Chérubin Okende

Plus de sept mois après la mort du député national et ancien ministre des Transports Chérubin Okende, le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a finalement rendu publiques ses conclusions : l’élu de Lukunga se serait suicidé d’une balle dans la tête le 12 juillet 2023.

Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde (Ph droits tiers)

Un suicide contesté par la famille et les proches

Cette version officielle a été accueillie avec scepticisme par la famille et les proches de Chérubin Okende, qui contestent la thèse du suicide et exigent une enquête indépendante. Ils pointent du doigt plusieurs incohérences dans la version du Procureur général, notamment :

La position du corps : Le corps de Chérubin Okende a été retrouvé sur le siège conducteur, penché vers le siège passager. Selon la famille, cette position est incompatible avec un suicide.

Le corps de Chérubin Okende criblé de balles
Le corps de Chérubin Okende criblé de balles, abandonné dans son véhicule (archives infocongo.net)

Le nombre de balles : Le rapport d’autopsie officiel mentionne une seule balle tirée dans la tête, tandis que des sources proches de l’enquête affirment que plusieurs balles ont été retrouvées sur la scène du crime.

L’absence d’arme du crime : L’arme qui aurait servi au suicide n’a jamais été retrouvée

Le mobile : La famille et les proches de Chérubin Okende affirment qu’il n’avait aucun motif de se suicider. Il était en pleine ascension politique et n’avait aucun problème personnel connu.

Incrédulité également de l’avocat belge de Chérubin OKende, Me Alexis Deswaef, engagé par la famille du défunt : « C’est hallucinant. Comment le procureur peut-il, après 24 heures d’enquête, affirmer que le garde du corps a tué son patron Cherubin Okende pour ensuite, sept mois plus tard, soutenir que c’est un suicide ? Ce n’est pas crédible. C’est une manière de dire : circulez, il n’y a rien à voir. »

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Il a également soulevé des questions sur la crédibilité de cette conclusion et sur la réaction attendue des experts internationaux impliqués dans l’enquête : « Est-ce que les experts Sud-africains, belges et onusiens vont confirmer cette thèse ? Maintenant que les autorités congolaises ont donné leur version, ils doivent réagir. Est-ce qu’il y a eu une vraie enquête ? La conférence du procureur se termine même par des menaces envers la corporation des journalistes. Même le régime russe n’aurait pas osé. La famille a envie de connaître la vérité, il y a cette procédure en Belgique qui se poursuit. »

Des zones d’ombre persistent

L’enquête sur la mort de Chérubin Okende a été entachée de nombreuses irrégularités dès le départ. La scène du crime n’a pas été correctement sécurisée, des preuves potentielles ont été perdues et les témoignages des proches n’ont pas été pris en compte.

Le véhicule de Chérubin Okende portant des traces de balles à l’extérieur (Ph droits tiers)

Des appels à une enquête indépendante

Face aux nombreuses zones d’ombre, la famille de Chérubin Okende, des organisations de la société civile et des mouvements citoyens exigent une enquête indépendante afin de faire la lumière sur cette affaire. Ils craignent que l’assassinat de l’ancien ministre ne soit étouffé par les autorités.

L’affaire Chérubin Okende est un test pour la justice congolaise. La crédibilité des institutions est en jeu et il est important que la vérité soit établie afin que justice soit rendue. Lire aussi : Assassinat de Chérubin Okende : son chauffeur libéré mais sous surveillance judiciaire – Infocongo