Inga III, l’incertitude…

Le projet de construction du méga-barrage hydroélectrique de Inga III, dans la province du Kongo central, est en passe de faire long feu.

Incertitudes et grosses préoccupations

Depuis le 18 mai 2013, date annoncée du démarrage des travaux de construction du troisième barrage du pays, des incertitudes entourant la matérialisation des études de faisabilité ont laissé germer d’énormes préoccupations.

Un rapport rendu public sur la perception des acteurs et des bénéficiaires de ce projet à l’égard des consommateurs directs et indirects en a dit tout haut sur les défaillances et la corruption vues comme se trouvant au cœur de la paralysie pour l’avenir du barrage Inga.

Aujourd’hui, la question est revenue à l’ordre du jour par l’entremise de la directrice générale au consortium Ressource Matters, Mme Elisabeth Caesens. Celle-ci a affirmé lundi 27 octobre que le projet Inga III  est gardé dans l’ombre et se négocie pour l’instant à huis-clos.

2023, rendez-vous manqué

Annoncé pour être exécuté en 2023, ce projet ne pourrait plus sortir de terre à la date annoncée. Les Ong Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo (GEC), ont crié pour leur part au manque de transparence et d’adéquation dans le projet Inga III, un projet qui, depuis 2015, a été rattaché à la présidence de la République.

Les deux organisations ont appelé le chef de l’État à se montrer vigilant dans les négociations à venir. La Chine, l’Espagne, l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Russie ont manifesté leurs vues. 14 milliards de dollars à investir pour produire 10 gigawatts à partir des chutes d’Inga au Kongo Central, soit quatre fois plus que ce que la RDC a du mal à générer à ces jours.  40 gigawatts à terme.

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Manque de financement, désaccords entre exécutants

Pour la directrice générale, ce projet n’inspire pas confiance dans son rapport. Elle a révélé que ce n’est pas le seul problème qui empêche la réalisation du projet Inga III. C’est aussi le manque de financement et les désaccords entre le les sociétés chinoises et espagnoles retenues pour le lancement de ce projet.

Les deux organisations ont en outre révélé que dans l’un des derniers accords signés fin 2018, il n’est plus question que la RDC se réserve trois gigawatts de la production d’Inga pour sa consommation intérieure, ce dont il était toujours fait mention dans les accords antérieurs.

On ne voit pas dans les accords préliminaires de parties explicitement réservées pour le pays et encore moins pour la population congolaise. Cela serait quand même assez choquant qu’un si grand projet qui génèrerait autant d’électricité n’arrive pas à remédier au fait que pour l’instant, neuf Congolais sur dix vivent dans le noir, et donc n’arriverait pas à améliorer l’accès à l’électricité “, relève Elisabeth Caesens, de Resource Matters.

Pour l’instant, dans les négociations qui sont en cours et dans les accords préliminaires qui ont été déjà signés entre la RD Congo et les deux consortiums pressentis pour développer le projet, il n’y a pas vraiment de garantie que les Congolais vont bénéficier de l’électricité », a poursuivi Elisabeth de Ressource Matters.

Tout reste encore à financer. Depuis son rattachement à la présidence, les bailleurs de fonds multilatéraux du projet s’étaient retirés et l’agence qui pilote le projet Inga III a toujours manqué de fonds pour mener les études et les appels d’offre nécessaires à la bonne réalisation du projet.

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Le chef de l’Etat appelé à la vigilance

Les deux organisations ont fini par appeler le chef de l’État à être vigilant dans les négociations à venir.

Il faut rappeler que les barrages hydro-électriques d’Inga sont un héritage de projets belges lancés à l’époque coloniale, et repris par le président Mobutu Sese Seko dans le cadre de sa politique de grands travaux.

Construits avec une aide belge et internationale, Inga I a été mis en service en 1973 et Inga II en 1981. La pose de la première pierre d’Inga III était prévue pour octobre 2015. Quant aux cinq autres barrages qui viendront compléter le projet Grand Inga, appelé à devenir la centrale électrique de tout le continent, du Caire au Cap, ils ne sont actuellement qu’au stade de projet.

Raymond Befonda