Délégation de la SADC à Goma

La guerre d’agression du Rwanda/M23 en RDC pourrait connaitre un tournant décisif dans les prochains jours. En effet, alors que la Force régionale de l’EAC est de plus en plus décriée par l’opinion publique congolaise, qui la juge inefficace et même complice du groupe terroriste rwandais, la RDC s’est résolue de se retourner vers un allié de longue date qu’est la SADC.

C’est dans ce cadre qu’une délégation de la SADC chapeautée par le Chef d’état-major général de la Namibie, Pinehas Martin, séjourne à Goma depuis jeudi 2 mars, pour évaluer la situation sécuritaire dans l’est de la RDC afin de prendre des mesures en vue d’imposer la paix.

Abordé par la presse locale, il a déclaré : « Nous sommes ici dans la mission qui a été sanctionnée par les chefs d’Etat de la SADC dans les efforts d’assister nos frères et sœurs de la RDC pour trouver la paix et la sécurité dans cette partie de la République démocratique du Congo. Notre mission est essentiellement d’évaluer la situation sécuritaire qui prévaut dans l’est de la RDC, particulièrement dans le Nord-Kivu et de faire un rapport à nos chefs d’État. »

Pour rappel, la RDC fait partie de la SADC une organisation régionale qui regroupe 16 pays d’Afrique australe et qui vise à promouvoir la coopération économique, politique et sécuritaire entre ses membres. A ce titre, la RDC bénéficie depuis 2013 du soutien d’une Brigade d’intervention (FIB) au sein de la MONUSCO. La FIB est composée de soldats du Malawi, de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie et a pour mandat d’agir de manière offensive contre les groupes armés qui menacent la paix et la sécurité dans l’est de la RDC.

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SADC pour ramener la paix à l’est de la RDC

Au moment où les dirigeants congolais commencent à comprendre qu’ils ont plus intérêt à consolider les relations avec la communauté de l’Afrique australe, pendant que la force régionale de l’EAC est vomie par la population congolaise, il apparait clairement que le retour de la paix au Congo pourrait se faire grâce à la SADC qui dispose d’une Force en attente (SADCF) qui peut être déployée pour des opérations de maintien ou de rétablissement de la paix dans la région.

Notons qu’en 2020, le secrétaire général des Nations unies avait proposé une reconfiguration de la FIB pour renforcer son efficacité et sa mobilité. Cette proposition prévoyait notamment le retrait progressif des troupes sud-africaines et tanzaniennes au profit d’autres contingents africains ou non-africains. Cette proposition a été rejetée par la RDC et par la SADC, qui ont estimé qu’elle portait atteinte à l’unité et à l’autonomie de la FIB.

En 2021, le président congolais Félix Tshisekedi avait annoncé son intention de demander le départ progressif de la MONUSCO, jugée inefficace face à l’insécurité persistante dans l’est du pays. Il avait également plaidé pour un renforcement du rôle de la SADC dans le maintien de la paix en RDC, notamment en envisageant le déploiement d’une force régionale autonome sous l’égide de l’organisation.

La SADC a exprimé sa solidarité avec la RDC face à cette menace sécuritaire et a appelé au respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale1. La SADC dispose d’une force d’intervention rapide (FIR) qui peut être déployée pour appuyer les FARDC si nécessaire5. Cependant, certains pays membres de la SADC sont réticents à s’impliquer dans un conflit qui pourrait déstabiliser davantage la région et nuire à leurs intérêts économiques ou politiques.

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Il y a-t-il des pays de la SADC qui sont contre une intervention armée en RDC ?

Délégation de la SADC à Goma
Délégation de la SADC à Goma

Il n’y a pas de pays de la SADC qui sont contre une intervention armée en RDC en tant que telle, mais il y a des divergences sur le mandat et la composition de la force d’intervention.

Ainsi, il semble que les pays membres de la SADC soient favorables à une intervention armée en RDC, mais qu’ils souhaitent conserver leur leadership et leur cohésion au sein de la FIB ou d’une éventuelle force régionale.

Par ailleurs, réagissant sur Twitter, la sénatrice FCC Francine Muyumba Nkanga a écrit : « Le pays a perdu le temps dans des accords non fiables et empoisonnés à cause de l’orgueil de Kinshasa. Le régiment en place est le seul responsable du chaos sécuritaire à l’Est du pays, un régime qui n’écoute personne. Autre chose, c’est reconstruire l’unité nationale détruite par USN ». Lire aussi : Agression rwandaise : Norbert Bashengezi Katintima veut que tout puisse se régler dans les accords de Luanda et de Nairobi