C’est à 4heures 50 minutes ce lundi matin, heure de Kinshasa que les journalistes rappelés depuis 10 heures du matin à la Cité de l’Union Africaine le dimanche 25 août 2019, ont enfin été servis, alors qu’ils avaient été renvoyés le samedi 24 août dernier au même titre que le chef de l’exécutif.
En effet, avant la lecture de l’ordonnance présidentielle nommant les membres du nouveau gouvernement par le Porte-parole du Chef de l’Etat, Kasongo Mwema Yamba Yamba, le Chef de l’Exécutif, le Professeur Silvestre Ilunga Ilunkamba, a porté quelques précisions sur la répartition des portefeuilles, tenant compte des recommandations du Chef de l’Etat, sur le renouvellement par de nouvelles figures, la représentativité des femmes, l’équilibre entre les provinces et la prise en compte des personnes vivant avec handicap.
Gouvernement XL
Ainsi, au lieu de 65 membres prévus au départ, le gouvernement Ilunkamba en compte 66, dont un ministre délégué près le Chef de l’Etat en la personne de Monsieur Kabamba Kana André. Les hommes représentent 83% et les femmes 17%.
En outre, le Premier ministre Ilunga reconnait que la participation des femmes reste faible, mais pondérée par les grands portefeuilles, dont une Vice-premier ministre au Plan, Mme Elysée Munembwe, une ministre d’Etat aux Affaires Etrangères, Mme Ntumba Zenza, une ministre d’Etat à l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, Mme Néné Nkulu, Vice-ministre au Genre, Mme Lomeya, ministre à la Fonction Publique, Mme Yolande Ebongo Bosongo et ministre aux Affaires sociales, Mme Rose Boyata.
L’autre innovation et non des moindres, est la nomination d’un ministre délégué près le ministre des Affaires sociales pour les personnes vivant avec handicap, Irène Esambo Diata, une promesse réalisée par Félix Tshisekedi.
Aussi 77% de nouvelles figures font leur rentrée dans le 1er gouvernement de l’alternance, sans oublier les jeunes, dont Yves Bunkulu et Junior Mata, respectivement Ministre du Tourisme et Vice-ministre de Finances, tous deux issus de la jeunesse de l’UDPS.
Les grands absents
Le gouvernement Ilunkamba a tout de même créé des surprises quant aux noms que l’on attendait plus du côté du CASH, dont Kin-Kiey Mulumba, Claudel Lubaya, Delly Sessanga Mbusa Nyamwisi, Laurent Batumona, Henriette Wawu et d’autres alliés de taille qui ont rejoint le ticket gagnant après leur retrait de Lamuka.
Dans le camp du FCC, on a joué à la sagesse, car déjà dans sa dernière conférence de presse, les deux tenors de ce regroupement politique, Néhémie Mwilanya et Ramazani Shadary, avaient déjà annoncé un grand nettoyage du fichier FCC.
Ainsi, les deux ont commencé par prêcher par l’exemple suivis de Lambert Mende, Kikaya Bin Karubi, Raymond Tshibanda, Ingele Ifoto, José Makila, Inagosi, Munga, et que l’on ne verra plus.
Un autre grand absent et pas des moindres, dont le cas a fait couler beaucoup d’eau sous les ponts et de surcroit autorité morale d’un grand regroupement politique, le sénateur Bahati Lukwebo de l’AFDC-A, qui avait saisi le président de la République et le Premier ministre pour réclamer quatre portefeuilles, vu son poids politique avec sa composante qui fait partie de la majorité parlementaire.
Cette fois-ci, la chance n’a pas souri au responsable du groupe Regal, alors que dans leur dernière conférence de presse à l’Hôtel Venus du vendredi 23 Août dernier, les présidents des partis membres pensaient qu’ils avaient arraché quelques ministères et c’est pourquoi, réconfortés, ils venaient réitérer leur fidélité à l’initiateur de leur plateforme, mais rien de tel n’est arrivé.
Les grands gagnants
Dans ce gouvernement que l’on qualifierait de l’entrée au paradis, les élus sont à leur comble car le chemin de la croix n’a pas été de tout repos.
C’est le cas de cette grande inconnue à l’air un peu timide mais qui a gagné son pari, l’honorable Néné Nkulu, autorité morale de l’AFDC-A restée fidèle à Kabila, aujourd’hui ministre d’Etat à l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, comme diraient le Kinois « Chance eloko pamba ».
Parmi les repêchés, on peut citer Steve Mbikayi, Thomas Luhaka, Willy Bakonga, Jean Lucien Busa, Azarias Ruberwa, Germain Kambinga, Claude Nyamugabo, Justin Kalumba du côté du FCC et les nouvellement ministres comme Baudouin Mayo, Guillaume Mandjolo, Pius Mwabilu, Sakombi Molendo, Claude Makelele, Aimé Ngoy Mukena, Mme Ntumba Nzeza, Mme Bandubola et autres.
Les petits ratés
Les observateurs avertis trouvent que ce premier gouvernement de Félix a péché par la répartition déséquilibrée entre les provinces où les provinces originales des deux autorités morales raflent à elles seules 40%, avec le grand Kasaï qui prend 25% et le grand Katanga 15%, sans oublier tous ces noms des tribus Luba qui occupent plus de 60% des nommés.
L’autre péché et pas des moindres est l’absence des journalistes dans ce gouvernement, alors que la presse a accompagné l’UDPS durant toutes ses années de lutte sans rien demander en retour. Cette indifférence pourrait se retourner contre le locataire de la cité de l’Union Africaine s’il ne corrige pas rapidement cette situation.
Ruberwa, le résistant
Il y a des noms qui fâchent, comme celui de Ruberwa, qui revient à la Décentralisation et d’aucun trouve qu’il y aurait des agendas cachés. Le ministre nouvellement nommé à l’Intérieur Gilbert Kankonde, est identifié comme sujet Belge, une copie de son passeport actuellement le tour des réseaux sociaux.
Pire encore, avec la gratuité de l’enseignement que vient de déclarer l’Etat congolais, que restera-t-il des 4 milliards du budget déjà grignotés durant les huit premiers mois, avec 66 postes ministériels, sans oublier le personnel d’appoint.
Du côté même de l’UDPS, les voix se lèvent pour exprimer un mécontentement. C’est le cas du président fédéral de l’UDPS Kisangani, Raph Folo Bosombo, qui n’a pas caché sa colère : « Je suis de l’UDPS et non du FCC ou de l’UNC. Une grande déception de notre parti ».
La Grande Orientale, qui pèse plus de députés et sénateurs, mais ne s’en sort qu’avec 6% de représentants.
Les grandes attentes
Du côté de la population qui s’est trop impatientée, c’est la suite qui compte pour voir réellement les heureux promus au travail pour son bien être.
Au vu de la vigilance de ce peuple déjà aguerri, tous les pas de ces ministres d’Ilunkamba seront suivis à la loupe, comme pour dire qu’ils n’ont nullement droit à l’erreur.
Qu’à cela ne tienne, l’on aimerait voir plus de cohésion pour aboutir logiquement à une vraie coalition fondée non sur l’hypocrisie, des supputations de tous bords laissant libre cours aux ennemis de la RDC qui ne jurent que par son éclatement pour profiter de ses diverses richesses tant convoitées de partout. Il ne faudrait pas que l’on arrive à un stade où la population pourrait dire : « On n’est pas encore sorti de l’auberge » !
Jacques Kalokola