Le réalisateur Rabby Bokoli plaide pour un soutien au cinéma congolais

Cinéaste congolais, Rabby Bokoli est réalisateur du film «Kuluna» sorti en salles et projeté le jeudi 25 juillet 2019 au Cinékin, à Kinshasa. Nous avons été à sa rencontre. Décryptage.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la carrière de cinéaste ?

C’est un métier que j’adore depuis mon enfance. Je suis passionné de cinéma, j’aime créer les images, j’aime l’imagination.

D’où vous est venue l’idée de la création du film Kuluna?

J’ai été plusieurs fois agressé par les Kuluna de mon propre quartier. J’ai été victime de vol de frais scolaires à maintes reprises. En tant que cinéaste, toutes ces scènes que je voyais sur mon avenue et dans d’autres quartiers m’ont beaucoup aidé à écrire. C’est de là que m’est venue l’idée du film.

Kuluna, un film de Rabby Bokoli

Peut-on avoir l’idée du budget mis à la réalisation de ce film?

Le budget total de la pré-production, production et post-production est de : 40.630$.

Comment avez-vous fait pour réunir un tel casting 100% congolais ?

J’ai lancé un appel aux acteurs pour mon film. Dans ma commune, beaucoup de gens étaient intéressés à participer dans la réalisation du film, du fait que victimes, ils voulaient en finir avec le banditisme, dit «Kuluna». Pour eux, c’était une façon de dénoncer ces crimes.

 Est-ce que «Kuluna» sortira aussi dans d’autres pays ?Mon distributeur Sikka vision a l’intention de répandre le film partout en Afrique et dans le monde.

Maintenant que vous êtes dans le milieu professionnel, que conseillez-vous aux réalisateurs amateurs congolais ?

Je leur conseille d’apprendre encore, car la connaissance est la base d’un bon travail. Moi  je continue d’apprendre parce que j’aime la perfection.

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Pourquoi avez-vous attendu jusqu’en 2019 pour projeter ce film en salles?

Le film n’a pas été tourné en 2015. C’est l’histoire de Mayaka qui se déroule en 2015. Je ne faisais donc que raconter une histoire passée. Le film a été tourné vers la fin de l’année 2017, et est sorti en 2019 parce que le producteur voulait avoir un distributeur digne de ce nom pour répandre le film dans le monde.

Pour le public, la transformation rapide de Mayaka devenu tout à coup gangster est pour beaucoup l’instant fatidique qui marque un tournant dans le film. Comment avez-vous procédé pour le rendre tout à coup «fort et costaud» ?

Après que Mayaka a manifesté l’envie de vengeance, il s’est écoulé une semaine pendant laquelle il a pris le temps de s’exercer. Mais en vrai, il était déjà un grand gabarit.

Parmi les scènes captivantes du film, figurent les cris et chants de guerre lancés par les kulunas. D’où vous est venue cette inspiration ? Qui est l’auteur de ces chants tant fascinants ?

Nous avons vécu des scènes de combat dans notre quartier. Et je suis aussi un sportif. Dans mon club, nous chantons ces genres des chansons. Ce sont des chansons composées par des sportifs.

À la fin du film, on voit un Kuluna dire à l’oncle de Mayaka qu’il ferait la peau à son neveu… Est-ce une façon d’entrevoir une suite au film pour en faire peut-être une saga ?

Exactement, c’est cela l’idée même. Tant que le phénomène Kuluna persistera, nous allons toujours le dénoncer à travers le film, parce que c’est pour moi une façon de contribuer au développement de mon pays.

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C’est une première de voir un film 100% congolais projeté en salles avec une technologie de haute gamme. Quel message veux-tu passer aux autorités du pays et aux fans pour cette avancée?

Que le gouvernement et le public puissent soutenir le cinéma Congolais. Car à travers un film on peut vendre l’image d’un pays, et aussi faire appel aux investisseurs afin de créer des entreprises.

Pouvez-vous décrire votre film en quelques mots…

 «Kuluna» dénonce les crimes tels que des meurtres, des vols et viols que subit la société et les condamne.

Pour l’instant, travaillez-vous sur un autre projet de cinéma ?

Je travaille actuellement sur mon nouveau long métrage intitulé «Mampasi». Aussi, je rassemble peu à peu, le budget pour Kuluna 2.

Bienvenu Ipan/ Israël Kapangala