Conférence des gouverneurs de province

Grande surprise mercredi 22 décembre à l’ouverture des travaux de la Conférence des Gouverneurs de province à Kinshasa. Profitant de la présence du Président de la République Félix Tshisekedi qui a présidé la cérémonie d’ouverture, les Gouverneurs des 26 provinces du pays, parmi lesquels 14 intérimaires, ont trouvé l’occasion idoine pour se livrer à un plaidoyer pro- domo, de leur propre situation sociale et professionnelle.

Placée sous le thème de la stabilité des institutions provinciales, l’actuelle session de cette conférence supposée être annuelle, arrive paradoxalement dans un contexte de déstabilisation systématique des exécutifs provinciaux, notamment des Gouverneurs, souvent malmenés par des motions de déchéance de leurs Assemblées provinciales respectives, parfois commanditées à partir de Kinshasa par des animateurs nationaux des institutions, pour des raisons de positionnement politique.

Infrastructures provinciales en piteux état, ici à Mbuji-Mayi

Quatorze provinces sur les 26 sont gérées à ce jours par des intérimaires, désignés souvent au terme des déchéances rocambolesques des Gouverneurs titulaires, et parfois en marge des procédures légales. Les nouvelles élections annoncées pourtant en conseil des ministres, semblent jouer aux prolongations, jusqu’à devenir même hypothétiques selon certaines sources dans la capitale.

Les Gouverneurs de provinces plaident pour leurs chapelles

Mercredi, au Fleuve Congo Hôtel où se tiennent les travaux, les Gouverneurs ont d’abord eu à cœur de présenter leurs propres préoccupations existentielles. Dans le mémo lu devant le Chef de l’Etat, ils ont énuméré leurs préalables pour rester à ses côtés jusqu’aux prochaines échéances électorales.

D’abord une dotation de 2 millions USD toutes affaires cessantes aux 26 provinces, « pour mener des actions à placer à l’actif politique du Chef de l’Etat ». Ensuite, la mise à disposition des véhicules de fonction pour ces Excellences provinciales, suivie de la surséance des élections prévues dans les 14 provinces, autrement dit, le maintien du statu quo au profit des intérimaires.

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Et pour mieux corser les choses, ces potentats en devenir, ont proposé la surséance des motions de défiance par les députés provinciaux indélicats jusqu’en 2023. Et cerise sur le gâteau, l’apurement de leurs 30 mois d’arriérés de salaires.

Dans ce mémo adressé au Chef de l’Etat, nulle trace d’un mot sur la crise sanitaire qui prévaut au pays avec une montée exponentielle des cas du covid-19 et de l’étrange fièvre qui secoue la population, aucun passage sur la misère sociale avec une malnutrition aiguë qui frappe les enfants à Kinshasa et dans les provinces, aucune ligne sur la nécessité de la réhabilitation des routes de desserte, encore moins sur l’insécurité de plus en plus récurrente dans les chef-lieu et les agglomérations des provinces. Lire aussi: RDC : le président Tshisekedi lance les travaux de la 8ème session de la conférence des gouverneurs de province