Azarias Mokonzi

La journée mondiale de la liberté de la presse s’est célébrée ce lundi 03 mai. Cette journée sert à rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse et constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle.

Le thème choisi pour cette année est « L’information comme bien public ».

Pour commémorer cette journée, dans la ville de Beni dans le Nord-Kivu, plusieurs activités ont été organisées. Les journalistes ont d’abord planté des arbres devant quelques églises avant de livrer un match de football avec les techniciens au stade de Boikene qui s’est soldé par 5 buts à zéro en faveur des chevaliers de la plume.

Moustapha Mulonda, président de l’Union Nationale de la presse du Congo (UNPC), a salué le bon déroulement de cette journée en dépit des multiples défis auxquels font face les journalistes dans cette région.

Pendant ce temps, le parlement des jeunes de la ville de Beni salue le travail, et le sacrifice consenti par les journalistes dans la région de Beni, une zone en proie aux violences. Cette organisation, déplore cependant la non-neutralité de la presse et la manipulation de certains médias par des politiques pour désorienter la communauté. Ainsi, le parlement des jeunes par le biais de Jules Mathe l’un de ses cadres, appelle les journalistes à être au milieu du village.

Dépénaliser les délits de presse et sécuriser les journalistes

Toujours à l’occasion de la commémoration de cette journée, Azarias Mokonzi, journaliste et écrivain œuvrant à Beni, plaide pour la dépénalisation du délit de presse, suite aux conditions déplorables dans lesquelles travaillent les journalistes « à l’occasion de cette journée, j’ai pensé personnellement que l’on puisse certainement songer à la dépénalisation du délit de presse parce que cela va nous permettre évidemment de faire notre travail avec toute indépendance, surtout pendant la période de l’État de siège annoncé par le chef de l’État le week-end dernier, parce que pendant cette période les journalistes n’exerceront pas avec toute liberté, plusieurs droits leur reconnus seront restreints, et facilement ils peuvent maintes fois tomber dans le délit de presse. Bref, les journalistes seront beaucoup exposés parce que pour nous, nouvelle génération ça sera la première expérience », a-t-il indiqué.

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Notre source condamne aussi le musèlement de la presse par les services de sécurité. Il déplore que malgré le régime du président Tshisekedi, qui prône l’État de droit, les journalistes ont toujours des difficultés à accéder aux sources d’information, et sont surtout victimes de menaces, de tortures.

Difficultés pour accéder aux sources officielles d’information

Il dénombre plusieurs cas de journalistes ayant subi des tortures lors de la couverture des manifestations et appelle de ce fait les autorités à veiller sur la sécurité des journalistes et leur protection « les journalistes ont certainement des difficultés d’accéder aux sources officielles dans cette zone en conflit, la preuve en est que lors du déguerpissement forcé des élèves de la mairie, les journalistes n’avaient accès à l’hôtel de ville, nous sommes dans une zone en conflit, il y a la guerre ici, et les journalistes ont la difficulté d’accéder non seulement à la source, mais aussi à l’information, et cela ne leur permet pas d’informer la population avec toute indépendance et nous déplorons ça franchement, alors que le chef de l’État a promis de faire de la liberté de la presse une réalité dans ce pays juste après son élection à la tête du pays. Et cela nous décourage, les officiers nous profèrent des menaces, les rebelles, et même dans des manifestations que nous couvrons nous sommes victimes, des tortures et nous n’aimons pas cela », a-t-il martelé.