Christophe Mboso

Dans les travées de la salle des congrès du Palais du peuple, ses collègues députés le surnomment le « Joe Biden » des tropiques, sans doute en référence à son âge canonique, 78 ans, tout comme l’actuel locataire de la Maison Blanche.

Mais à l’état-civil et à la cité, il est célèbre désormais sous son vrai nom de Christophe Mboso Nkodia Mpuanga, aujourd’hui tout-puissant Président de l’Assemblée nationale, et donc chef de file de la majorité de l’union sacrée. Et à ce titre, il est apparemment décidé à en faire voir des vertes et des pas mures, à ceux qui cherchent à se mettre sur son chemin et celui de ses nouveaux maîtres. En premier lieu, les néo-opposants du FCC, son ancienne famille politique, ses ex-frères de Lamuka, et les hommes en toges, principalement catholiques et protestants.

Christophe Mboso Nkodia Mpuanga, est un homme blanchi sous le harnais de toutes les dictatures et de toutes les crypto-démocraties qui ont jalonné la RDC depuis 1965 à ce jour.

Licencié en Sciences politiques et Administrative de l’université de Lubumbashi, il s’était d’abord essayé à l’enseignement au CIDEP, avant d’embrasser à bras raccourcis la politique politicienne, dans ses aspects les plus spéculatifs. Commissaire politique puis membre du Comité central du MPR-parti Etat de 1977 jusqu’à la libéralisation du régime Mobutu, et plusieurs fois ministre, ce natif du Kwango, ne s’est plus éloigné jusqu’à ce jour du marigot politique national, à l’exception d’un court exil à l’entrée de l’AFDL.

Christophe Mboso, le nouveau père fouettard de l’Union sacrée

Après une longue période de navigation dans les eaux agitées du FCC, sous Joseph Kabila, il a vite saisi le train du régime Tshisekedi, favorisé par son âge et sa faconde, au point d’avoir ravi le poste de Président de la Chambre basse qui était pourtant destiné dans un premier temps à un autre transfuge du FCC, un nommé Jean-Pierre Lihau.

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L’élu du Kwango a pu gagner en un rien de temps les faveurs de ses nouveaux maîtres, par ses pratiques unilatérales à la tête de l’Assemblée nationale, où dit-on, il distribue la parole selon son bon plaisir, et la retire à l’avenant selon la tête du de cujus, sans compter sa manie à faire pencher la décision selon la volonté de ses mandataires tapis dans l’ombre.

L’homme semble avoir donné sa pleine mesure avec le processus en cours de désignation des futurs membres de la CENI, où il n’a pas hésité à prendre des raccourcis historiques pour justifier la poursuite du processus, même en l’absence des autres composantes politiques, pourtant prévues par la loi.

Placé désormais devant un mur de désapprobation générale qui semble s’élargir chaque jour qui passe, les observateurs sont aujourd’hui impatients de voir par quel nouveau tour de passe-passe il compte passer pour se sortir de la crise qu’il s’est volontairement créée. Mais on sait que l’homme a toujours eu de qui tenir. Dans sa langue natale, son post-nom Nkodia Mpuanga, signifie « l’homme qui taille dans le roc ». Aujourd’hui, la roche à tailler a l’apparence d’un épouvantail insaisissable, et a pour noms, FCC, Lamuka, Ensemble, CENCO et ECC.

De quoi souhaiter bonne chance au maestro. Lire aussi: Ensemble pour la République : « Mboso prend le risque de porter une lourde responsabilité »