Thambwe Mwamba

Une des premières décisions prises jeudi par le Bureau d’âge du Sénat, qui venait de voir le jour quelques heures plus tôt, c’est celle autorisant le Procureur près la Cour de Cassation, d’entendre le Président du Sénat Alexis Thambwe Mwamba, pour des accusations de détournements présumés des deniers publics.

Dans ce que l’on peut désormais qualifier d’affaire Thambwe Mwamba, parler d’acharnement politico-judiciaire, serait tout à fait proche de la vérité. Dans le paysage politique agité de ces derniers jours, de nombreuses personnes, certaines bien installées dans les hautes sphères du pouvoir d’Etat, semblent sérieusement en vouloir à Alexis Thambwe, Président en sursis de la Chambre haute du Parlement congolais. Il en existe même, en quantité non négligeable elles non plus, qui souhaitent de tout leur cœur, le voir derrière les barreaux.

Alexis Thambwe Mwamba

A Kinshasa, plus personne n’ignorait que le Président du Sénat était un homme condamné, et qu’il était le prochain sur la liste des personnes à abattre, après Jeanine Mabunda à l’Assemblée nationale, et Sylvestre Ilunga Ilunkamba à la tête du Gouvernement. Mais ce que beaucoup d’observateurs ignoraient, est qu’en plus de son scalp politique, d’autres veulent à tout prix le voir embastiller.

Des ennemis à (presque) tous les échelons

Dans la vie de tous les jours, Alexis Thambwe est peut-être celui qui s’est arrangé, de manière délibérée ou non, à se faire de nombreux et irréductibles ennemis autour de sa personne.     

A commencer par le Président de la République en place pour le moment. Félix Tshisekedi, dont on dit qu’il a la vengeance tenace, ne lui a jamais pardonné le fait que ce Chef de corps constitué lui avait rabattu le caquet, lors d’une réunion inter-institutionnelle en compagnie de sa collègue Jeanine Mabunda, sur une éventuelle dissolution du Parlement. Il semble que cette humiliation lui soit restée en travers la gorge.

Alexis Thambe et Jeanine Mabunda
Alexis Thambwe Mwamba et Jeanine Mabunda

Vint ensuite l’épisode loufoque de la prestation de serment des magistrats de la Cour constitutionnelle, où le Chef de l’Etat, paré de tous ses atours, vint parader dans une salle des Congrès déshéritée par ses hôtes de marque qui avaient décidé de faire l’école buissonnière, abandonnant les travées de la salle aux seuls combattants de la 10ème Rue, qui s’en donnèrent à cœur-joie, entonnant même à gorge déployée l’hymne de l’UDPS, leur parti. Difficile de laisser impunie pareille offense pour le futur Président de l’Union africaine.

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Une justice restée en embuscade

Mais toujours dans sa vie active, Alexis Thambwe Mwamba, n’a pas été que Président du Sénat. A une époque pas si lointaine, il fût aussi Ministre de la Justice. C’est durant ce mandat qu’il s’illustra par une formule dévastatrice vis-à-vis du puissant Corps judiciaire, en traitant les hommes en toges, toutes tendances incluses, d’adeptes invétérés des 3V, entendez Veste, Voiture, Villa.

Autrement dit, et en français facile, des inconditionnels de la corruption. Une vérité qui fit d’autant plus mal chez les concernés, qu’elle étalait au grand jour, des pratiques connues de notoriété publique. Dans les différents prétoires du pays, on a gardé une dent féroce contre ce ministre arrogant, qui ne s’encombrait pas de gants, et qui disait ce qu’il pensait, et qui, ce faisant, livrait des messieurs d’allure si respectable, au mépris public.

L’heure de la revanche semble avoir sonné avec l’entrée en scène de l’union sacrée, avec toute sa rage dévastatrice et sa soif vengeresse.

Les ennemis politiques ont été les premiers à dégainer avec des pétitions, dans un Sénat que l’on croyait jusque-là à l’abri des convulsions de la bourse politique.

Et puis, est sorti de la brousse le Procureur près la Cour de Cassation Victor Mumba. D’abord dans l’affaire de la Sénatrice Bijou Goya, qui se disait victime de harcèlements. Le puissant Bureau d’alors refusa de libérer son Président.

Mais le Procureur Mumba, qui a de la suite dans les idées, a récidivé lundi dernier, avec des infractions de détournements des millions de dollars, une infraction à la mode actuellement dans les rues de Kinshasa.

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Là aussi, nouveau barrage du Bureau. Jusqu’à ce matin du jeudi 04 février, où un Bureau d’âge, sorti des laboratoires sophistiqués de la nouvelle union sacrée, a donné carte blanche au Procureur impatient de plonger sur sa proie, désormais isolée.

Et comme tout cela ne suffisait pas pour un seul homme, c’est l’Inspecteur général des Finances,  Jules Angilete, le nouveau monsieur propre au service de la nouvelle dynamique, qui montrait son bout du nez, en brandissant des documents faisant état de la dissipation des près de 50 millions USD du Sénat depuis 2019. Et voilà la chasse à l’homme lancée.