Procès 100 jours : le  linge sale de la présidence se lave à Makala

A l’issue de la quatrième audience du procès 100 jours de jeudi 4 juin, l’opinion garde l’impression nette que le linge sale du cabinet du chef de l’Etat s’est lavé à la prison centrale de Makala, entre les pro-Kamerhe et les pro-Tshisekedi.

Les témoins appelés à cette audience se sont comme passé le mot pour se ranger soit derrière le Dircab pour le laver, soit contre lui pour obtenir sa condamnation. Il est vrai que certains renseignants comme l’ex-ministre des Finances ou le Gouverneur de la Banque Centrale ont été plus techniques, mais d’autres comme l’ancien ministre du Budget, Pierre Kangudia et le conseiller principal en charge de l’Economie et Finances, Marcellin Bilonda, se sont défoulés contre le « pacificateur ».

Appelé à la barre, Kangudia a affirmé : « Je n’ai jamais su qu’il y avait une équipe de supervision du programme des 100 jours du chef de l’État. Ça n’a jamais été dit ouvertement. C’est une notion nouvelle que j’apprends pendant les audiences ».

Selon l’ancien parton du Budget, c’est le ministre des Finances qui était le premier à le saisir pour la régularisation du dossier des maisons préfabriquées. Il a ainsi révélé que plus de 37 millions de dollars étaient payés sans qu’il ne soit saisi, ajoutant « qu’une banque a refusé de donner 15 millions FC des frais de fonctionnement à la Direction de Contrôle des Marchés Publics parce que le Directeur du Chef de l’Etat avait bloqué tout paiement qui ne passait pas par lui ».

Courroucé, Vital Kamerhe s’est exclamé à la barre : « Pourquoi d’autres prévenus ont droit d’aller et de revenir…Est-ce que je suis déjà condamné en avance ? Je m’inquiète…Quand on m’a envoyé en prison, c’était pour confrontation. Il n’y a eu que deux confrontations. Maintenant, on nous emmène des témoins qui sont préparés. On a l’impression qu’on est une victime expiatoire. Est-ce que je suis déjà condamné d’avance? »

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« J’ai l’impression que Pierre Kangudia Mabaya, le Procureur général et l’Avocat général ont eu une réunion d’harmonisation avant l’audience. Je vais vous démontrer que malgré tout ça, la vérité va éclater aujourd’hui et maintenant », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Kangudia m’a non seulement aidé mais il a participé à la conception du programme de 100 jours, dire qu’il a pris connaissance de ce programme en l’air, c’est très grave… . J’avais remis un dossier à tous les membres de la supervision, inclus Pierre Kangudia. Chacun devait faire sa part. Il était à la réunion de conception et de la supervision. Il a fait partie de la chaîne de la dépense ».

Le conseiller principal du chef de l’Etat en charge de l’Economie et des Finances Marcellin Bilomba a donné l’impression d’être venu passer le message de Félix Tshisekedi. Lorsqu’il a déclaré qu’on citait abusivement le nom du président de la République, et qu’il a été contraint par le juge président à citer le nom de Vital Kamerhe, les oreilles se sont dressées dans l’assistance et même les téléspectateurs de la RTNC scotchés devant leurs écrans ont compris que le procès entrait dans une phase très politique, celle du reniement et du renforcement des camps. La guerre des longs couteaux menée par les lieutenants.

En effet, le passage de Marcelin Bilomba est l’instant le plus touchant de cette audience. Il a mis à nu l’anarchie et la confusion dans lesquelles baigne le cabinet Félix Tshisekedi. Il a déclaré qu’au moins 66 millions Usd ont été décaissés dans le cadre des 100 jours au profit de Jammal, loin des 57 millions dont on parle. A travers ses déclarations, toutes les faiblesses, les insuffisances du cabinet ont été étalées sur la place publique, et sa hargne contre son chef, le directeur de cabinet n’a laissé aucun doute.

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A suivre dans huit jours…