Route de pillage des minerais congolais par le M23/RDF

L’armée Rwandaise et son allié le M23 ont mis en place de nouvelles stratégies pour perpétuer le pillage des ressources minières de la RDC, en créant de nouvelles routes, pour passer sous le radar de la communauté internationale, alertée sur leur funeste dessein sur le Congo. Ils ont ainsi occupé plusieurs localités qui leur donnent un accès direct ou indirect au site minier de Rubaya. Ils ont ainsi isolé la ville de Goma pour empêcher toute intervention militaire dans la zone.

Le journaliste Daniel Michombero, qui s’est rendu dans la région témoigne : « Ceux qui connaissent cette zone savent que le site se trouve sur une colline avec plusieurs voies d’entrée et de sortie. En bas, il y a des villages sous l’autorité de l’armée rwandaise comme Karuba, Bihambwe, etc. Le M23 ne veut pas s’approcher du carré minier pour éviter la pression. D’après une source au sein du M23, le mouvement n’a pas l’intention de s’emparer de la colline minière car cela pourrait provoquer une pression internationale.

Le M23 est conscient que la cité de Rubaya dépend de ses minerais et que si l’exploitation est interdite, la population va se mobiliser pour demander sa réouverture. C’est pourquoi l’armée rwandaise se contente de rester à distance du site tout en surveillant ce gisement minier. »

Route empruntée par le M23 et l’armée Rwandaise (RDF) pour exfiltrer les minerais du Congo (Ph. Daniel Michombero)

Contraints de payer des taxes à l’armée Rwandaise

Michombero explique aussi que « la plupart des commerçants de minerais dans la zone sont de la communauté Hutu qui apportent leurs minerais tracés et payent les taxes de l’Etat à Goma. Comme ils n’ont plus accès à Rubaya à cause du blocus de la zone, les creuseurs préfèrent payer des taxes à l’armée rwandaise dans le village de Mushaki sous contrôle du M23 et de là, ils sont escortés sur la route qui passe par Kilolirwe-Parc de Virunga (derrière le volcan Nyiragongo) Kibumba-Buhumba, ils franchissent Kabuhanga au Rwanda où un marché noir est installé. Là, les commerçants rwandais achètent les minerais au prix qu’ils veulent car une fois au Rwanda, ces minerais ne peuvent plus revenir au Congo. »

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Ainsi, en prenant Shasha, Bweremana et Minova, l’armée rwandaise veut créer un couloir qui va de Rubaya jusqu’à Kasunyu au bord du Lac Kivu pour permettre l’évacuation vers le Rwanda sur le Lac Kivu des tonnes de coltan et d’autres minerais déjà stockés. Des renforts en hommes et en matériels militaires pourront désormais atteindre la zone sans trop de difficultés. C’est la raison selon plusieurs analystes de la présence des navires de guerre rwandais sur le lac Kivu près de la station de Gaz.

Raison du pillage des minerais congolais par le Rwanda

Le coltan congolais, objet de toutes les convoitises du Rwanda (Ph. droits tiers)

Le Rwanda est un pays qui a une faible production minière, mais qui exporte beaucoup de minerais provenant en partie de la République démocratique du Congo (RDC), son voisin riche en ressources naturelles. Ce pays qui détient le triste record du génocide en Afrique, est accusé de soutenir des groupes armés qui exploitent illégalement les minerais dans les zones de conflit congolaises, notamment l’or et le coltan, qui sont utilisés dans la fabrication de produits électroniques comme les téléphones portables, les ordinateurs et les bijoux. Le Rwanda profite ainsi des revenus générés par la contrebande de ces minerais, qui alimentent aussi les violences et les violations des droits humains dans la région.

Zone d’influence

Paul Kagame, le président du Rwanda a des visées stratégiques et politiques sur la RDC, qu’il considère comme une zone d’influence et un moyen de renforcer son pouvoir régional. Notons que le Rwanda a été impliqué dans plusieurs guerres et rébellions qui ont déstabilisé la RDC depuis les années 1990, notamment le M23, un mouvement rebelle qui a été actif entre 2012 et 2013 dans la province du Nord-Kivu, riche en minerais. Le Rwanda a aussi tenté de s’emparer de certains gisements miniers, comme le pyrochlore, un minerai plus cher que le coltan, qui se trouve dans l’ex-Sominki, une ancienne société minière congolaise.

Carte partielle du Nord-Kivu (Google maps)

Face à la pression internationale et à la résistance des autorités congolaises, le Rwanda a cherché à diversifier ses sources de minerais en se tournant vers d’autres pays, comme la Centrafrique, où il a déployé des soldats et signé des accords de défense et de coopération économique et minière. Le Rwanda espère ainsi maintenir son rôle de plaque tournante du commerce des minerais en Afrique. Lire aussi : Le Rwanda, en perte de contrôle sur les minerais de la RDC, veut se rabattre sur la Centrafrique – centrafricaine (africa-press.net)

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Impact de l’exploitation illégale des minerais congolais par le Rwanda

L’exploitation minière illégale en RDC a des impacts négatifs sur les droits, la sécurité, la santé et le bien-être des communautés locales. Parmi ces impacts, on peut citer :

Les déplacements forcés des populations qui perdent leurs terres, leurs moyens de subsistance et leur accès aux services de base. Il y a aussi la dégradation de l’environnement, qui entraîne la déforestation, la perte de biodiversité, la pollution de l’eau, de l’air et du sol, et le changement climatique.

Populations de Mweso fuyant les affrontements FARDC-M23/RDF
Populations de Mweso fuyant les affrontements FARDC-M23/RDF (ph. droits tiers)

Signalons par ailleurs la violation des droits humains, qui se manifeste par des violences, des abus, des extorsions, des intimidations, des discriminations et des exclusions.

Plus grave encore, la fragilisation de la gouvernance, qui favorise la corruption, l’impunité, le détournement des ressources, le non-respect des lois et des normes, et le financement des groupes armés.

L’exploitation illégale des ressources du Congo favorise aussi la précarisation des conditions de travail, qui expose les travailleurs miniers à des risques sanitaires, sécuritaires, sociaux et économiques, tels que les accidents, les maladies, l’exploitation, la pauvreté et la dépendance. Mais, aussi, la marginalisation des femmes, qui subissent des violences sexuelles, des inégalités, des stigmatisations et des obstacles à leur participation et à leur autonomisation. Lire aussi : Le Rwanda conteste le soutien de l’ONU à la force de la SADC en RDC et saisit le Conseil de Sécurité – Infocongo