Des centaines d’employés congolais travaillant dans des commerces tenus par des expatriés, principalement indiens, libanais et chinois, ont entamé une grève générale ce lundi à Kinshasa. Les manifestants réclament une amélioration significative de leurs conditions de travail, notamment une augmentation salariale indexée sur le taux de change du dollar américain et la suppression de la sous-traitance.
« Nous en avons assez d’être sous-payés et exploités », a déclaré l’un des grévistes. « Nos salaires ne nous permettent pas de vivre dignement, alors que nous travaillons d’arrache-pied. » Les employés dénoncent également les longues heures de travail sans rémunération supplémentaire et le non-respect des contrats de travail :
Salaires de misère
« Nous marchons parce que leur façon de payer n’est pas bonne. Aujourd’hui le dollar se change déjà à 2900 FC pour 1$, mais eux nous payent toujours au taux de 15 000, 16 000, 17 000 FC et nous n’apprécions pas ça. C’est pourquoi nous réclamons qu’ils nous paient normalement.
Nous en avons marre de la sous-traitance et demandons sa suppression et nous exigeons le respect de notre heure du travail. Nous allons jusqu’au-delà de 19H00 et on ne nous paie pas ces heures supplémentaires-là »
Les manifestants ont bloqué plusieurs rues du centre-ville, empêchant l’ouverture des commerces concernés. Ils ont scandé des slogans hostiles à l’encontre des employeurs expatriés, accusés de profiter de la précarité de la main-d’œuvre congolaise.
« Nous demandons aux autorités de prendre des mesures pour mettre fin à ces pratiques abusives », a ajouté un autre gréviste. « Nous voulons que nos droits soient respectés et que nous puissions vivre dans la dignité. »
Cette grève met en lumière les inégalités sociales et les conditions de travail difficiles auxquelles sont confrontés de nombreux Congolais. Elle soulève également la question de la responsabilité sociale des entreprises étrangères opérant en RDC.
Un problème récurrent, jamais résolu
Le problème des conditions de travail précaires des employés congolais dans les entreprises appartenant à des étrangers est récurrent et complexe. Il reflète des enjeux plus larges liés à la mondialisation, aux inégalités socio-économiques et à la faiblesse de la régulation du marché du travail en RDC.
Pour résoudre ce problème, il faudrait une approche multidimensionnelle impliquant le renforcement du cadre légal par la mise à jour du code du travail. En effet, obsolète, le code du travail congolais doit être révisé et adapté aux réalités actuelles du marché du travail, en particulier en ce qui concerne les droits des travailleurs, les salaires minimums et les conditions de travail.
Contrôle renforcé de l’application des lois
Parmi les solutions à envisager, la rédaction d’infocongo.net pense que les autorités compétentes doivent renforcer les contrôles pour s’assurer que les entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères, respectent les lois en vigueur. Mais, il faut aussi encourager la création de syndicats forts et indépendants pour permettre aux travailleurs de négocier collectivement avec leurs employeurs.
Ici, le gouvernement peut jouer un rôle de médiateur dans les conflits sociaux et favoriser le dialogue entre les employeurs et les employés, par des campagnes d’information. Il faudrait mener des campagnes d’information pour sensibiliser les travailleurs à leurs droits et les employeurs à leurs obligations, et anticiper les mouvements de grève.
Formation professionnelle
Comme sous d’autres cieux, le gouvernement congolais devra offrir des formations aux travailleurs pour qu’ils puissent mieux défendre leurs intérêts. Mais, aussi encourager les entreprises à adopter des codes de conduite qui garantissent le respect des droits de l’homme et des normes internationales du travail, promouvoir la responsabilité sociale des entreprises pour qu’elles contribuent au développement durable du pays.
Apport indéniable des entreprises étrangères dans l’économie Congolaise
Les entreprises étrangères jouent un rôle important dans l’économie congolaise, notamment dans les secteurs minier, agricole et commercial. En effet, ces entreprises contribuent à la création d’emplois, même si les conditions de travail sont souvent précaires. Elles favorisent le transfert de technologies et de savoir-faire.
En plus, elles réalisent des investissements qui contribuent au développement des infrastructures.
Cependant, cet impact positif est souvent contrebalancé par des effets négatifs : Ces entreprises étrangères profitent souvent de la faiblesse de la réglementation pour exploiter les travailleurs en leur proposant des salaires bas et des conditions de travail dégradantes.
Pillage des ressources naturelles :
Dans le secteur minier, les entreprises étrangères sont souvent accusées de piller les ressources naturelles du pays sans apporter de bénéfices significatifs à la population. En même temps, la plus grande partie des bénéfices réalisés par ces entreprises est rapatriée dans les pays d’origine, ce qui limite les retombées pour l’économie congolaise.
En conclusion, il est essentiel de trouver un équilibre entre les intérêts des entreprises étrangères et ceux de la population congolaise. Cela implique de renforcer la régulation du marché du travail, de promouvoir le dialogue social et de favoriser une croissance économique inclusive et durable. Lire aussi : La ministre Nene Nkulu saisie de la grève des travailleurs indo-pakistanais, entend réagir lundi – Infocongo