Félix Tshisekedi: un pari gagné, mais plein de risques

Il n’y a pas à redire. Le Président Félix Tshisekedi a gagné son pari. En réussissant ce jeudi soir à mettre à terre la Présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda Lioko, le Chef de l’Etat congolais vient de faire un pas de géant dans sa volonté de se créer une nouvelle majorité parlementaire, sans passer par la case élection. Lire aussi: Assemblée nationale: Jeanine Mabunda est tombée

Une victoire gagnée de haute lutte, avec parfois des méthodes à la limite de la morale et des pratiques légales, mais le résultat est là. Ses partenaires de coalition du Fcc, qui se prévalaient d’une majorité confortable à la Chambre basse, devront bien revoir leurs prétentions à la baisse.

Libre désormais au Président de la République, de mettre en place sa propre politique sans véritable entrave, avec un Parlement désormais moins regardant sur ses faits et gestes, et bientôt certainement, avec un Gouvernement dirigé par un Premier ministre moins rigide que celui lui imposé par la toute-puissance de son partenaire de coalition. Lire aussi: Félix Tshisekedi retire sa confiance au Gouvernement

Un pari gagné, mais plein de risques

Mais Félix Tshisekedi devrait faire montre d’un minimum de retenue dans l’enthousiasme qui pourrait découler d’une victoire à l’arraché sur son adversaire du jour. Le scalp de Mabunda, obtenu ce jour au Palais du peuple, n’est pas, et loin de là, le résultat d’un combat solitaire de son parti l’Udps, moins encore de son Regroupement politique le Cach, qui à eux deux, ne comptent que pour des prunes dans l’antre du Palais du peuple.

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Pour venir à bout du bastion fortifié du Fcc, Félix Tshisekedi a dû faire appel à des renforts politiques d’origines hétéroclites les uns que les autres, et qui sont venus à sa rescousses, avec chacun sans aucun doute, des arrière-pensées pas toujours catholiques.

Pour asseoir sa désormais célèbre Union sacrée, le Président congolais devra désormais faire avec le bataillon du Mlc, commandé par Jean-Pierre Bemba, qui est loin d’être un philanthrope politique, avec le Régiment de Lamuka, placé sous les ordres d’un certain Moïse Katumbi, un autre requin qui rêve de Présidence, et avec une ribambelle d’autres saprophytes politiques qui rêvent de prébendes.

Payer la dîme du traitre…

A toute cette faune, viendra s’ajouter la cohorte des transhumants, venus du Fcc et qui, à l’instar de tous les judas du monde, ne tardera pas à réclamer la dîme légitime de tout traître qui se respecte.

A ce stade du mélodrame qui se joue au sein de la classe politique congolaise, il serait surtout imprudent de minimiser la capacité de survie d’un Fcc, certes abattu, mais loin d’être terrassé. La chute télévisée de Mabunda a démontré que le Fcc, bien que réduit à sa simple expression, reste encore un bloc compact de quelques 200 élus, que l’épreuve de feu pourrait encore décupler la combativité, et continuer ainsi à causer des dégâts face à un adversaire désormais supérieur en nombre, mais à la cohésion brinquebalante.