Jeanine Mabunda: une saisine d’avance vouée à l’échec ?

La Présidente déchue de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda Lioko a saisi le Conseil d’Etat pour l’interprétation de l’article 31 du Règlement intérieur qu’elle estime avoir été violé par les députés pétitionnaires qui l’ont descendue de son piédestal.

A Kinshasa, de nombreux observateurs estiment que si cette démarche est légitime en elle-même, elle risque en revanche se révéler à la fois contre-productive et inopportune. Lire aussi: Assemblée nationale: Jeanine Mabunda est tombée

Parmi ceux ou celles qui ont réussi à la faire tomber, figurent en grande partie ses propres collègues du même bord politique le FCC. A ce titre, il lui serait difficile, voire impossible, pour elle, de reprendre son fauteuil comme si de rien n’était, au cas presque improbable, où le Conseil d’État trancherait en sa faveur.

L’expérience récente a suffisamment démontré par ailleurs, la propension des hautes juridictions congolaises à asseoir leurs arrêts en parfaite adéquation avec la volonté ou les désirs, même non exprimés du Prince régnant. On l’a vu et expérimenté au Kongo central, ou lors du fameux arrêt sur la tenue ou non du Congrès à l’occasion de la nomination des juges de la Cour constitutionnelle, tout comme on risque de le vivre encore pour d’autres affaires pendantes de même nature. En RDC, la seule justice qui vaille, est souvent celle du Prince. Pas celle du perdant.

Présence dérangeante

Jeanine Mabunda, qui a acquis au fil des années une stature de femme d’Etat qu’aucune personne ne saurait lui contester, aurait intérêt à faire le deuil d’un poste où elle n’avait que des coups à encaisser, de la part des adversaires politiques de son camp, mais aussi, de la part de ses propres amis du FCC, qui digéraient peut-être mal, le fait de voir une dame, de surcroît frêle d’apparence, et ne faisant nécessairement pas partie du sérail des emblématiques de la famille, croître et prospérer sous leurs yeux.

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Sa dernière mise en orbite dans l’espace SADEC lors du dernier Sommet de la SADC à Gaborone, ne doit pas avoir contribué à l’apaisement de ces sentiments troubles.   Elle aurait donc intérêt à se concentrer sur cette nouvelle fenêtre d’opportunité à l’international que lui offre la SADC, plutôt que de chercher à s’accrocher à un strapontin dans la mare aux crocodiles qu’est la classe politique congolaise. Lire aussi: Jeanine Mabunda élue Présidente du Forum parlementaire de la Sadc