Nord-Kivu : 48 heures après la prise de Bunagana, le silence de Kinshasa laisse perplexe

48 heures après la prise de l’agglomération frontalière de Bunagana par les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda, le Gouvernement congolais n’a toujours pas réagi officiellement sur la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu.

La présence depuis lundi matin des troupes du M23 dans cette cité douanière et commerciale voisine du Rwanda, a pourtant occasionné la fuite des dizaines des milliers de ses habitants qui ont traversé la frontière vers l’Ouganda. Des informations éparses faisaient également état hier de la fuite dans le même pays, des agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi de quelques dizaines d’éléments des forces armées congolaises pris au piège par la coupure de la route de repli vers Rutshuru.

En dehors d’un communiqué laconique du commandement militaire dans la contrée, aucune autre réaction officielle n’a été enregistrée jusque-là à Kinshasa, laissant ainsi libre cours à la prolifération à la rumeur sur ce qui se passe réellement sur le terrain.

Même les médias congolais éprouvent des difficultés à diffuser des informations émanant des sources officielles, et se contentent souvent de relayer les rares nouvelles que diffusent les chaînes et radios étrangères.

Depuis la résurgence du mouvement M23, que diverses sources affirment être militairement soutenu par le Rwanda, les observateurs à Kinshasa constatent comme un fossé entre une opinion congolaise chauffée à blanc et qui pousse à une réaction vigoureuse des autorités congolaises contre le Rwanda, et les discours et prises de position des officiels congolais.

48 heures après la prise de Bunagana, le silence de Kinshasa laisse perplexe

La présence de l’Armée rwandaise derrière les troupes du M23, n’a été publiquement annoncée que du bout des lèvres par les instances officielles du pays, et ce, après une sorte de valse-hésitation, après que le commandement de l’Armée congolaise au front a eu brandi des preuves irréfutables de l’implication rwandaise.

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Cette timidité des officiels congolais vis-à-vis du Rwanda commence à interroger dans certains cercles politiques de Kinshasa, même au sein même de la majorité de l’union sacrée au pouvoir. Lundi, une grande partie des élus nationaux se sont insurgés contre le vote du projet de loi d’habilitation du Gouvernement à la veille des vacances parlementaires qui interviennent ce 15 juin.

Le Président de la Chambre basse Christophe Mboso, a dû recourir à un huis-clos et à des promesses de liquidation immédiate des arriérés des indemnités et primes diverses des députés pour tenter de les faire revenir à la raison. Lire aussi: Nord-Kivu : fonctionnaires et agents de l’Etat ont fui Bunagana pour l’Ouganda

   Lolo Luasu B.