Après l’euphorie générale des agréments, le marché des assurances en perte de vitesse en RDC

Très concentrés à Kinshasa, les produits des assurances continuent d’enregistrer une décollecte nette, 4 ans après l’entrée en lice de plusieurs opérateurs privés dans ce vaste marché très ouvert à la conquête par les opérateurs privés.

De l’avis des experts, une confiance reste à construire après cinquante années de monopole étatique sans résultats. Les privés tentent de se débattre, tels des diables dans un bénitier, pour ne pas vite mettre la clé sous le paillasson.

Depuis quatre ans en effet, la RDC expérimente une libéralisation plutôt difficile du secteur qui serait resté un peu trop longtemps sous l’emprise de l’État. La libéralisation s’est confirmée d’abord par la publication, le 17 mars 2015, de la Loi n°15/005 portant Code des assurances en RDC.

Pourtant, il a fallu attendre plus de quatre ans, soit le 28 mars 2019, pour assister à la remise officielle des premiers agréments à des opérateurs privés éligibles. Au lendemain de l’euphorie quasi générale de cette vague d’agréments, il y a eu désormais la place aux interrogations légitimes sur les réelles perspectives du secteur des assurances sur l’étendue du pays.

Mise en place  une année après la publication de la Loi, l’Autorité de régulation et de contrôle de l’assurance en RDC (Arca), a reçu la lourde mission de faire décoller le secteur. Il est impérieux d’accompagner le secteur des assurances pour réussir l’ouverture du marché, et c’était le principal objectif de l’Arca.

Des cabinets internationaux ont apporté leur expertise, le cas du cabinet américain Ernst & Young qui a organisé deux éditions des « Rencontres des assurances ». Les thèmes ont été choisis en fonction des questions en suspens : la fiscalité des assurances, l’apport des autres secteurs et institutions publiques dans la constitution d’une base de données fiables et le plan comptable des assurances.

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Le travail d’explications très laborieux

Pour tous, le secteur de l’assurance exige des mesures incitatives pour amorcer un bon départ. Mais l’histoire a pris une toute autre tournure avec l’agrément des sociétés (Activa-RDC, Rawsur SA, Rawsur Life SA, la Société financière d’assurance du Congo) et autres courtiers  (Gras Savoy, Line Insurance Brokers RDC).

La présence de la camerounaise Activa n’est pas passée pas inaperçue même si, d’une manière générale, l’Afrique ne bénéficie pas encore de la totale confiance des experts locaux. En effet, pour certains d’entre eux, l’assurance est encore à ses balbutiements dans le continent africain.

Pourtant, Activa, la 3e compagnie d’assurance-non vie du Cameroun avec un chiffre d’affaires de 17,7 milliards de francs CFA (2016), a bien ouvert le bal en obtenant le premier agrément du régulateur RD-congolais.

Il est d’ailleurs loin d’être une société « balbutiante », ironise William N, qui rappelle que « la société camerounaise bénéficie de l’expertise des bailleurs internationaux comme la Proparco (filiale de l’AFD) et la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale) ».

Signes de temps

Le 28 mars, l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (Arca) a octroyé les premiers agréments à quatre sociétés privées d’assurance, parmi lesquelles les filiales de Rawbank, Rawsur SA et Rawsur Life SA, et à deux sociétés de courtage devant opérer légalement en RDC.

Rawsur SA et Rawsur Life SA, filiales de Rawbank, vont officiellement exercer comme sociétés d’assurances en RDC. D’après le conseil d’administration de ces sociétés, Rawsur SA exercera ses activités d’assurance non vie – accidents, incendies et risques divers -, tandis que Rawsur Life SA exercera les activités d’assurance vie qui impliquent un financement durable et une épargne longue et stable.

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« La mission de Rawsur et de Rawsur Life SA est de donner les moyens à ses clients de vivre mieux et en sécurité, de protéger les personnes contre les pertes imprévues » avait déclaré dans un communiqué Mazhar Rawji, président des conseils d’administration de Rawsur et de Rawsur Life SA, qui s’engage à « faire une réelle différence dans la vie des populations en le protégeant contre une diversité de risques et en leur permettant ainsi de saisir des opportunités et de sécuriser leurs moyens d’existence ».

Impliquer les PME

À en croire le régulateur, le vrai débat est ailleurs. Le 1er aout 2019, le directeur général de l’Arca, Alain Kanyinda, a participé aux Journées portes ouvertes de l’Agence nationale de promotion des investissements. Il en a profité pour sensibiliser et vulgariser les réformes opérées par le gouvernement de la République dans le secteur  des assurances.

Sa cible est les PME. Rien qu’à Kinshasa, ces entités fonctionnant pour la plupart dans l’informel ont dépassé le million. Une campagne de recensement de l’institut national de la statistique (INS) a été initiée pour tenter de les identifier.

Alain Kanyinda a rappelé le caractère historique des agréments octroyés à ces opérateurs privés. « Les sociétés d’assurance créées à ce jour en RDC ont permis de briser le monopole dans ce domaine que détenait, depuis de longues années, une seule société. La création de l’Arca constitue l’une des préalables exigée pour la libéralisation du secteur des assurances en RDC », a-t-il signifié. 

Vulgariser, informer

Dans l’avenir, les efforts vont continuer à se concentrer davantage sur l’éducation des nationaux. ” Rien ne pourra se faire si la population ne se familiarise pas avec ces produits, si elle n’y trouve pas un intérêt essentiel. C’est le sens du prochain défi qui s’impose dans le secteur des assurances en RDC”.

II faut expliquer les différentes dimensions d’intégration de la notion d’assurance au sein de la population : assurance scolaire, assurance incendie, assurance véhicules, assurance tous risques, assurance sportive, assurance voyage, assurance vie, assurance funéraire, etc.

Raymond Befonda