Paul Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi

Paris « condamne le soutien » du Rwanda au mouvement rebelle du M23, soupçonné de massacre d’au moins 131 civils fin novembre en République démocratique du Congo.

« Nous condamnons le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23 et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi puissent être intégralement mis en œuvre », Le M23 (Mouvement du 23 mars) est une ancienne rébellion majoritairement tutsie qui a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu en RDC, a déclaré lundi Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, cité par l’agence française de presse, AFP.

A la fin du mois de novembre, au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, ont été exécutés arbitrairement par balle ou à l’arme blanche fin novembre dans deux villages de l’est de la RDC. Une enquête de l’ONU, rendue publique la semaine dernière, accuse la rébellion du M23 d’être auteur de ce massacre. Selon les autorités congolaises, des experts de l’ONU et la diplomatie américaine, le M23 est soutenu par le Rwanda, mais le président rwandais Paul Kagame a rejeté tout lien avec les actions du groupe.

« Le problème n’a pas été créé par le Rwanda, et n’est pas le problème du Rwanda. C’est le problème du Congo », avait déclaré mercredi dernier Paul Kagame.

Jeudi 14 décembre, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait, lui, appelé le Rwanda à « user de son influence » sur le mouvement rebelle et dit soutenir « pleinement » l’accord de Luanda afin de trouver une issue au conflit dans l’est de la République démocratique du Congo.

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Il faut en finir avec la répétition de l’histoire dans cette région

Pour sa part, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, qui est arrivée mardi 19 décembre à Kinshasa, a utilisé un ton ferme vis-à-vis de Kigali.

Chrysoula Zacharopoulou,

« Le Rwanda, car il faut le nommer, doit cesser son soutien au M23, il faut en finir avec la répétition de l’histoire dans cette région », a-t-elle déclaré.

Sans parler d’agression, elle a évoqué également l’intégrité territoriale de la RDC : « Je tiens également à réaffirmer que la France a toujours défendu et défendra toujours l’intégrité et la souveraineté de la RDC. La France a toujours été à vos côtés lorsque cette intégrité est menacée, aujourd’hui nous constatons le retour d’une situation tragique dans l’Est de la RDC, des milliers de personnes déplacées qui vivent dans l’insécurité, c’est insupportable et c’est inacceptable. Il y a des responsabilités et la France n’a aucune difficulté à le pointer, le M23 doit cesser le combat et se désengager des territoires congolais ».

Elle a précisé également le rôle que joue son pays dans ce conflit :  « La France condamne le soutien apporté par le Rwanda aux groupes armés M23, le rôle d’un ami ce n’est pas seulement de dénoncer mais aussi d’aider à trouver des solutions, c’est ce que nous faisons en parlant à tout le monde ».

Soutien aux processus de Luanda et Nairobi

Elle a ainsi réitéré le soutien aux initiatives sous régionales : « Nous soutenons la méditation de l’Angola et du Kenya, en parlant du Rwanda il n’y aura pas de paix durable sans le Rwanda, la relation que nous avons reconstruite avec Kigali nous le mettons au service de la paix ».

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Chrysoula Zacharopoulou restera en RDC jusqu’au 22 décembre 2022.

Pour rappel, le M23 (Mouvement du 23 mars) est une ancienne rébellion majoritairement tutsie, reconnue comme groupe terroriste par Kinshasa, qui a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire de la province du Nord-Kivu en RDC.

Avec l’AFP

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