Bunagana, Nord-Kivu

Voici bientôt plus d’un mois que les rebelles du M23 occupent l’agglomération frontalière de Bunagana et ses environs. Cette nouvelle rébellion, qualifiée de groupe terroriste par le Gouvernement congolais aurait selon plusieurs sources, installé sa propre administration dans cette ville voisine de l’Ouganda et procédé à la réouverture de la frontière, ce qui lui permet désormais de percevoir des taxes.

Eléments du M23 à Bunagana

Depuis près de deux semaines, ni le Gouvernement, ni les forces armées congolaises ne donnent plus des comptes-rendus de l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain, se contentant pour la plupart de donner le décomptes macabres des populations civiles victimes des massacres perpétrés dans la même contrée par d’autres groupes rebelles tels que les CODECO, et les ADF.

Le déploiement des contingents militaires des pays membres de l’EAC annoncé avec pompe le mois dernier au Sommet de Nairobi, semble de son côté marquer le pas, sur fond d’une contestation de l’opinion en interne, tandis que les premières résolutions diplomatiques issues de la tripartite de Luanda le mois dernier donnent l’impression d’être restées lettre morte.

Les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) à Luanda (Angola)

Ni le cessez-le-feu, encore moins le retrait du M23 de Bunagana n’ont été suivis d’effet, et pour couronner le tout, les assises de la Commission-mixte Rdc-Rwanda à Luanda, célébrée à Kinshasa comme une grande avancée diplomatique, vient d’être reportée à plus tard, officiellement pour raison du deuil national qui frappe l’Angola, des suites du décès de son ancien Président Eduardo Dos Santos. Des obsèques dont personne à ce jour ne saurait prédire la date, au regard des tractations délicates qui opposent la famille biologique du défunt aux autorités de Luanda, concernant le rapatriement ou non du corps du défunt Chef de l’Etat.

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Aveu d’impuissance

Sur le front militaire, une sorte d’aveu d’impuissance semble s’installer face au fait accompli qu’impose le M23, qui ne se prive plus désormais de narguer le régime de Kinshasa, au travers des déclarations en tous sens et difficilement vérifiables, laissant accroire que leur occupation actuelle d’une partie du territoire congolais serait consécutive à des promesses non tenues des autorités actuelles du régime au pouvoir à Kinshasa.

Et pas plus tard que hier mercredi 13 juillet, c’est la MONUSCO qui déclarait son incapacité dans son dimensionnement actuel, à faire face au Groupe M23. Dans son point de presse hebdomadaire, la Mission onusienne à enfin reconnu que ni elle, ni les FARDC, ne sauraient affronter le M23, qui dispose désormais d’un arsenal comparable à celle d’une Armée régulière, avec notamment des canons à longue portée et des équipements de vision nocturne.

Face à ce nouveau défi, face à ce qui apparaît déjà comme un enlisement diplomatique et militaire, le Gouvernement de Kinshasa, se trouve pratiquement contraint à des solutions innovantes, surtout face à une opinion publique de plus en plus enclin à embrasser la ligne de communication soutenue par le Rwanda et son supplétif le M23. Lire aussi: Diplomatie : Face à la nouvelle guerre de l’est, la RDC est seule

Lolo Luasu B.