Lambert Mende Omalanga, député national, est susceptible de mener une délégation de l’Assemblée nationale à Kampala, en Ouganda, pour y tenir des pourparlers avec les autorités ougandaises concernant la sécurité dans l’est de la RDC. Cette information a été communiquée par Vital Kamerhe, le président de la Chambre basse du Parlement, lors de la séance plénière du jeudi 7 novembre 2024, qui portait sur l’examen de la loi relative à la prolongation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. La date exacte de la mission confiée à Lambert Mende reste cependant inconnue.
« C’est très important, c’était très important puisqu’il faut qu’on arrête ça rapidement avant que ça ne se propage dans l’Ituri. Le travail qui est en train d’être fait à Beni c’est un bon travail mais il ne faut pas que ce travail consiste à repousser les terroristes dans l’intérieur de la République Démocratique du Congo dans d’autres territoires.
Ce serait vraiment déplacer un mal ici pour en créer plus profond ailleurs. Nous allons trouver le moment d’en parler d’autant plus que j’ai décidé d’envoyer une délégation des députés nationaux à Kampala, la délégation qui sera conduite par l’honorable Lambert Mende Omalanga », a annoncé Vital Kamerhe qui réagissait à une motion d’information d’un élu de l’Ituri au sujet de l’activisme des ADF.

Lambert Mende, homme de terrain
Lambert Mende Omalanga est un homme politique congolais. Né le 11 février 1953 à Okolo, dans le territoire de Lodja, Kasai-Oriental, il a occupé plusieurs postes ministériels au sein du gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC). Il a notamment été ministre de la Communication et des Médias de 2008 à 2012 et de 2014 à 2019.
Il est également le président national du parti politique Convention des Congolais Unis (CCU) et actuellement député de Sankuru depuis 2018. Lambert Mende est connu pour son rôle de porte-parole du gouvernement pendant les mandats de Joseph Kabila et pour son franc-parler, ce qui lui a valu à la fois des admirateurs et des détracteurs. Il est marié à une Belgi-Ougandaise, et connait bien le pays de Yoweri Museveni, pour y avoir séjourné et suivi une formation militaire, lors de son passage au groupe rebelle RCD/Goma.
“Parler de paix en toute sincérité”
Pendant ce temps, sur le terrain dans l’est de la RDC, les forces ougandaises conduisent des opérations conjointes avec l’armée congolaise contre les islamistes des ADF dans les régions de Beni, Lubero, Irumu et Mambasa.
« Nous avons besoin de parler en toute sincérité et en toute vérité avec nos homologues Ougandais parce que nous voulons savoir clairement est-ce qu’ils s’inscrivent dans la voie de construction de la paix avec la République Démocratique du Congo. Ce que nous allons saluer ou alors qu’on ne nous prenne pas pour des naïfs au nom d’une opération de paix (NDLR : Opération Shujaa). Vous venez semer encore des germes qui vont ramener l’insécurité encore plus grave », a souligné le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe.
À l’en croire, si Beni est pacifié et que d’autres territoires de l’Ituri ne le sont pas, le problème d’insécurité ne sera pas résolu.
« On peut pacifier Beni, mais si Irumu devient le théâtre d’insécurité on n’a rien fait puisque les habitants de Beni et d’Irumu sont des frères, les habitants d’Irumu sont des frères des gens de Mushie, le Congo c’est un, c’est comme ça que nous fonctionnons. Si je me rappelle à l’époque quand Mutebusi avait osé dans la ville de Bukavu, Kinshasa était plus virulente que toutes les provinces de la République Démocratique du Congo », a expliqué Kamerhe.
Opérations conjointes des FARDC et UPDF et soupçons de colusion de l’Ouganda avec le M23
En octobre dernier, les forces armées congolaises (FARDC) et ougandaises (UPDF) ont convenu de continuer leurs opérations conjointes contre les insurgés ADF dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette résolution a été prise à Kinshasa après deux jours d’évaluation des opérations commencées le 30 novembre 2021 dans ces régions de l’est de la RDC.
Malgré cette collaboration, l’Ouganda a constamment été suspecté de collusion avec les rebelles du M23, déjà soutenus par Kigali. Un récent rapport d’experts de l’ONU a mentionné un soutien de l’armée ougandaise aux rebelles du M23. Reçu par la vice-ministre des Affaires étrangères, le représentant de Kampala a continuellement nié toute implication, tandis que Kinshasa a maintenu une position d’équilibriste, arguant qu’il mène ses propres enquêtes.

Le 30 octobre dernier, le président Félix Tshisekedi a effectué une visite en Ouganda pour rencontrer son homologue Yoweri Museveni. Bien que les détails de leurs discussions n’aient pas été divulgués, il ressortqu’ils auraient abordé divers sujets de coopération bilatérale. À l’issue de ces entretiens, Félix Tshisekedi s’est exprimé en termes positifs sur les échanges avec Yoweri Museveni. Lire aussi : Ouganda : Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni échangent sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC – Infocongo