Félix Tshisekedi

Le Président de la République Félix Tshisekedi a conféré dimanche soir avec les députés de l’union sacrée qui contestent la composition du Gouvernement Sama Lukonde. Bien peu de choses ont transpiré de cette rencontre qui a eu lieu au Fleuve Congo hôtel, mais tout semble indiquer qu’il s’agissait pour le Chef de l’Etat, de déminer le terrain, dans la perspective de l’investiture du Gouvernement, prévue en principe pour ce samedi 24 avril, face à environ près de 150 députés qui en contestent la composition.

L’investiture sans casse du Gouvernement Sama Lukonde, apparaît aujourd’hui comme le premier acte majeur de la gouvernance union sacrée, après le rejet au rébus de l’ancienne majorité FCC-CACH. Pour le Président Félix Tshisekedi, la réussite de cette première opération, se présente comme un acte de prestige et de crédibilité politiques, et comme une première victoire décisive sur la nouvelle dynamique qu’il veut imposer dans la gouvernance du pays, face à ses adversaires politiques qui l’attendent au tournant.

Sable mouvant…

Les réactions négatives qui ont suivi la publication du Gouvernement Sama Lukonde, y compris au sein de l’union sacrée, ont mis en évidence un fait que certains analystes avaient prévu, mais que l’enthousiasme de la gestation de la nouvelle dynamique avait occulté : l’union sacrée était bâtie dès le départ, sur du sable…mouvant.

Partie de ce qu’on appelle une vision, elle n’a jamais bénéficié d’une démarche rationnelle, basée sur un soubassement ordonné, avec une démarche programmatique. Au contraire, tout avait été fait à l’émotionnel, au désir irrationnel de vengeance contre l’adversaire accusé de tous les ratages et de tous les complots, même les plus fantasmagoriques. La Cour Constitutionnelle mise à contribution dans la démarche, était venue ajouter à la confusion ambiante, avec un arrêt sui generis, qui faisait le deuil du Règlement intérieur de la Chambre basse, et qui de ce fait, transformait les élus nationaux en mercenaires politiques, vendables et achetables par le plus offrant.

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Le corbeau et… le renard?

Dans le cas d’espèce, les plus offrants à l’union sacrée, ont certainement été les apprentis-sorciers que le Président de la République a commis à la tâche de recrutement des futurs membres de l’union sacrée. Le plus célèbre de ces Don-quichottes des tropiques, c’est sans doute Jean-Marc Kabund. Ce dernier s’est jeté dans l’arène comme une buffle en furie, multipliant promesses et engagements à tout venant, promettant postes et avantages matériels et financiers, au point même de marcher souvent sur les plates-bandes légales de l’informateur, le très posé et éminemment politique Modeste Bahati.

Au final, le Chef de l’Etat qui n’en demandait pas autant, s’est retrouvé devant un sur-plein d’adhérents, non à sa vision, mais à des engagements pris à son nom par ses propres disciples. Des engagements qui ont pour noms Jeeps 4×4, gratifications financières en espèces, postes ministériels ou dans le portefeuille de l’Etat, et autres passe-droits.

Félix Tshisekedi obligé de négocier avec les députés « mutins »

Députés USN déçus
Députés USN déçus

Le chantage qui se fait jour aujourd’hui pour l’investiture du Gouvernement n’est pas parti pour s’arrêter à si bon chemin. Pour les députés adhérents à l’union sacrée, devenus entretemps des véritables chiens perdus sans collier par un tour de passe-passe juridique de la Haute Cour, à chaque nouvelle étape qui nécessitera leur précieux concours, les tenants du régime devront mettre la main à la poche.

Ce sera désormais la loi du « pièce contre pièce » : tu donnes, je vote selon ton souhait. Tu refuses, et je j’envoie balader. Les gens ne s’en rendent peut-être pas encore compte, mais avec les « députés warriors », la Rdc n’a plus des élus nationaux, mais d’authentiques desperados.