Des civils morts victimes des rebelles ADF

Jamais une province du Congo n’a été autant meurtrie que le Nord-Kivu. Pas un jour sans que de paisibles citoyens ne soient égorgés, tirés comme des pigeons, mutilés, comme du bétail.

Des morts en cascade

Pas plus tard que dimanche 15 décembre dernier,au moins douze personnes ont été tuées dans la nuit à Beni, lors d’une nouvelle attaque des rebelles ougandais des ADF dans la localité de Kamango en chefferie de Watalinga.

Selon la société civile, ce dernier massacre de Kamango porte à 213, le nombre de civils tués par les rebelles ougandais des ADF, en représailles aux offensives lancées par les FARDC depuis le 30 octobre 2019.

Civils congolais massacrés à la machette

A Kitsanga aussi

Au lendemain de cette tuerie, trois personnes ont été tuées lundi 16 décembre dans la cité de Kitshanga, à près de 100 kilomètres au nord-ouest de Goma. Selon des sources locales, les victimes ont succombé à leurs blessures par la machette.

La première victime, Hakiza Bebé, est tombée peu avant 6 heures locales, dans une embuscade orchestrée par des personnes avec qui elle était en conflit dans leur groupement de Bukombo dans le territoire voisin de Rutshuru.

Selon la société civile de Bashali, ces personnes lui ont administré plusieurs blessures par machette.

Pendant l’acheminement de la victime à l’hôpital – où elle est allée mourir, les jeunes du quartier Camp Sayo à Kitshanga en représailles se sont pris à l’un des présumés auteurs de cet assassinat ainsi qu’à son épouse. Ils les ont tués par machette et en abandonnant les corps dans la rivière Katanda, près du lieu de cette embuscade.

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Vengeance, règlement de comptes…

Le président de la société civile à Kitshanga renseigne par ailleurs que le meurtre de Hakiza Bebé serait lié à la vengeance d’une fille tuée, il y a quelques semaines à Bukombo après un conflit foncier.

La situation est restée tendue à Kitshanga toute la matinée à la suite de cet incident. 

La police et l’armée sont intervenues pour prévenir d’autres cas de lynchage et ouvrir les enquêtes sur ce meurtre.

La police, dans ses petits souliers

Réagissant à ces crimes qui démontrent l’incapacité des forces de l’ordre et de l’armée à sécuriser la province et les populations, le commandant du commissariat urbain de la Police nationale congolaise (PNC) de la ville de Beni, le colonel Felix Safari Kazingufu a invité lundi 16 décembre la population à se confier à elle, pour améliorer la situation sécuritaire dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Il a lancé cet appel lors de la grande parade mensuelle tenue après avoir constaté des dérapages pendant les différentes manifestations de colère enregistrées en ville et territoire de Beni qui ont coûté la vie à plusieurs personnes parmi lesquelles des éléments de la police.

Pour le colonel Félix Safari, la population ne doit pas se tromper de cible et à ne pas jouer le jeu de l’ennemi, car la PNC a pour mission de la sécuriser.

« Je peux dire à la population que la Police est là pour la sécuriser. Lorsqu’il y a un problème entre nous, nous devons le traiter le plutôt que possible », a-t-il affirmé, tout en demandant à la population de se rendre dans ses installations pour toutes formes de préoccupations.

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« Les bureaux de la police sont ouverts pour enregistrer toutes les plaintes possibles de la part de la population pour que la police change le mode des opérations », a-t-il indiqué.

La Monusco condamne…

De son côté, la Monusco, qui est souvent prise à partie par la population ces derniers temps,  a aussi réagi dans un communiqué publié lundi 16 décembre.

En effet, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Leila Zerrougui a condamné les nouvelles attaques attribuées aux rebelles des ADF dans la région de Beni (Nord-Kivu). Ces attaques ont fait vingt-quatre morts en l’espace de 72 heures.

« Ces attaques barbares sont orchestrées dans le but de briser la confiance de la population et de discréditer aussi bien les troupes des Forces armées de la République démocratique du Congo engagées dans la lutte contre les ADF que la Monusco», a souligné Mme Zerrougui.

Selon elle, la Monusco travaille à identifier les risques et les personnes à l’intérieur des communautés qui permettent à ces massacres de se poursuivre. Ce travail se fait, a précisé la Cheffe de la Monusco, en étroite coordination avec les FARDC et les forces de sécurité congolaises.

Patrouilles mixtes inopérantes

Ce lundi à Kamango, les Casques bleus mènent des patrouilles conjointes avec les militaires congolais, alors que des civils se rapprochent du camp des FARDC en quête de protection. La Monusco évacue également vers Beni six civils blessés dans l’attaque, poursuit le communiqué de la mission onusienne.

Leila Zerrougui a annoncé que, ces dernières semaines, la Monusco a intensifié ses activités conjointes avec les FARDC. Elle a aussi déployé un peloton supplémentaire de police des Nations unies à Beni, en appui du deuxième renfort de deux cents policiers congolais arrivés récemment sur place pour sécuriser la ville et ses alentours.

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Les attaques des ADF ont fait vingt-deux morts à Ntombi samedi dernier et douze morts à Kamango pendant la nuit de dimanche à lundi 16 décembre.

Comme un pied de nez…

Cependant, lors de son discours vendredi dernier sur l’Etat de la nation, le président de la République a affirmé avoir mis en œuvre tous les moyens pour vaincre l’ennemi. Il s’agit notamment de l’installation à Beni d’un Etat major avancé des Fardc, avoir procédé au  changement  de tous les commandements de la zone opérationnelle et   relevé tous  les militaires tel que réclamé par la population