Route Mangina, Nord-Kivu

Au moins sept civils ont été tués par balles lors des affrontements sanglants qui ont opposé lundi dernier l’armée à un groupe de miliciens Mai-Mai, dans la commune de Mangina, à 30 kilomètres à l’ouest de la ville de Beni, au Nord-Kivu. L’armée congolaise qui confirme ces morts ajoute aussi que trois militaires ont péri pendant les accrochages, ce qui porte à dix le nombre total des morts.

Kahindo Mbahikya, âgé de 56 ans, était dans la cellule Linzo aux côtés d’une dizaine de jeunes, qui se préparent aussi à quitter le quartier. Il a été surpris par les affrontements. Il se rappelle amèrement son ami qui a été abattu par les militaires.

« Il voulait fuir aussi l’attaque des militaires quand il a été tué par des soldats. Nous étions assis tranquillement avec lui devant la pharmacie. Quand les balles ont commencé à crépiter, il m’a prévenu qu’il part fermer sa porte et changer ses chaussures pour lui faciliter de bien courir. Les militaires sont venus, moi j’ai pris fuite mais lui il a été abattu. Il s’appelait Monsieur Serge, il était père de famille de deux enfants et il est décédé avec le cadenas en main. », témoigne Kahindo Mbahikya, rescapé de l’attaque et voisin d’une des victimes allongée encore ce mardi dans son salon à Linzo.

Représailles

Les habitants des cellules Linzo et Buhombo, étaient la cible des représailles des militaires qui ont perdu trois des leurs lors des affrontements avec un groupe de miliciens la matinée du même lundi vers la rivière Tuha, à 7 kilomètres de Mangina centre.

Tension à Goma
Tension à Goma à la suite du massacre des civils Wazalendo par la GR (Archives)

« L’une des victimes était enfermée tranquillement dans sa maison, mais les cris de prière d’une vieille dame qui était avec lui ont attiré la curiosité des militaires. Quand ils ont entendu la voix, ils ont forcé la porte de la maison et ont tiré sur l’homme qui s’y trouvait, après ils sont repartis », témoigne Kambala Santos, âgé de 37 ans.

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Dans la journée, l’armée a annoncé avoir arrêté six militaires accusés notamment « des dérapages et présumé meurtre des quatre civils lors d’un affrontement lundi 8 janvier dans la commune de Mangina », déclare le capitaine Antony Mualushayi, porte-parole militaire à Beni qui accuse aussi un élu du milieu d’avoir recruté les miliciens pour affronter les militaires.

« Tout ce qui se raconte là que j’ai créé un groupe des Mai-Mai c’est le mensonge. Le porte-parole militaire a un problème privé avec moi parce que je voulais sa mutation à cause de ses mauvaises déclarations sur les opérations dans la zone », a réagi le député accusé Alain Siwako.

La tension est encore vive dans la commune de Mangina. Les activités socio-économiques sont restées paralysées ce mardi. Une cinquantaine de militaires et policiers étaient visibles au rond-point de Mangina et le long de la route.

Avec Radio Okapi.net Lire aussi : Huit casques bleus de la MONUSCO arrêtés à Beni pour exploitation sexuelle