo et d’autres journées commémoratives comme la journée du 08 mars et autres.

Ils ont aussi plaidé pour la reconstruction de la SORGERIE qui faisait autrefois la fierté de la tshopo, sans oublier la sucrerie de Lotokila en ruines depuis des lustres. Les participants ont surtout salué la signature d’un accord entre un groupe chinois et la RDC sur l’installation de la cimenterie de Maigo : « Nous sommes enchantés parce que ça faisait partie de nos plaintes et de nos inquiétudes parce que ce projet de la cimenterie de Kisangani ne date pas d’aujourd’hui. »

Il faut noter ici que le dossier CIPOR avait fait couler beaucoup d’encres et de salives à l’époque du gouverneur Jean Bamanisa, le tout dernier gouverneur de la province orientale qui avait souligné tout haut que ce projet était une utopie et le même dossier avait occasionné la révocation de l’ancien ministre de l’industrie, Remy Musungay.

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Les organisateurs envisagent aussi la construction d’une cité moderne pouvant accueillir des hôtes de marque à l’instar de la cité de l’Union Africaine à Kinshasa, des salles de conférence et d’autres cercles récréatifs sans oublier des panneaux d’indication et publicitaires portant des messages patriotiques, afin de rendre la ville propre comme c’est le cas à Lubumbashi où l’on peut lire à travers la ville : « Butshafu ni shetani : la saleté est diabolique »

Le mal profond de la Tshopo

Norbert Botowa, ancien député provincial de Tshopo

L’ancien député provincial de la Tshopo, Botowa Osenge Robert, a saisi cette opportunité pour dire tout haut le mal qui gangrène cette province si pas ses fils et filles. Pour lui, les premiers responsables restent les autorités politiques originaires de cette province qui souffrent d’un manque de confiance d’où une méfiance sans précédent : « On peut tout raconter ici, le mal de la Tshopo, ce sont nos autorités politiques qui sont à la base de tout ce que cette province connait aujourd’hui et sans leur participation ça ne marchera pas. Il y a des conflits entre les leaders, du clientélisme.

J’ai beaucoup travaillé dans mon territoire à Isangi où j’ai été favori comme candidat député mais les politiciens ont dit à ma base que moi je suis un étranger. Mais la base n’a pas été d’accord avec eux vue le travail que j’ai réalisé dans ce territoire. Moi je suis lokele mais j’ai travaillé pour mes frères topoke, tolombo et autres. Il faut combattre tout ça. Il faut que l’on mette des structures de suivi pour faire quelque chose dans la durée. Il faut changer d’abord le cœur des originaires de la Tshopo qui se haïssent inutilement surtout quand l’un d’eux est élevé en grade, au lieu de le soutenir, ils sont les premiers à le combattre, c’est du jamais vu ! Comment voulez- vous que l’on se développe » 

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Tshopo, une province providentielle

Dans la carte postale de la province de la Tshopo telle que présentée par l’un des organisateurs de cette importante rencontre, le pasteur Christophe Litombe, l’on peut facilement se rendre compte que cette province regorge des richesses jusque- là inexploitées. Il faut souligner d’abord que cette province est la plus grande en terme de superficie avec 201.693 km2. Elle a été créée par le décret royal en 1888 et l’ordonnance du 06 avril 2016 faisait d’elle une nouvelle province issue du démembrement. Elle est une province à vocation agro-pastorale et regorge aussi plusieurs minerais comme l’or, le diamant, cobalt, fer, manganèse, argent, mercure, souffre qui peuvent contribuer à la création d’industries minières, métallurgiques, chimiques.

On en trouve des forêts sur de longues distances qui peuvent aussi contribuer à son développement. Il faut noter que le premier gouverneur de cette province démembrée est Ilongo Tokole et aujourd’hui Wale Lufungula est son troisième gouverneur.    

Mobiliser les fils et filles de la Tshopo

L’un des initiateurs de ce forum, le pasteur Willy Lumbalumba Lotika, a signifié que c’est un fardeau de rester inactif devant le sort de sa province qui se meurt au vu et au su de ses fils et filles :

« C’est un problème de fardeau. Je suis né à Kisangani dans la province de la Tshopo. Ici à Kinshasa, nous sommes montés très haut et la province est restée très bas. Comme Néhémie dans la Bible, quand il a remarqué que le mur de Jérusalem s’est écroulé, il a pris la résolution d’y rentrer pour le reconstruire.

Levons-nous et bâtissons, c’est la moindre des choses. Et nous sommes là en train d’observer la province en train de mourir, la province est à l’agonie, administrons-lui ne fut ce que les premiers soins par notre intelligence, rien que ça en attendant le médecin pour des soins appropriés.

Nous sommes ici pour réfléchir comment donner ces premiers soins parce que la crème intellectuelle est là, les professeurs d’universités, des ingénieurs et autres valeurs scientifiques. Les ténèbres ne règneront pas toujours. S’il y a eu le monde des ténèbres qui a envahi la province, aujourd’hui, c’est le temps que la lumière fasse son travail. Avec Dieu, nous savons qu’il y a moyen de relever les défis. Nous faisons partis du faible reste qui croit en Dieu et nous sommes positifs sur ce que nous faisons. »

Jacques Kalokola