République du Kivu : le Père Aristide Kataliko charge les politiciens

Le révérend Père Aristide Kataliko, missionnaire assomptionniste et ancien directeur de la radio Moto de Oicha dans le Nord-Kivu, s’est confié à la rédaction d’Infocongo.net pour donner son analyse sur la dernière tentative de sécession, si pas de la balkanisation dans le grand Kivu où des personnes non autrement identifiées ont hissé un drapeau bien conçu il y a quelques jours.

Le drapeau de la “République du Kivu”, hissé à Bukavu, Sud-Kivu

En effet, le Père Aristide Kataliko pense que :

« Les gens sont dépassés par les événements. A part les acolytes de la balkanisation pro rwandais, les congolais ont montré depuis la guerre de 1998 du tristement célèbre Rcd, non seulement un sentiment très élevé de patriotisme, d’amour pour l’unité nationale, mais une recherche assidue de la cohésion nationale, malgré les indifférences des débuts où les congolais de l’Ouest ne se sentaient vraiment pas concernés par ce qu’ils appelaient alors ‘ la guerre de l’Est ‘.

Actuellement, c’est une étape dépassée. Les congolais ne veulent pas perdre un seul millimètre du territoire national. Par ailleurs, ils ont le sentiment de trahison de la part des animateurs des institutions de la République. Ceci n’est pas étonnant, tant la plupart d’entre eux sont issus du fameux Rcd, et n’ont jamais répondu devant la justice des actes de barbarie et de rébellion dont ils sont coupables. Le discours du Chef de l’Etat à l’occasion du 60è anniversaire est révélateur, et l’homélie du Cardinal Fridolin Ambongo est très explicite sur le sujet».

De la responsabilité des politiciens

L’ancien directeur de la Radio Moto dans le diocèse de Beni-Butembo, le père Aristide Kataliko, continue son analyse en soulignant que :

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« La particularité congolaise, c’est que la République est bradée par ceux qui sont chargés de la construire. La corruption est à combattre à tous les niveaux. Mais ce qui se passe au sommet de l’Etat-le procès de 100 jours n’en a dévoilé qu’une petite frange- est tout simplement un scandale insupportable. Par ailleurs, la sous information de beaucoup de nos concitoyens, doublée d’analphabétisme, fait le lit à toutes les manipulations des masses. Alors, le fanatisme prend le dessus sur tout le reste. Peu de gens savent dire : que la justice fasse son travail.

En conséquence, dans les votes, on ne regarde pas qui mérite puisqu’il est capable, mais bien plutôt  qui est de chez nous, de la famille. Et cela est, hélas, jusque dans les institutions ».

L’hypothétique République du Kivu

L’assomptionniste pousse sa curiosité plus loin en se posant quelques questions de fond et souligne ce qui suit :

« Quant à la fameuse République du Kivu, beaucoup de questions se posent. Est-ce vraiment une énième rébellion à partir de l’Est ? Est-ce des fanatiques proches du directeur de cabinet du Chef de l’Etat inculpé et condamné (car on sait qu’il s’en suivi des manifestations à Bukavu principalement).

Nul ne doit l’affirmer à la légère, car il s’agirait l’Unc de Vital Kamerhe sans épuiser un travail d’enquêtes qui doit prendre du temps.

Mais qui s’en occupe ? Le Cardinal de Kinshasa a dénoncé la présence de troupes armées étrangères sur le sol congolais, là où aucune voix ne s’est prononcée de la part de la moribonde classe politique congolaise. On se souviendra d’ailleurs que des politiciens se soient inscrits dans la logique du déni des faits relatifs à cette présence des armées étrangères. C’est encore la population civile, qui parvient à capturer hier un soldat sud-soudanais sur le sol congolais, dans le Nord de l’Ituri, et qui, avec l’administrateur de territoire, remettront ce soldat à son gouvernement qui était, lui aussi, dans la logique de renier le fait que ses soldats violent régulièrement les frontières du pays. Pendant ce temps, où est l’armée congolaise ? Ses chefs seraient devenus des hommes d’affaires, car le Congo, dans la pratique, n’a quasiment plus de lois qui puissent contraindre les uns et les autres dans leurs tâches.

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Le prisonnier Vital Kamerhe peut-il organiser maintenant une République au Kivu ? A ce sujet, je regarderai vers l’absence de l’Etat que vers où surgissent des présumés sécessionnistes : si l’Etat existait, il n’y aurait rien de tout cela. Au moins, cela, tout congolais un peu attentif à la situation politique du pays peut dire sans risque d’erreur ».

Jacques Kalokola