Des femmes de Goma manifestent contre la force régionale de l'EAC

Un groupe de femmes de Goma (Nord-Kivu) ont exigé le départ des troupes de l’AEC du territoire national, en marge de la célébration de la journée des droits de la femme, mercredi 8 mars.

Elles l’ont recommandé lors du lancement des activités du mois de la femme, dénonçant l’incapacité de ces forces d’anéantir les rebelles du M23 qui écument le Nord-Kivu.

Dans un communiqué, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur a appelé la population de cette province de ne pas s’en prendre aux unités de la force de l’EAC.

Il a expliqué que ces contingents, notamment kenyan et burundais, sont déployés dans la région de Goma dans le cadre des accords régionaux ratifiés par la RDC :

« Les différents contingents déployés au Nord-Kivu, dans le cadre de l’EAC, le sont en exécution des accords conclus lors des assises de Luanda, des pourparlers de Nairobi et Addis-Abeba, par tous les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est, dont fait partie notre pays, dans l’objectif d’une solution de paix, face à la guerre d’agression qui sévit dans notre pays ».

L’autorité provinciale du Nord-Kivu redoute que sa population tombe dans les différents pièges de l’ennemi (NDLR : les agresseurs), en s’attaquent aux forces régionales.

Appel au calme

Constant Ndima a plutôt invité la population au calme et à l’accompagner les contingents de l’EAC dans l’exécution de leur mission sur le sol congolais.

Notons que de manière générale, les Congolais décrient la force régionale de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est) parce qu’ils la jugent inefficace et partiale dans la lutte contre le M2312. Ils accusent aussi l’EAC de vouloir protéger les intérêts du Rwanda et de l’Ouganda3, qui sont soupçonnés de soutenir le M23. La société civile du Nord-Kivu a même organisé des marches de protestation contre la force de l’EAC.

Troupes Kenyanes de la force de l'EAC
Troupes Kenyanes de la force de l’EAC, à l’aéroport de Goma

Force est de constater que les autorités congolaises ont failli à la mission de vulgariser la raison de la présence de cette force sur le sol congolais. En effet, la force de l’EAC n’affronte pas le M23 parce que son mandat est de faciliter le retrait du M23 et non de le combattre.

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Elle doit aussi respecter le cessez-le-feu signé entre le gouvernement congolais et le M23 en décembre 2022. Toutefois, la force de l’EAC se dit prête à riposter en cas d’attaque du M23.

Pour rappel, la mission de la force de l’EAC est de lutter contre les groupes armés, en particulier les rebelles du M23 dans l’est de la RDC. Elle doit aussi coordonner le retrait du M23 et demander aux autres groupes armés de déposer les armes. Elle a été mise en place à la suite d’un accord entre les chefs d’Etat de l’EAC en décembre 2022.

Cessez-le-feu foulé aux pieds par le M23

M23 à Mushaki
M23 à Mushaki

Sur le terrain, le M23 montre clairement qu’il n’a que faire des accords signés par le gouvernement de Kinshasa et ceux de la sous-région. C’est ainsi qu’il a réagi à la force de l’EAC en ne respectant pas le cessez-le-feu qu’il avait signé avec le gouvernement congolais en décembre 2022. EN revanche, il a mené des attaques contre les positions des forces armées congolaises (FARDC) près de Sake, où sont basés les soldats de l’EAC. Il a aussi bénéficié du soutien de l’armée rwandaise, qui a envahi plusieurs zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.

Réaction sans effets de la communauté internationale

La communauté internationale réagit à la situation en condamnant les violences du M23 et en appelant au respect de l’accord de paix signé en 2013. Elle soutient aussi le déploiement de la force de l’EAC et la médiation de l’Union africaine, tout en exprimant également sa préoccupation pour la situation humanitaire des populations déplacées par le conflit.

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