Affaire Thambwe-Goya : Les femmes de l’AFDC-A de Bahati Lukwebo invitent les forces vives à une forte défense

Les propos humiliants tenus par le Président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, à l’endroit de sa collègue sénatrice Bijou Goya Kitenge ne cessent de susciter des réactions d’hommes et femmes, des forces vives et organismes de droits humains, des partis et regroupements politiques.

Dans une déclaration rendue publique lundi 04 mai 2020, les femmes du Regroupement politique AFDC-A de l’honorable Modeste Bahati Lukwebo ont apporté un indéfectible soutien à Bijou Goya et ont exigé des excuses publiques de Thambwe Mwamba à sa collègue offensée. Ce regroupement de femmes a appelé les forces vives de la nation d’opposer une riposte à ce énième cas de violence basée sur le genre dont Alexis Thambwe Mwamba est l’auteur.

Les femmes du regroupement politique AFDC-A ont également demandé au Président de la République et au Procureur général près la cour de cassation, de suivre, avec une attention soutenue, ce dossier.

Pour rappel, Bijou Goya Kitenge, sénatrice AFDC-A (parti membre du FCC) du Haut-Katanga. Comme cela entre dans les attributions de tout parlementaire, elle a demandé par lettre au président du Sénat, membre de la même coalition, de donner à la chambre haute des explications sur la passation du marché des travaux de réfection de la salle des plénières de cette assemblée; la sénatrice soupçonne, en effet, que ce marché, d’un montant de 4 millions de dollars, a été passé de gré à gré et non par appel d’offres, qui est la procédure normale et légale.

Le déballage de Thambwe Mwamba

Jeudi dernier, Alexis Thambwe Mwamba lui a répondu que tout avait été fait dans les règles. Mais il n’avait donné aucun détail. Encore moins de documents pour appuyer ses dires. Au lieu de cela, il avait préféré s’étendre sur les sollicitations de la sénatrice Bijou Goya pour obtenir, l’an dernier, le poste de questeur du Sénat (« Vous m’avez dit que nous allions nous faire du fric si vous deveniez questeur »), qui lui avait finalement été refusé par la hiérarchie du FCC parce « que vous n’avez pas la compétence nécessaire pour cette fonction et que vous n’avez pas la moralité qu’il faut pour cette fonction ».

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Autrement dit: vous me demandez des comptes? Je ne réponds pas mais je vous accuse d’incompétence et d’immoralité.

Le FCC, femmes en tête à la rescousse

Des soutiens au président du Sénat ont accouru de partout, dès le lendemain. Vendredi, en effet, Néhémie Mwilanya, coordonnateur des FCC, a donné « 24 heures » à la sénatrice pour qu’elle s’excuse publiquement pour « avoir répliqué à l’honorable Alexis Thambwé » qui « n’est pas n’importe qui dans ce pays ». Et dimanche, « les femmes du FCC » s’en prenaient à leur tour à Bijou Goya pour avoir « pris la parole sans autorisation préalable » et s’être « livrée à une escalade verbale injurieuse » pour le président du Sénat, Alexis Thambwe (la sénatrice l’avait jugé « pas digne d’être président du Sénat » puisqu’il ne respecte pas son règlement d’ordre intérieur, qui interdit « toute imputation, toute attaque personnelle, tout propos injurieux ou discourtois » entre membres de la haute assemblée).

La contre-attaque

Et « les femmes du FCC » d’assurer que le président du Sénat, à qui elles réitèrent leur « soutien indéfectible », est « respectueux de la dignité et de l’honneur de la femme ». Ce n’est pas un « combat féministe », insistent-elles.

Ce n’est pas l’avis de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme ou de la femme, qui appuient la sénatrice acculée. Un collectif de 20 ONG, baptisé « Respecte moi », a, samedi, réclamé des excuses publiques d’Alexis Thambwé et exigé qu’il respecte son propre règlement d’ordre intérieur. Une pétition en ligne a été lancée dans le même but, but soutenu aussi par la « Dynamique des femmes candidates ».

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Sans excuses de Thambwe Mwamba, celle-ci appuiera « toutes les actions qu’aura initiées » la sénatrice Bijou Goya. Cette dernière, représentée par un collectif d’avocats, a préparé une plainte au procureur de la Cour de Cassation – juridiction apte à juger le président du Sénat – pour « imputation dommageable et outrage ».

Et si Alexis Thambwé répondait à la question écrite de la sénatrice ? Dès qu’il publiera les documents sur la passation de marché, le mystère sera éclairci. Le public attend.

Immaculée Nzuzi